Le terme “épiphanie” dérive d’un mot grec qui signifie “manifestation. Il désigne donc la manifestation de Dieu aux hommes et plus précisément sa venue dans le monde en la personne historique du Christ. Dans la tradition de l’Eglise cette fête célèbre deux séries d’événements qui ont révélé le Christ. Les premiers se rapportent à sa naissance et à son enfance : c’est notamment le récit de l’adoration Ces bergers et l’épisode des mages, qui est au cœur de la liturgie de ce jour. Mais l’épiphanie désigne également les manifestations de Jésus au début de sa vie publique : c’est le cas de son baptême et de son premier miracle à Cana. A travers tous ces événements Jésus révèle son identité divine aux peuples.
Au-delà de la légende, dont la tradition habille allègrement le récit des mages, le message central de cette solennité réside dans la démarche spirituelle qui les a conduits au pied du berceau de l’Emmanuel. Résumons en quelques traits les éléments essentiels.
Et d’abord qui étaient-ils ?L’Evangéliste Matthieu ne nous apprend presque rien au sujet de leur identité. Il signale simplement qu’ils étaient des mages venus d’Orient probablement des prêtres perses ou mèdes versés dans l’étude de l’astrologie, des savants païens qui sont partis à l’aventure, en suivant une mystérieuse étoile.
Qu’ont-ils vu ?Des astrologues ont pensé qu’il s’agissait d’une comète ou d’une nova (Kepler) ou encore de la conjoncture des planètes Jupiter et Saturne puis Mars, que les mages ont aussitôt interprétée comme l’annonce d’un fait prodigieux. Ici encore, la leçon est d’une transparente simplicité : Dieu leur a fait signe à travers le langage qui leur était familier. Ainsi, même si nos étoiles ne sont pas identiques, elles conduisent toutes vers Dieu, à condition que nous sachions les suivre avec persévérance.
L’étape de Jérusalem.Parvenus à la Ville Sainte, ils commencent par s’informer auprès du Roi, puisque c’est de la naissance d’un nouveau prince qu’il s’agit. Mais la nouvelle sème la panique au palais d’Hérode qui voit dans ce nouveau-né un concurrent à son trône. Quel paradoxe ! A la joie des mages, Jérusalem oppose une attitude de rejet, caractérisée par l’indifférence et la méfiance. Il est surprenant de noter en effet, que les plus concernés sont précisément les moins intéresses. Sérieuse mise en garde pour les privilégiés de Dieu ou ceux qui se considèrent comme tels !
L’hommage rendu par les mages.Chargés d’une valeur symbolique, les cadeaux offerts par les mages à l’enfant expriment leur foi en sa royauté (l’or), sa divinité (l’encens qui était utilisé au temple pour la prière) et son salut (la myrrhe qui préfigure sa mort : Mt 26.7). Dans la grotte de Bethléem, commence pour ces pèlerins de la foi un nouveau cheminement à la découverte du vrai Dieu révélé en Jésus-Christ. Avec stupeur, ils constatent que le pouvoir de Dieu est bien différent de celui des puissants de ce monde. Dieu n’est nullement leur concurrent ni leur adversaire. A l’arrogance de leurs prétentions, il n’oppose que la douceur désarmante de sa force : ” Dans ce monde, Dieu n’entre pas en concurrence avec les formes terrestres du pouvoir. Il n’a pas de divisions à opposer à d’autres divisions. Dieu n’a pas envoyé à Jésus, au Jardin des Oliviers, douze légions d’anges pour l’aider (cf. Mt 26, 53). Au pouvoir tapageur et pompeux de ce monde, Il oppose le pouvoir sans défense de l’amour qui, sur la Croix et ensuite continuellement au cours de l’histoire – succombe et qui cependant constitue la réalité nouvelle, divine qui s’oppose ensuite à l’injustice et instaure le Règne de Dieu. Dieu est différent – c’est cela qu’ils reconnaissent maintenant. Et cela signifie que, désormais, eux-mêmes doivent devenir différents, ils doivent apprendre le style de Dieu ” (Benoît XVI, JMJ Cologne, Veillée avec les jeunes. 20 août 2005).
Le retour par un autre chemin.La visite des mages se termine par une annotation apparemment anodine mais hautement symbolique : ” Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin”. Transformés intérieurement par la contemplation de l’Enfant-Dieu, ils regagnent leur patrie par une autre route. Telle est la nouveauté de vie qui caractérise toute rencontre avec Dieu.
Père Gaston Diouf