Cinquième dimanche du temps ordinaire B: C’est lui qui nous délivrera de tout mal !

Première lecture : Jb 1, 1-7 ; Psaume responsorial : 147(146)
Deuxième lecture : 1 Co 9, 16-23 ; Evangile : Mc 1, 29-39.

 

La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, c’est l’homme debout. Saint Irénée de Lyon.

Je voudrais vous faire parcourir rapidement les sites des activités que l’Evangile de ce jour rapporte au compte d’une journée et d’une nuit de Jésus, en partant de la synagogue de Capharnaüm jusqu’au départ vers des villages voisins, en passant par la maison de Simon et d’André, la porte de la ville et l’endroit désert où Jésus se retire pour prier son Père au petit matin. Le temps qui nous est imparti ne pourra nous faire visiter sérieusement que deux sites.

Le premier : La maison de Simon et d’André. Partant de la synagogue de Capharnaüm où, dimanche dernier, on l’avait vu enseigner avec autorité et chasser un esprit impur, Jésus se rend à la maison de Simon et d’André, ces deux frères qu’il avait appelés à le suivre. En accueillant le Maître dans leur maison, les disciples montrent que suivre Jésus, c’est aussi lui ouvrir leur maison, la maison de leur cœur.

En réalité, Jésus ne se rend pas dans cette maison sur l’invitation des propriétaires, mais sur la requête de gens qui lui parlent de la belle-mère de Simon au lit avec de la fièvre. Et Jésus qui entend, par son Incarnation, investir toutes les réalités humaines, ne dédaigne pas d’entrer dans la maison de ses disciples et même d’accéder à la chambre à coucher de la belle-mère de Simon, pour la guérir non seulement en exerçant son pouvoir divin, mais aussi en mettant en jeu le charisme de son Incarnation : Jésus s’approcha d’elle, la prit par la main. Que la fièvre quitte la malade quand Jésus la fit lever, que ce miracle contribue à remettre une femme debout, cela rappelle une parole de Saint Irénée : la Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, c’est l’homme debout… C’est dire que Jésus vient remettre l’homme
debout, dans la verticalité pour renouer avec Dieu, dans l’intimité pour être réconcilié avec son humanité. Jésus sort la femme du boulevard des allongés pour lui redonner la vie et la ressusciter littéralement, en faisant pour elle ce que le Père accomplira pour lui-même en le faisant se lever des
morts le troisième jour. Dans cette guérison, le Mystère pascal est déjà lancé !

Que guérie, la femme se mette à servir, voilà une séquence qui mérite attention ! Cela voudrait dire qu’elle ne sert pas parce qu’elle est malade ou que la maladie même, c’est de ne pas servir. Oui, ton vrai mal, c’est de ne pas servir ou de chercher à te servir. Si, au nom de Jésus, tu guéris de l’égocentrisme, et cesses d’exploiter les autres, tu deviendras un vrai serviteur, à l’image de Jésus, Serviteur de Yahvé.

Au total, cette scène domestique nous invite à prendre au sérieux la notion d’Eglise domestique et à réaliser ce que peuvent représenter nos maisons familiales comme des lieux susceptibles d’abriter des manifestations de la puissance salvifique du Christ et l’exercice de la charité dans le service.
De lui-même, Jésus peut bien guérir cette femme mais, comme dans d’autres miracles (cf. Mc 1, 12), il accueille volontiers la médiation des autres : on parle à Jésus de la malade. Les Evangiles cependant gardent ces médiateurs dans l’anonymat pour dire que tout disciple est appelé à s’investir comme médiateur des autres, dans les faits comme dans la prière où il ne s’agit pas de demander pour soi des grâces, ou pire encore des choses, mais d’intercéder pour les autres, comme Christ intercède pour nous auprès du Père.

Prenons encore le temps de visiter un autre site : la porte de la ville. De fait, la porte de la ville dans la culture juive, c’est le lieu où se concentrent différents aspects de la vie de la cité : rencontres (cf. Jb 29, 7), affaires (cf. Gn 23, 11-18 ; Rt 4, 1-11), manœuvres politiques et surtout jugements (cf. Dt 21, 19 ; Jb 5, 4). C’est dire qu’en ce lieu, Jésus se met en position d’accueillir un grand nombre de malades frappé d’une grande diversité de maux. C’est pourquoi l’évangéliste témoigne : la ville entière se pressait à la porte, ou encore, Jésus guérit toutes sortes de malades.

Et vous, vous dites qu’il exagère dans la quantité supposée, comme l’Ancien Testament le fait dans la longévité de Mathusalem. Il exagère sûrement, mais plutôt dans le sens de la réduction de la quantité. En effet, à la porte de la ville, ce jour-là, Jésus convoque toutes les maladies des hommes pour les guérir, tous les esprits mauvais pour les vaincre, et toutes les populations de la planète de tout temps et de tous lieux, pour les sauver de tous les maux possibles et imaginables. Le nombre que Marc laisse entendre est donc de loin inférieur à la puissance de Jésus qui transcende le mal.

J’imagine à quel spectacle on assisterait si les sept milliards d’hommes que nous sommes aujourd’hui sur la planète bleue, nous allions grouiller à la porte de Jésus. Malheureusement, le spectacle n’a pas lieu parce que Jésus n’est pas connu ou reconnu, parce que les hommes pratiquent des religions diverses, dont certaines hostiles au nom de Jésus. De plus, de nombreuses idoles, sans nécessairement fonder de religion précise, drainent des marées de fidèles infidèles. Ces idoles sont : l’argent, le pouvoir, le plaisir, les biens matériels, le confort et la vanité. Elles détournent les hommes et les envoient loin de Jésus, chez le charlatan, le devin, l’astrologue et les divers vendeurs d’illusions.

Toi, mon frère, toi ma sœur, viens avec moi, que nous allions grouiller à la porte de Jésus qui est lui-même la porte (cf. Jn 10, 7.9). C’est lui qui nous délivrera de tout mal et nous rendra notre dignité d’hommes et de femmes, de fils et filles de Dieu !