Après l’été meurtrier, l’évangile est encore plus d’actualité
L’été meurtrier, hélas, ce n’est pas que le titre d’un film. Ces deux mots désignent aussi la dure réalité que nous avons vécue ces dernières semaines. Après l’horreur du carnage de Nice, ce fut le sordide assassinat du père Jacques HAMEL. A Nice, il y avait le nombre et l’horreur de la méthode utilisée, plus de 80 victimes tuées par ce camion lancé délibérément sur la foule venue pour le feu d’artifice. A St Etienne du Rouvray, il y avait le symbole, un vieux prêtre épris de dialogue, sauvagement égorgé. En plein cœur de l’été, le ciel s’est assombri, la grisaille a envahi bien des cœurs.
« Plutôt que de maudire la nuit, il vau mieux allumer une lumière. »
Ce proverbe chinois, que j’aime tout particulièrement, est devenu mon guide.
C’est pour allumer une lumière que j’ai proposé un temps de prière à l’église de Bellegarde. J’ai été heureux d’accueillir un bon nombre de paroissiens mais aussi nos frères des différentes églises protestantes et quelques représentants des communautés musulmanes. Ensemble, tout en respectant la foi de chacun, nous nous sommes tournés vers Dieu implorant la paix pour notre pays et demandant pour nous tous la force de devenir artisans de Paix.
Ces fanatiques qui souhaitent installer durablement les ténèbres de la peur et de la haine ne s’arrêteront pas tout de suite. Alors, dans ce temps de rentrée, il nous faut continuer d’allumer des lumières. Il nous faut croire que l’Évangile nous invite à manifester la différence chrétienne. Seul un excès d’amour pourra désarmer ces accès de violence. Évidemment, il ne s’agit pas de nous faire les promoteurs d’un amour qui accepte tout, mais, au contraire d’un amour qui permettra à chacun de se maîtriser pour refuser toute violence et d’un amour persévérant qui cherche comment construire la réconciliation.
A chacun de nous de voir quels gestes concrets, il peut poser pour « allumer une lumière plutôt que de maudire la nuit. » Il faut sûrement commencer en refusant de colporter des ragots sur les réseaux sociaux ou dans nos conversations. Il sera nécessaire ensuite de passer à l’acte pour que le désir de vivre des relations plus fraternelles avec les musulmans de bonne volonté ne reste pas un vœu pieux.
St Vincent de Paul, le patron de notre église de Musinens, utilisait une formule magnifique : « l’amour est imaginatif jusqu’à l’infini. » Nous ne devrions donc pas avoir de peine à trouver les gestes et les paroles appropriées pour allumer chaque jour une lumière qui chasse l’obscurité toujours prompte à revenir.
Père Roger Hébert, curé du groupement de Bellegarde