Homélie de Pâques: Si Dieu a fait sortir Jésus du tombeau alors qu’il était mort, il peut aussi faire sortir du tombeau notre foi alors qu’elle n’est qu’en sommeil !

Si Dieu a fait sortir Jésus du tombeau alors qu’il était mort, il peut aussi faire sortir du tombeau notre foi alors qu’elle n’est qu’en sommeil ! C’est la Bonne Nouvelle que je vous partage en cette fête de Pâques.

Permettez-moi aussi de vous confier un projet. Il y a deux ans, je suis allé prêcher deux retraites pour les prêtres du diocèse de Bujumbura au Burundi. Il m’est demandé d’y retourner cette année pour prêcher 3 retraites pour les prêtres sur l’ensemble du pays. J’irai là-bas de mi-septembre à mi-octobre. Mais je n’irai pas seul … puisque je vais emmener la relique du coeur du curé d’Ars. Les prêtres sont tellement fatigués, désorientés à cause de cette situation de quasi guerre civile permanente qu’ils vivent (entretenue par le président dont l’élection n’est pas reconnue par l’immense majorité des Burundais, en tout cas les évêques se sont clairement exprimés.) Ils ont besoin d’être réconfortés, renouvelés dans le sacerdoce, à moi tout seul, je ne peux y parvenir, c’est bien évident, mais avec le curé d’Ars, tout devient possible !

Faire voyager la relique du coeur du curé d’Ars demande quelques formalités à remplir à l’avance et il me faut pour cela acheter mon billet d’avion aller-retour pour déclarer le numéro des vols sur lesquels va voyager cette relique si précieuse.

Alors voilà, en toute simplicité, je sollicite tous ceux qui peuvent m’aider à financer mon billet d’avion et participer ainsi à cette oeuvre de miséricorde. S’il y avait de l’argent en trop, il irait, bien sûr, au soutien de projets au Burundi notamment deux qui me tiennent à coeur : la participation au financement de la construction d’une nouvelle église dans un nouveau quartier de Bujumbura et la construction d’une chapelle au Foyer de charité qui va m’accueillir à Bujumbura.

Vous pouvez envoyer un chèque à mon adresse et à mon nom et je vous en remercie d’avance.

Bonne fête de Pâques

Roger

Ils sont très précisément 4503 adultes à être baptisés en France en cette nuit de Pâques. Nous n’en avons pas cette année à Bellegarde mais nous en aurons 4 l’année prochaine, si tout va bien ! Quel que soit leur âge, quand on pense à eux, une question se pose : mais qu’est-ce qui a bien pu les décider à faire une telle démarche ? Les parents qui viennent demander le Baptême pour leur enfant sont encore, la plupart du temps, dans un fonctionnement sociologique : ça c’est toujours fait dans la famille, on continue la tradition ! Mais ces catéchumènes ne sont pas du tout dans ce schéma ; certains viennent de familles totalement athées, d’autres ont fait les 400 coups, bref on ne peut pas ne pas se poser la question : mais qu’est-ce qui les a poussés à faire cette démarche ? Leur entourage les questionne fréquemment, et il arrive parfois qu’ils ne comprennent pas cette démarche. Certains entendent ce genre de réflexion : mais tu t’en es bien passé jusqu’à maintenant et tu as très bien vécu sans Dieu, quelle mouche t’a piqué ?

En cette nuit de Pâques, il est bon que nous entendions ce questionnement à propos du Baptême. En effet, chaque année, l’Église nous propose en cette nuit de renouveler l’engagement de notre Baptême. Alors tout à l’heure, nous allons redire oui à quoi ? Qu’est-ce que ça change pour nous d’être baptisé ? Qu’est-ce que ça change d’être croyant ? C’est là que les catéchumènes peuvent beaucoup nous apporter quand nous les écoutons parler de ce qui les a conduits à décider de devenir chrétiens, ils peuvent nous aider à renouveler notre foi, à sortir d’une routine qui peut finir par asphyxier notre foi.

D’abord, il faut être clair et ne pas trouver ça normal : pour l’immense majorité des baptisés, le fait d’être baptisé ne change rien dans leur vie ! Chaque année, nous célébrons ici, dans notre secteur de Bellegarde environ 80 baptêmes et nous avons une quinzaine d’enfants qui rentrent au caté. Donc pour 85% des baptisés environ, il n’y aura pas de suite au Baptême. A chaque fois que je reprends conscience de cela, ça me broie le cœur. Mais bon, vous, vous n’êtes pas dans cette situation puisque vous êtes là participant à une messe longue et célébrée tard. Alors, si on vous interrogeait pour vous demander : ça change quoi dans ta vie le fait d’être baptisé ?

