Homélie dimanche 02/04/17: L’impossible, il n’y a que Jésus qui puisse le faire. Par contre, le possible, il nous le laisse faire !

Ce dimanche, c’était la messe des familles, chez nous. Quand c’est la messe des familles, je n’écris jamais mon homélie pour qu’elle soit plus spontanée dans un dialogue avec les enfants.

J’ai pris le temps, en ce dimanche, fin d’après-midi, au terme de ce week-end si chargé, de l’écrire en pensant particulièrement à ceux qui m’ont envoyé, une fois ou l’autre, un message pour me dire que la lecture de mon homélie était souvent la seule nourriture spirituelle de la semaine pour eux.

Alors, m’est venue une idée … parce que j’ai eu parfois quelques messages me venant de l’autre bout du monde de personnes qui recevaient mon homélie grâce à une personne qui la leur transmettait. J’aimerais (j’espère que ce n’est pas de l’orgueil !) savoir jusqu’où vont mes homélies. Alors si vous la recevez et que vous habitez hors de France, envoyez-moi un message pour me dire où vous la lisez.

Que ces messages soient autant d’encouragements pour me soutenir dans ce ministère de prédication.

Quant à ceux qui font partie de mes paroissiens, de mes amis, de ceux qui ont croisé mon chemin grâce à mon ministère qu’ils ne se sentent pas méprisés par cette demande. C’est aussi pour chacun de vous que j’écris ces homélies.

Bonne semaine et que le Seigneur vienne réveiller tout ce qui peut être endormi dans nos coeurs quand ils ressemblent à des tombeaux ! Et qu’il vienne nous donner la force et la détermination de réaliser le possible, ce qu’il ne fera pas à notre place !

 

Roger

Comme ce texte d’évangile est très long, il y aurait forcément beaucoup à dire ! Avant de développer ce que j’ai choisi de mettre en lumière pour nous aujourd’hui, je voudrais quand même m’arrêter sur un point qui me touche toujours quand j’entends ce texte. Devant le tombeau de son ami Lazare qui est mort depuis quelques jours, Jésus se met à pleurer. C’est la preuve, pour moi, que ce n’est pas Dieu qui fait mourir les gens. Parfois, certaines personnes sont tellement dans la peine devant la port de ceux qu’elles aiment qu’elles accusent Dieu : pourquoi m’a-t-il pris celui ou celle que j’aimais ? Mais ce n’est pas Dieu qui fait mourir, au contraire, la mort le fait pleurer. Quand nous avons beaucoup de chagrin, quand nous pleurons ceux qui sont partis trop vite, nous pouvons penser que Jésus pleure avec nous, qu’il est tout près de nous pour porter avec nous une partie de cette souffrance qui risque bien de nous écraser. Nous pouvons donc lui confier notre peine, il comprend ce que nous vivons, il n’est pas loin de nous.

Venons en maintenant à ce qui est le plus extraordinaire dans ce texte d’évangile que nous venons d’entendre.

-> Le faire trouver aux enfants : Jésus ressuscite Lazare.

Alors quand on entend ça, on a envie de dire : c’est dommage qu’on n’ait pas vécu au temps de Jésus, parce qu’on aurait aimé voir ça et pourquoi pas bénéficier de tous les miracles que Jésus a pu faire.

-> Voir avec les enfants tous les miracles dont ils se rappellent

Oui, c’est sûr, on aimerait que Jésus puisse faire tout cela encore aujourd’hui pour nous. Mais au fait, ce matin au caté, vous avez découvert le récit des derniers jours de la vie de Jésus. Et Jésus, vous avez vu qu’après sa mort, il est ressuscité.

-> Est-ce que c’est tout à fait la même chose que pour Lazare ? Non ! Parce que Lazare, lui après que Jésus l’ait ramené à la vie, il est mort à nouveau et pour de bon, en attendant, comme tous les morts la résurrection pour la fin des temps. Mais Jésus, lui, ressuscité, il reste vivant pour toujours. Ça veut donc dire que Jésus, puisqu’il est vivant, il est au milieu de nous et à la messe, c’est encore plus vrai. Et s’il est vivant au milieu de nous, ça signifie qu’il peut faire pour nous ce qu’il faisait pour ceux qu’il rencontrait sur les chemins de Palestine, il y a 2000 ans, c’est ça la foi des chrétiens.

-> Est-ce que ça veut dire que Jésus va, encore aujourd’hui, ressusciter les personnes qui sont mortes ? Non, pas directement, mais il va quand même faire des merveilles.

D’ailleurs vous aurez remarqué que Jésus dit que Lazare s’est endormi dans la mort et qu’il va le réveiller. Eh bien, Jésus, si nous croyons vraiment en lui, il est capable de réveiller ce qui est comme mort dans nos vies. Pour vous montrer que ce ne sont pas des belles paroles, je voudrais vous raconter une histoire dont j’ai été le témoin, il y a un mois environ. J’ai reçu un mail cette semaine qui racontait cela.

