Fête diocésaine des Familles 26 juin

Le 26 juin dernier, à Notre Dame des Dombes pour la grande fête diocésaine : Eglise de Belley-Ars, une grande famille en Fête, tous car chacun a sa place dans la grande famille de l’Eglise.

Messe présidée par Mgr Roland.
Lectures du 13° dimanche du Temps Ordinaire (C)

Etre déterminé

Les lectures bibliques proclamées à l’instant nous disent en quoi consiste la vie de disciple-missionnaire au sein de la grande famille de l’Eglise. Pour commencer, l’évangile nous montre Jésus, le visage déterminé, qui prend résolument la route de Jérusalem. Autrement dit, nous voyons un Jésus qui est décidé et qui s’engage en connaissance de cause. Il n’ignore pas qu’en montant vers Jérusalem il va au-devant de sa mort. Il ne choisit donc pas la facilité. Mais il opte pour la fidélité à sa mission de salut. Il choisit de vivre l’amour jusqu’au bout. Il ne se laisse arrêter ni par la peur, ni par le souci de se préserver. En un mot, il est donné !

Voilà un premier point à retenir : pour être disciple-missionnaire au sein de notre grande famille, il faut être déterminé. On ne peut pas être chrétien à moitié ni à temps partiel ! Le Christ et le monde d’aujourd’hui attendent des témoins authentiques. Nous vivons dans un univers où beaucoup de choses sont frelatées. Il nous faut opérer le choix de la fidélité à notre mission en ce monde. Dans le livre de l’Apocalypse, le Christ, désigné comme l’Amen, le Témoin fidèle et vrai, déclare : » Puisque tu es tiède, je vais te vomir de ma bouche » (Apocalypse 3, 16). De son côté, s’adressant aux Corinthiens, Saint Paul dit : « Le Fils de Dieu, le Christ Jésus n’a pas été oui et non. Il n’a été que oui. Et toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur oui dans sa personne. Aussi est-ce par le Christ que nous disons à Dieu notre amen, notre oui, pour sa gloire » (2 Co 1, 19-20).

Alors, moi aussi, je compte sur vous tous pour dire oui à Dieu, pour vous déterminer totalement, de manière à être des disciples-missionnaires authentiques ! N’oublions pas que dans notre grande famille chrétienne, nous avons des frères et sœurs aînés, qui nous encouragent et nous soutiennent. Que l’exemple des martyrs de tous les temps et que l’exemple actuel des chrétiens d’Orient nous réveillent et nous stimulent lorsque nous manquons de détermination ! Oser suivre le Christ à Jérusalem, c’est-à-dire dans le mystère de sa passion et de sa mort, c’est témoigner que l’amour est plus fort que la mort et c’est affirmer que nous croyons en la résurrection. Alors, chers amis, encore une fois, je compte sur vous pour dire oui à Dieu, pour vous déterminer totalement, de manière à être des disciples authentiques !

L’évangélisation bannit toute violence

Ensuite, l’évangile décrit une première tentation dont nous devons nous méfier. Une fois que l’on a dit oui, que l’on s’est déterminé clairement et que l’on marche résolument avec Jésus, dans l’enthousiasme on peut être tenté par le radicalisme violent, comme le sont Jacques et Jean, surnommés les fils du tonnerre. Voyant que des Samaritains refusent d’accueillir Jésus, Jacques et Jean, dans un excès de zèle, et croyant bien faire, demandent : » Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? «

Mais, vous l’avez entendu, ils se font sévèrement réprimander par Jésus ! Ils semblent avoir en effet oublié que Dieu est miséricorde. Ils n’ont pas compris que Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il se détourne de son péché et qu’il vive ! Alors, n’oublions jamais que l’évangélisation bannit toute violence. Souvenez-vous qu’au moment de son arrestation, au jardin des Oliviers, Jésus ordonne à Pierre de lâcher son épée : » Remets ton épée au fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, vais-je refuser de la boire ? » (Jean 18, 11). » Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée » (Mt 26, 52).

Si jamais vous laissez la haine monter dans votre cœur contre ceux qui sont hostiles à la foi chrétienne ; si jamais vous en venez à souhaiter la mort de ceux qui vous haïssent, c’est le signe que vous avez à vous convertir pour devenir d’authentiques disciples du Christ, qui nous ordonne ceci : » Moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux » (Mt 5, 44-45). Voilà un deuxième point à retenir : pour être disciple-missionnaire au sein de notre grande famille, il faut renoncer à toute violence et considérer tout homme avec la bienveillance du Créateur et Sauveur.

Un engagement sans réserve de toute sa personne

Ensuite, l’évangile de ce jour expose la rencontre que, chemin faisant, Jésus fait avec trois hommes, deux qui viennent à lui et un qu’il interpelle lui-même. Ces trois rencontres mettent en relief les exigences, les dispositions nécessaires pour être un disciple-missionnaire authentique au sein de la grande famille de l’Eglise.

