Homélie de la Toussaint: Vous êtes pour le Bonheur ? Dieu aussi !

Vous êtes pour le Bonheur ? Dieu aussi ! Il se fait notre allié pour nous aider à avancer sur le chemin qui conduit au Bonheur et il nous offre une foule de supporters !

Bonne fête de Toussaint !

Roger

 

 Parmi toutes les réflexions que l’on prête à Einstein, le grand scientifique, il en est une qui me plait particulièrement. Einstein aurait dit que le hasard c’est Dieu qui voyage incognito ! C’est à dire qu’il n’y a pas de hasard et que lorsqu’il nous arrive quelque chose que nous imputons au hasard, en fait, c’est un signe de Dieu. Eh bien, quand j’étais au Burundi, je suis tombé par hasard, c’est à dire, par cadeau de Dieu, sur un petit texte racontant un épisode de la vie de Ste Joséphine Bakhita. Et vous allez voir, c’est un beau cadeau que Dieu m’a fait !

Ste Joséphine Bakhita était originaire du Soudan, elle est née en 1869 et est morte en 1947. Sa vie a été assez particulière puisqu’elle a été esclave pendant une grande partie de sa vie avant de finir religieuse en Italie. Elle sera canonisée par Jean-Paul II en l’an 2000. C’est une sainte que Benoît XVI aime beaucoup citer. C’est donc lui qui raconte cet épisode : Ste Joséphine Bakhita était déjà bien vieille dans son convent quand l’évêque du lieu vient faire une visite. La supérieure le conduit un peu partout dans le couvent et il finit par arriver devant cette vieille sœur à qui il demande : « Ma sœur, qu’est-ce que vous faites de vos journées dans ce couvent ? » Elle lui répond du tac au tac : « la même chose que vous Monseigneur ! » La supérieure est sûrement gênée du toupet de cette vieille sœur et l’évêque, lui, est très étonné par cette réponse , du coup il lui demande de préciser sa pensée : « comment pouvons-nous faire la même chose alors que nous avons des fonctions si différentes ? » Et Ste Joséphine Bakhita, toujours aussi naturellement, lui dit : « Monseigneur, j’espère que tout au long de vos journées, vous essayez de faire la volonté de Dieu, eh bien, c’est ce que j’essaie de faire, moi aussi, à longueur de journée. Vous voyez, nous faisons bien la même chose, vous et moi ! »

Comme j’aime cette histoire ! D’abord parce qu’elle montre la malice de cette vieille religieuse qui donne une bonne leçon à son évêque qui devait sûrement penser que ce qu’il faisait, lui, l’évêque, était bien plus important que ce que pouvait encore faire cette vieille sœur. Mais j’aime aussi cette histoire parce qu’elle donne une très bonne définition de la vie chrétienne. Finalement, c’est quoi un chrétien ? C’est quelqu’un qui essaie de faire, à longueur de journée et à longueur de vie, la volonté du Seigneur. Le problème, c’est que, lorsque je dis ça, cette formule ne résonne pas de manière très positive chez certains et peut-être même chez bien des chrétiens. Faire la volonté de Dieu, ça peut souvent être compris comme renoncer à tout ce que j’aimerais faire pour accepter de faire tout ce que je n’ai pas envie de faire et que Dieu m’impose. Ceux qui ont une telle manière de penser, il est clair qu’ils ont une image complètement faussée de Dieu. Personnellement, je ne croirai jamais en un Dieu qui voudrait absolument m’obliger à faire ce que je n’ai pas envie de faire et, en même temps, qui prendrait un malin plaisir à m’obliger à renoncer à tout ce que j’ai envie de faire. C’est la conséquence du péché en nous qui nous fait souvent voir en Dieu l’ennemi de notre bonheur. C’est pour cela qu’un certain nombre de personnes ont largué la religion, c’est parce qu’ils croyaient que Dieu était un concurrent dans leur vie alors qu’il est un allié. Toute la Bible est tissée de ces histoires qui montre Dieu qui fait alliance avec son peuple et dès que les hommes vont briser cette alliance, lui va s’ingénier à trouver de nouveaux chemins pour proposer une nouvelle alliance. Jusqu’au moment où il enverra Jésus, son propre Fils, sceller une alliance définitive.