Je posais un jour cette question à quelqu’un qui a avait un lien assez élastique avec l’Église, il m’a répondu : ça m’évite de faire de grosses bêtises ! C’est déjà pas mal, mais si on gratte un peu ce n’est guère brillant car ça veut dire que finalement, c’est la peur de Dieu et de son jugement qui lui met des limites qu’il serait bien tenter de franchir. Je pense que nous qui sommes là, nous avons des réponses un peu plus positives à donner, le problème, c’est que ce n’est pas toujours facile de rendre compte de cette foi qui nous fait vivre. C’est vrai, on nous a appris que « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ! » n’empêche que ce n’est pas si simple d’expliquer à ceux qui nous interrogent ce que nous apporte la foi.

J’aime beaucoup la réponse qui a été donnée par le pape François, pour être tout à fait honnête, il parle de l’évangélisation dans le passage que je vais citer, mais je me permets de transposer pour la foi. Il a écrit ces paroles dans son exhortation « la joie de l’Évangile au N° 266 »

 « On ne peut persévérer dans la foi, si on n’est pas convaincu, en vertu de sa propre expérience, qu’avoir connu Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître, que marcher avec lui n’est pas la même chose que marcher à tâtons, que pouvoir l’écouter ou ignorer sa Parole n’est pas la même chose, que pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en lui, ou ne pas pouvoir le faire n’est pas la même chose. Essayer de construire le monde avec son Évangile n’est pas la même chose que de le faire seulement par sa propre raison. Nous savons bien qu’avec lui la vie devient beaucoup plus pleine et qu’avec lui, il est plus facile de trouver un sens à tout. »

 

Je suis sûr que tous les catéchumènes signeraient cette déclaration. S’ils demandent le Baptême, c’est parce qu’ils ont découvert que vivre avec le Christ, ce n’est pas comme vivre sans le Christ. Souvent d’ailleurs, ils parlent d’un avant et d’un après ; il y a eu leur vie avant de connaître le Christ et leur vie après. Oh bien sûr, extérieurement, rien n’a changé, il faut toujours se lever pour aller au travail, il faut toujours continuer les tâches répétitives du quotidien, supporter à certains moments ceux qui nous entourent … Mais tout cela, ils découvrent qu’ils n’ont plus à le vivre seuls, en comptant uniquement sur leurs propres forces, Jésus est là, pour vivre ce quotidien avec eux et ça change tout !

En entendant cela, peut-être que certains se disent : comme j’aimerais, moi aussi, avoir une foi aussi forte ! Dans l’Église, c’est vraiment formidable, ce sont les derniers arrivés qui deviennent les maîtres de ceux qui sont là depuis si longtemps ! Oui, leur enthousiasme nous stimule d’autant plus qu’il nous arrive parfois d’entendre des chrétiens parler de leur foi en termes de contrainte. Ils ont l’impression qu’être chrétien, c’est finalement bien pénible on doit faire ce qu’on n’a pas bien envie de faire comme se lever tous les dimanches pour aller à la messe, partager, pardonner et on n’a pas le droit de faire bien des choses qu’on aimerait faire … je n’en fais pas la liste, chacun peut la faire pour lui ! Evidemment, quand la foi, c’est ce système de contrainte, je comprends que ceux qui la vivent ainsi n’aient pas bien envie d’en parler, n’osent pas inviter leurs amis, par exemple à un parcours alpha.

Mes amis, en cette nuit, où nous célébrons la puissance de Dieu qui a fait sortir Jésus du tombeau, pourquoi ne pas lui demander qu’il fasse sortir notre foi du tombeau dans lequel elle s’installe trop souvent de manière insidieuse ? Chaque année, dans la liturgie de la veillée pascale, l’Église nous offre cette chance de pouvoir repartir. N’allons surtout pas croire que c’est impossible, que l’enthousiasme, c’est réservé aux catéchumènes et que nous, les croyants de longue date, il nous faut accepter de vivre la routine d’une foi qui s’érode. Quand j’étais enfant, je me rappelle, même si nous avons eu la télévision assez tard, nous l’avons eu avant nos voisins d’en face qui étaient une mamy et un papy de plus de 90 ans. Chaque semaine, ils traversaient la rue pour venir voir la piste aux étoiles. Ils mettaient leurs chaises à côté et se donnaient la main pendant toute l’émission. A plus de 90 ans, ils se donnaient encore la main ! Vous voyez, l’enthousiasme de l’amour, c’est possible à tout âge, même après des années et des années de vie commune. Demandons au Seigneur qu’en faisant surgir notre foi de son tombeau, il nous donne ou nous redonne cet enthousiasme de l’amour.

Père Roger Hébert