Pâques 2021: Christ est ressuscité Alléluia ! Résurrection de l’homme, Alléluia, Alléluia !

Première lecture : Ac 10,34-43
Psaume responsorial : Ps 118(117)
Deuxième lecture : Col 3,1-4
Evangile : Jn 20,1-9.

Lorsque sous nos coups, Jésus meurt sur la croix, il reçoit de nous ce qui est de nous, c’est-à-dire, la mort, mais en échange, il nous donne ce qui est de lui, c’est-à-dire, la vie éternelle, lorsqu’il ressuscite des morts. Cela revient à ceci que l’homme mortel tue le Dieu Vivant tandis que celui-ci lui fait don de l’immortalité par sa mort. Ô ! Merveilleux échange : l’Amour infini de Dieu fait miséricorde à l’homme pécheur et le destine à la vie éternelle par son Fils ressuscité des morts !

Et toi, mon frère, ma sœur, acceptes-tu d’hériter de la vie éternelle en ressuscitant avec le Christ ? Je sais que cela t’intéresse, car la mort n’est pas de ton goût, mais tu hésites parce que tu ne sais pas en quoi consiste la Résurrection. Ne t’inquiète pas, car les disciples ne le savaient pas non plus, et lorsque Jésus la leur annonçait, ils ne comprenaient pas cette parole et ils craignaient de l’interroger (Mc 9, 32). Mais que cela ne te détermine pas à te contenter de la seule certitude qu’est la mort. De fait, elle a beau être certaine, la mort ne fait pas partie initialement de la création, comme l’atteste le Sage : Dieu n’a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la perte des vivants (Sg 1, 13). La mort n’est survenue que suite à une rébellion de l’homme. En effet, Dieu lui avait dit : de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort (Gn 2, 17).

L’homme en a mangé pour devenir l’égal de Dieu (cf. Gn 3,4-5). Toutefois il n’en est pas mort immédiatement, la pomme entre les dents, mais désormais la mort chemine dans sa vie qui se déroule comme une mort en sursis, au milieu de beaucoup d’obstacles : maladies du corps, menaces de l’environnement, angoisses, désespoir, échecs, manques divers, fragilité.

Comme si ce n’était pas assez, il faudrait ajouter la pandémie actuelle qui fait planer sur l’humanité le spectre de l’extinction non seulement avec ses hécatombes, mais aussi en faisant mener aux vivants une vie de morts à cause de la douleur, de l’angoisse et de la peur.

Dans un tel contexte que peut vouloir dire : Jésus est vraiment ressuscité (Lc 24, 34) ?
– Que la Résurrection n’est pas un mythe, une analogie, mais que le terme correspond à un Ressuscité qui s’appelle Jésus. L’Unique Homme qui ait choisi d’obéir à Dieu jusqu’au bout pour effacer les traces de la désobéissance d’Adam (cf. Rm 5,15), un homme qui a vaincu la mort et à cause de qui tout homme peut désormais la vaincre. Jésus, c’est l’homme qui reporte l’humanité à sa vocation première, c’est-à-dire, la vie. Toutefois, dans son triomphe, le Christ ne nous renvoie pas nous nourrir d’une nostalgie de vie, mais il nous projette dans un lumineux avenir où l’homme retrouve l’amitié avec Dieu. Ainsi transfigure-t-il la vie de l’homme qui n’est plus un mort en sursis, mais un ressuscité par anticipation.

Mais comment vivre en ressuscité si ma faiblesse et mes différents manques sont
toujours actuels ? Pour répondre à cette question, il faut entrer dans une certaine vision de Paul à travers cette affirmation apparemment contradictoire : lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort (2 Co12,10), ou encore : ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse (2 Co 12,9). Dieu est fort à ma place, je n’ai pas besoin d’être personnellement fort et je n’ai pas peur de la faiblesse. Jésus ressuscité est vivant pour moi, je n’ai plus peur de la mort. Dans le quotidien terrestre, je perçois les réalités d’en-haut, comme le suggère l’Apôtre Paul : vous êtes ressuscité avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en-haut.

Non pas que je déménage des réalités terrestres pour vivre la tête dans les nuages, mais au plus bas de mon quotidien, je peux promouvoir la graine de vie qui germe et qui étouffe la mort du découragement, de l’angoisse et de la peur.

A cette allure, tu dois croire que vivre en ressuscité relève de l’héroïsme. Ne le pense
pas, ou si tu le penses, dis-toi que tu peux aussi être un héros, à la suite de tant d’autres.

Que je t’indique maintenant comment, à travers les vicissitudes de son histoire, le
Peuple d’Israël avait vécu la foi en la Résurrection, au moment même où celle-ci survivait seulement sous forme de figure. Le peuple esclave au pays d’Egypte traverse la Mer Rouge à pied sec et devient un peuple libre ; pendant son séjour au désert, il survit à la faim, à la soif (cf. Ex 16 – 17) et à la morsure des serpents brûlants (cf. Nb 21-4-9) ; il triomphe des murs de Jéricho et de Aï (cf. Jos 6 ; 8), il brise la force de Madian, et en terre promise, vient à bout des Philistins. Plus tard, exilé, il revient de Babylone avec des chants de joie.

Tout cela n’est qu’une figure de la Résurrection. Aujourd’hui, la réalité est là, Jésus
est ressuscité, et que d’hommes et de femmes sa Résurrection n’a pas radicalement
transformés : les femmes qui sortirent et s’enfuirent du tombeau parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes (Mc 16, 8) deviennent apôtres des Apôtres ; les Apôtres réunis au cénacle par crainte des juifs (Jn 20, 19) retrouvent le plein air, les peureux deviennent courageux, les fuyards deviennent des héros, des hésitants présentent des certitudes, des ignorants instruisent doctement le peuple (cf. Ac 4,13) ; le persécuteur de Tarse, en prenant la route de Damas (cf. Ac 9,1-19a) se retrouve à être le plus grand défenseur de la cause de l’Evangile. Dans l’Eglise, les martyrs sont de tout sexe et de tout âge : les mains nues, ils affrontent des bêtes fauves dans des cirques, le feu et des tortures sans nom ; des jeunes filles défient des soldats. Tous périssent d’une manière ou d’une autre, mais tous dans la joie à cause de la Résurrection du Christ.

Puisses-tu aussi, à la suite de tant d’autres, subir les bienheureuses influences de
l’invincibilité que Christ apporte aux hommes par sa Mort et sa Résurrection.