Dieu n’est pas le concurrent de l’homme encore moins l’ennemi du bonheur de l’homme, Dieu est notre allié. Sa volonté et il n’en a pas d’autre, c’est que nous soyons heureux. Bien sûr, il nous arrive tous de traverser des épreuves, parfois très lourdes qui peuvent nous faire douter que le Bonheur est pour nous. Mais ces épreuves ne sont jamais envoyées par Dieu, c’est la vie avec tous ses aléas, parfois c’est la conséquence de notre péché, de nos choix tordus, d’autres fois, c’est le péché du monde comme dans l’attenta de cette nuit. Mais Dieu, lui, c’est sûr, il se fait notre allié pour nous aider à avancer sur le chemin du Bonheur.

D’ailleurs, si vous avez écouté attentivement le texte d’évangile, je pense que vous l’avez compris puisque ce mot « heureux » revient 9 fois. Dieu a envoyé Jésus pour qu’il dise de manière très claire que sa volonté, c’est que nous soyons heureux. Du coup, je pense que Ste Joséphine Bakhita aurait pu développer un peu sa réponse à l’évêque qui lui demandait : dans ce couvent que faites-vous ma sœur ? Elle lui répond : la même chose que vous Monseigneur ! Mais, pour être plus explicite, elle aurait pu dire : je suis venu dans ce couvent pour être heureuse, parce que j’ai perçu que c’était là que le Seigneur me donnait rendez-vous pour me combler de bonheur et vous, Monseigneur, vous avez aussi donné votre vie parce que vous avez compris que c’était ainsi que vous seriez heureux. Et maintenant, vous et moi, Monseigneur, à longueur de journées, nous essayons de faire des choix qui soient en cohérence avec notre choix de vie parce que nous savons que c’est dans la fidélité à notre choix que nous ferons la volonté du Seigneur et que nous serons heureux.

Bien sûr, il n’y a pas que les religieuses et les évêques qui ont compris que faire la volonté du Seigneur, c’était le plus sûr moyen de parvenir au Bonheur. Quel que soit notre état de vie, nous sommes appelés au Bonheur, c’est la volonté de Dieu sur nous, sur chacun de nous. Répondre à la volonté de Dieu, ça passe donc par des choix de vie qui seront forcément très différents. Et il est bon de redire qu’il n’y a pas une réponse qui soit meilleure que les autres, qui soit un moyen plus assuré de faire la volonté de Dieu et de parvenir ainsi au Bonheur. Mais, au milieu de la variété des réponses, il y a quand même des constantes et l’évangile si connu des Béatitudes nous le rappelle. Nous ne pourrons pas être heureux au quotidien si nous ne faisons pas des choix qui nous conduisent à devenir toujours plus pauvres de cœur, c’est à dire simples et confiants, à devenir compatissants, doux, ajustés à Dieu, avec des intentions pures, artisans de paix, fidèles quoiqu’il en coûte. Jésus nous a bien balisé le chemin qui conduit au Bonheur, le chemin par lequel, quel que soit notre état de vie, nous pourrons faire la volonté du Seigneur.

Mais évidemment pour vous comme pour moi, même si le chemin est bien balisé, il nous arrive de nous en écarter. Oui, c’est sûr, nous voulons tous être heureux, mais nous ne faisons pas toujours les choix qui conduisent à devenir plus heureux. Finalement, le seul qui ne se soit jamais écarté du chemin du Bonheur, c’est Jésus. Il est le seul à avoir fait de manière permanente la volonté de Dieu sans jamais reprendre un seul instant son oui par un brin d’égoïsme. Alors, si nous voulons avancer plus vite sur le chemin du Bonheur, nous avons besoin d’un guide qui soit vraiment sûr. Prenons Jésus comme guide, ne le lâchons jamais.

Peut-être qu’à certains moments, nous aurons même besoin de plus qu’un guide. Vous savez ceux qui font des courses en très haute montagne, ils prennent ce qu’on appelle des Sherpas, ces montagnards expérimentés et très fort qui vont porter ce qui est trop lourd. Dans notre marche sur le chemin du bonheur, Jésus est tout à la fois ce guide qui nous rassure et ce sherpa qui porte ce qui est trop lourd pour nous.

Et puis nous avons dans le ciel, toute une nuée de supporters qui nous encouragent, ce sont les saints, ceux qui sont parvenus au Bonheur qui n’a plus de fin. Ce sont aussi tous ceux qui nous ont précédés et qui nous ont donné le goût de marcher sur le chemin du Bonheur. Tous ces supporters sont là pour nous soutenir particulièrement quand le chemin du Bonheur semble devenir particulièrement rude. Avec un guide-sherpa comme Jésus, avec tant de supporters, aucun doute, nous le goûterons, chaque jour un peu plus, le bonheur des béatitudes et nous y parviendrons, nous aussi, au Bonheur du ciel auquel Dieu nous appelle tous.