Le premier homme rencontré s’offre de lui-même à suivre Jésus : » Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui répond immédiatement : » Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » C’est-à-dire que Jésus nous renvoie à son exemple propre : » Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête « Jésus est en effet plus pauvre que les animaux qui, eux, ont une demeure (un terrier, un nid …). Jésus ne connaît pas la sécurité d’un lieu confortable bien à lui. De la crèche au tombeau, il n’a pas de demeure personnelle. Sur terre, il ne se fixe nulle part et ne possède rien en propre. Par ce comportement singulier, Jésus signifie qu’il n’a pas d’autre demeure que l’amour du Père. Nous aussi, notre vraie demeure est dans l’amour éternel du Père, pas ailleurs ! Le disciple doit donc opérer le choix qui consiste à ne trouver sa sécurité qu’en Dieu seul : Comme chante le psalmiste aujourd’hui : » Tu es mon Dieu ; Seigneur, mon partage, ma coupe, de toi dépend mon sort (…) Je n’ai pas de plus grand bonheur que toi ! « (psaume 15).

Dans la deuxième rencontre, cette fois-ci, c’est Jésus qui a l’initiative d’appeler. Mais l’appelé entend poser des conditions que Jésus n’accepte pas. L’homme appelé est disposé à suivre Jésus, mais pas immédiatement. Il subordonne la suite du Christ à une activité qu’il estime prioritaire. Cet homme veut d’abord aller enterrer son père. » Laisse les morts enterrer les morts ! « , lui répond brutalement Jésus. L’annonce du Règne de Dieu ne souffre aucun délai en effet. Symboliquement, se préoccuper d’aller enterrer son père, c’est être attaché à toutes les traditions humaines que représente ce père, c’est manquer de liberté pour chercher et accomplir la volonté du Père du ciel ! Comme Jésus est brûlé du désir de manifester l’amour du Père et de réaliser pleinement sa mission, le disciple doit être immédiatement et totalement disponible pour la mission que le Christ lui confie.

Au moment où il parle, Jésus est en route vers Jérusalem, où il va vivre sa Pâque. Le temps lui presse de manifester pleinement l’amour de Dieu. Rien ne doit donc retarder cet impératif de salut. Comme il dira à son troisième interlocuteur : » Celui qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu « . Ce troisième interlocuteur réclame à Jésus : » Seigneur, laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Cela signifie qu’il n’est pas libre vis-à-vis de son entourage, ni de ses relations. Il n’a pas compris que la décision exigée doit être immédiate et indivisible.

Cette exigence peut paraître excessive. Mais elle ne l’est pas quand on considère bien qui est celui qui la pose. En effet, Jésus se livre totalement, par amour, en déclarant : » Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15, 13). Ce faisant, Jésus nous révèle le vrai visage de Dieu le Père : » Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jean 3, 16)

Dans la première lecture, nous avons été témoins de la radicalité de la réponse à Dieu du prophète Elisée. Elisée est appelé alors qu’il était tranquillement en train de labourer ses terres. Dans un premier temps il envisage de retourner en arrière pour aller faire ses adieux à ses parents. Mais en fin de compte, il pose un acte symbolique très fort, puisqu’il abandonne définitivement ses bœufs et sa charrue en les offrant en sacrifice. Autrement dit, il ne se ménage pas de possibilité de retour en arrière, comme nous-même le faisons trop fréquemment, manifestant alors un manque de foi en la Providence divine ! Voilà donc un troisième point à retenir : pour être disciple-missionnaire au sein de notre grande famille, il faut consentir à des ruptures radicales qui s’imposent face à la priorité et l’urgence de l’annonce de la Bonne Nouvelle.

Nous sommes tous confrontés aux même tentations que les trois hommes de l’évangile de ce jour. D’abord nous sommes tous guettés par la tentation du confort. Mais nous sommes appelés à suivre Jésus qui n’a pas de maison à lui et à être ainsi témoins de notre patrie du ciel. Ensuite nous sommes tous guettés par la tentation du repli mortifère sur le passé, comme cet homme qui retarde la réponse pour aller d’abord enterrer son père. Mais nous sommes appelés à vivre en hommes libres avec Jésus. Enfin nous sommes tous guettés par la tentation d’être prisonniers de liens affectifs excessifs. Mais nous sommes appelés à suivre Jésus qui n’a pas d’autre ambition que celle de faire la volonté de son Père.

Jésus ne craint pas de faire souffrir les siens par l’obéissance à cette priorité absolue. Rappelez-vous lorsqu’à douze ans, il donne des sueurs froides à Joseph et Marie parce qu’il est resté au temple de Jérusalem à interroger les docteurs de la Loi. « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Interroge Marie. Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » Et Jésus de répondre simplement : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Luc 2, 48-49)

Les lectures bibliques de ce jour nous initient donc aux exigences de la vie chrétienne. Etre disciple-missionnaire du Christ au sein de la grande famille de l’Eglise suppose un engagement sans réserve de toute sa personne. Je résume les trois points que la Parole de Dieu nous a enseignés : Il faut être déterminé. Il faut renoncer à toute violence. Il faut consentir à des ruptures radicales.

Nous avons reçu une mission prophétique en ce monde. Nous avons donc le devoir d’être ensemble d’authentiques disciples du Christ ! Ne craignons pas l’adversité ! N’ayons pas peur ! Ce n’est pas en accommodant notre foi, ce n’est pas en diluant les exigences évangéliques que nous rendrons service à nos contemporains ! Mais c’est en étant davantage fidèles à notre identité ; en étant fiers de notre foi ; en osant la proposer à tout le monde ; en montrant notre joie profonde d’être amis du Christ ; en ne craignant pas de suivre Jésus sur le chemin de la croix et en étant par là-même témoins de la résurrection !

+ Pascal ROLAND

(Source : site Diocèse Belley Ars)