J’étais à La Flatière, cet endroit merveilleux où des personnes viennent passer une semaine de silence et de prière. Chaque jour, je donnais quelques enseignements pour aider les gens à prier, à grandir dans leur foi. Il y avait un couple qui était venu comme pour se donner une dernière chance de pouvoir continuer l’aventure commencée à leur mariage. Ils étaient à deux doigts du divorce et ils se sont dit : avant de se séparer, il faut qu’on essaie encore une dernière fois de sauver notre couple, mais seul un miracle parviendra à le sauver. Tous les soirs, il y avait un temps de prière à la chapelle et au cours d’une de ces prières, je suis allé au tabernacle pour sortir Jésus présent dans sa présence eucharistique (expliquer aux enfants le St Sacrement). Quand j’ai ouvert la porte du tabernacle, Stéphane raconte qu’il s’est mis à pleurer, mais à pleurer comme ça ne lui était jamais arrivé. C’étaient des larmes de foi, il réalisait que Jésus était vraiment là, au milieu de nous. C’étaient des larmes d’espérance et de joie parce qu’il comprenait que Jésus voulait faire quelque chose pour lui, pour son couple. C’étaient aussi des larmes de repentir pour toutes les souffrances infligées à son épouse. Et il a senti que l’amour pour sa femme qui était endormi depuis un certain temps au fond de son cœur était subitement réveillé. Et sa femme a reçu, elle aussi, différemment bien sûr, la même grâce d’un amour renouvelé pour on mari.

Vous voyez, c’est exactement ce qui s’était passé pour Lazare qui était en train de se passer pour Stéphane et Bénédicte. Comme Jésus avait réveillé Lazare endormi dans la mort au fond de son tombeau. Jésus venait de réveiller l’amour qui était endormi dans leurs cœurs, et leurs cœurs étaient vraiment devenus comme des tombeaux.

Vous avez bien compris que ce n’est pas moi qui ai fait ce miracle. Moi, je ne suis pas capable de faire des miracles ! C’est Jésus ! Et on le voit bien dans ce que m’a écrit Stéphane puisque c’est au moment où j’ai ouvert le tabernacle que tout cela s’est passé. Ça paraissait impossible, mais Jésus l’a fait parce que, pour Jésus, il n’y a rien d’impossible … à condition que ceux qui lui demandent un miracle aient vraiment la foi et qu’ils laissent agir Jésus dans la liberté sans lui fixer par avance ce qu’il doit faire et ce qu’il ne doit pas faire !

L’impossible, il n’y a que Jésus qui puisse le faire. Par contre, le possible, il nous le laisse faire ! Vous avez entendu, dans l’Évangile, quand Jésus appelle Lazare et qu’il sort de son tombeau, on nous dit qu’il avait le corps tout entouré de bandelettes, c’est comme ça qu’on faisait pour les morts à l’époque. Lazare quand il est sorti, avec ses bandelettes, il devait marcher comme un pingouin ! Alors, Jésus dit : déliez-le ! L’impossible qui consistait à réveiller un mort, seul Jésus pouvait le faire. Mais le possible, il le laisse faire à ceux qui sont là : déliez-le.

Avant Noël, je vous avais présenté Costica, ce monsieur roumain qui avait failli mourir parce qu’il dormait dehors quand il faisait si froid. Est-ce que c’est Jésus qui l’a sauvé ? Non, enfin pas directement ! C’est Julien, un journaliste qui n’est pas croyant qui a été à l’origine d’une grande chaine de solidarité et qui m’a demandé de l’accueillir à la maison paroissiale. Je suis content d’ailleurs parce que je vais aller le voir cet été pour lui porter plein d’affaires qu’on me donne pour lui et pour les habitants de son village.

Sauver Costica, ça c’était possible pour les hommes, Jésus nous a laissé le faire. Bien sûr, je crois que c’est Jésus qui a mis tant d’amour pour nos cœurs pour accueillir Costica. Mais, il nous a laissé le faire parce que Jésus ne fait jamais le possible à notre place.

Sauver le couple de Bénédicte et Stéphane, ça c’était impossible pour moi, alors Jésus l’a fait directement. Mais sauver Costica, c’était possible, alors Jésus nous a laissé le faire.

On va vraiment prier au cours de cette messe pour qu’on comprenne vraiment cela. Pour que notre foi se renforce afin que nous puissions vraiment croire que Jésus est vivant, présent au milieu de nous et qu’il est encore capable de faire des miracles comme réveiller l’amour quand il est endormi, quand nos cœurs sont devenus comme des tombeaux. Et on va prier aussi pour qu’on ait assez d’énergie et de courage pour faire tout ce qui est possible et que Jésus ne fera jamais à notre place.

Père Roger Hébert