Homélie dimanche 07/08: Il nous a été beaucoup confié, il nous sera beaucoup demandé !

Je ne sais pas si vous avez pris l’habitude de lire les lectures de la messe avant de venir. Si vous le faites, c’est très bien, si vous ne le faites pas encore, ça serait une très bonne habitude à mettre en place ! Profitez de ce temps de l’été où nos rythmes de vie sont moins tendus pour installer cette bonne habitude. Pour vous permettre de le faire, vous pouvez vous abonner à l’une des revues qui existe et qui nous donne, chaque jour, la Parole de Dieu. Si vous voulez un service gratuit, vous trouvez cela sur internet, vous pouvez même recevoir gratuitement sur votre boîte mail chaque jour ces textes de la Parole de Dieu. Vous pouvez même télécharger une application sur vos téléphones portables pour que cette Parole vous suive partout où vous allez ! Le dimanche, quand vous aurez lu ces textes de la Parole, vous pourriez aussi vous livrer à un petit jeu en essayant de deviner par avance ce que le prêtre pourrait dire dans son homélie et comment il a réagi lui-même à la lecture des textes !

Personnellement, je peux vous dire, qu’en lisant, j’ai commencé par râler intérieurement en pensant que ceux qui avaient choisi cet évangile auraient bien fait de le couper en trois parties et de le proposer 3 dimanches de suite. En effet, à première lecture, on a vraiment l’impression d’être devant un patchwork ! Il y a des paroles fortes de Jésus au milieu de plusieurs histoires qui semblent avoir été mises les unes à la suite des autres sans forcément beaucoup de liens.

Après avoir râlé intérieurement, je me suis repris et j’ai demandé au St Esprit qu’il m’éclaire pour m’aider à trouver le fil rouge qui devait unifier toutes ces histoires. Et je me suis rappelé mes études de Bible au séminaire, ce temps où on nous apprenait à repérer la structure d’un texte en cherchant s’il n’y avait pas au début et à la fin du texte ce qu’on appelle une inclusion, c’est à dire des éléments qui se répondent et qui montrent précisément l’unité du texte. Et là, évidemment, ça m’a sauté aux yeux ! Le texte se termine par ces mots : « à qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. » Et il commençait par ces mots : « sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » C’est donc très clair : il nous a été beaucoup donné, beaucoup confié, puisque c’est le Royaume que Dieu a décidé de nous donner, il nous sera donc beaucoup demandé. Le début et la fin du texte donne l’unité de l’ensemble.

Vous vous rendez compte : Dieu a décidé de nous confier le Royaume à nous qui ne sommes qu’un petit troupeau. Permettez que je développe cette affirmation, cette promesse qui ouvre l’évangile avant de montrer les conséquences concrètes que cette parole doit avoir pour nous.

D’abord commençons par l’expression « petit troupeau » Nous rêvons souvent, moi le premier, que nos églises soient pleines, que le monde entier soit chrétien et c’est bien normal que de tels rêves nous habitent. Si nous sommes persuadés que la foi est notre plus grand trésor, il n’est pas étonnant que nous rêvions que le plus grand nombre ait accès à ce trésor et puisse en vivre. C’est bien cette conviction qui justifie l’élan évangélisateur que le Pape François ne cesse de vouloir redonner à l’Église. Oui, mais en même temps, il faut que nous acceptions d’être un petit troupeau.

Déjà, dans l’histoire d’Israël, Dieu avait annoncé que c’était avec un petit reste d’hommes fervents que ses promesses s’accompliraient. Souvent dans l’évangile, Jésus parlera de la puissance d’un tout petit peu de levain pour faire lever une grande quantité de pâte ou de la puissance d’une graine minuscule qui peut devenir un grand arbre. Soyons sans crainte, même si nous ne sommes qu’un petit troupeau. L’essentiel n’est pas le nombre, mais la ferveur.

Et, c’est donc, à nous, petit troupeau que Dieu a confié son Royaume. Belle formule, mais qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Le Royaume de Dieu, nous le savons, c’est l’amour. Quand, dans le Notre Père, nous prions en disant : que ton Règne vienne, nous demandons que l’amour règne partout, pour tous et de manière définitive. Eh bien, c’est à nous que Dieu confie la mission de faire advenir ce Règne de l’amour. Mais attention, avec Dieu, on n’est pas à Kho-lanta, vous savez cette émission de télé où on donne des missions absolument folles à des hommes sans leur donner les moyens nécessaires pour les réaliser ! Pour que cette mission ne soit pas impossible, il a envoyé son Fils Jésus qui a inauguré parmi nous le Royaume de l’Amour par le sacrifice de sa vie. Et ça ne s’arrête pas là, sur tous les hommes qui voulaient ouvrir leur cœur, il a répandu largement son Esprit, l’Esprit de force donné pour que nous qui sommes si fragiles, nous devenions, à notre tour, les bâtisseurs de son Royaume d’amour sur la terre. En ces temps si troublés, reconnaissez que c’est une mission qui devient de plus en plus urgente.

Mais Jésus précise que cette mission ne pourra porter du fruit que si elle nous mobilise totalement. Nous ne pouvons pas être bâtisseur du Royaume à temps partiel, quand nous avons fini tout le reste. Dans nos vies, il ne peut pas y avoir de moments où nous travaillons pour Dieu est des moments où nous travaillons pour nous. Travailler à temps plein pour le Royaume, ça ne signifie pas que nous devons tous devenir bonnes sœurs, moines ou curés ! Non, mais cette urgence de faire advenir le Royaume de l’Amour doit nous mobiliser en permanence dans notre vie professionnelle, familiale, associative : toutes nos actions, toutes nos paroles, toutes nos pensées doivent permettre au Royaume de l’amour d’avancer. C’est ce que signifie son invitation à nous dépouiller de tout qui n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais qui signifie, par contre, que rien d’autre que l’avènement du Royaume de l’amour ne mérite un investissement de notre part.

Dans la suite du texte, Jésus va développer 3 petites histoires qui sont unifiées par le thème du service. Elles sont là pour enfoncer le clou. Dieu, dans une marque de confiance infinie, nous a confié l’avènement de son Royaume et il attend que nous nous mettions tous au service de cette grande cause qui doit mobiliser toutes nos énergies du matin au soir et du soir au matin. Et, aujourd’hui, peut-être plus que jamais, cette mobilisation devient vitale, il y va de notre avenir.

Mes amis, l’assassinat du père Jacques Hamel a suscité un grand élan parmi tous les croyants. On entend désormais s’élever des voix du sein de la communauté musulmane, certes, elles sont encore trop peu nombreuses, mais elles commencent à demander avec force que l’Islam se réforme, que le Coran puisse être interprété pour que, plus jamais, cette religion ne puisse servir de prétexte à ceux qui ont décidé de semer la mort pour mieux répandre le poison de la haine entre les hommes.

Alors, je fais le rêve qu’un jour, un jour que je souhaite le plus proche possible, les hommes, tous les hommes s’uniront pour devenir les serviteurs de l’avènement du Royaume de l’Amour. Mais, si nous voulons être authentiquement chrétiens, n’exigeons pas des autres qu’ils se mobilisent, si nous-mêmes, j’insiste, chacun de nous, nous ne sommes pas prêts à nous mobiliser totalement. Que le Christ que nous allons recevoir dans un instant soit notre force pour devenir ces infatigables serviteurs de l’avènement du Royaume de l’Amour. Et n’oubliez pas que puisqu’il nous a été beaucoup confié, il nous sera beaucoup demandé !