Homélie dimanche 11/10: revêts-nous de l’habit de noce, l’habit de l’amour et de la fraternité

XXVIIIème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE A

Pendant quatre dimanches successifs, celui d’aujourd’hui étant le dernier,
Jésus s’attaque à un trait de mentalité de ses auditeurs juifs. La mentalité en question consiste à dire : “c’est nous le peuple élu, nous, les premiers appelés de Dieu”. Jésus ne conteste certainement pas le fait, mais il constate qu’ainsi convaincus, ses concitoyens ne font plus rien pour mériter ce privilège par la conversion du cœur, mais s’en font un complexe qui les amène à dormir sur leurs lauriers et à mépriser les autres. En dénonçant cette mentalité, Jésus révèle le dessein universel du salut de Dieu.

Dans la parabole de ce jour, dite du festin nuptial, seuls les derniers
invités remplissent la salle des noces tandis que les premiers invités trouvent mille excuses pour s’absenter. Dans la parabole du dimanche dernier, les vignerons qui remettent le produit de la vigne en temps voulu, ce sont les derniers, à la différence des premiers, exterminés pour leurs crimes et leur égoïsme. Dans la parabole des deux enfants envoyés à la vigne, celui qui dit “oui, j’y vais”, n’y va pas, mais y va celui qui, au départ dit non et se repent ensuite. Enfin, dans la parabole des ouvriers de la dernière heure, le maître de la vigne, après les premiers ouvriers, ne cesse d’en recruter jusqu’à une heure tardive du jour, et les derniers comme les premiers reçoivent le même salaire.

Intéressons-nous maintenant à la parabole de ce jour, qui gravite autour
des thèmes de repas et de noces. Les noces expriment non l’union d’un homme et d’une femme, mais celle de son fils que Dieu unit à l’humanité par l’Incarnation de son Verbe Eternel. Ces noces signent aussi la réconciliation entre Dieu et l’homme, obtiennent le pardon du péché d’Adam et de ses fils et font entrer ceux-ci dans l’ère nouvelle de la filiation divine. Pour ces noces, Dieu investit tout le trésor de son cœur, et ses envoyés, les prophètes, portent à Israël la carte d’invitation de façon répétée. Mais Israël se montre rebelle, ce qui n’arrête pas Dieu qui lance l’invitation aux autres nations. Celles-ci répondent massivement et prennent dans la salle de noce la place des premiers appelés.
Peu importe que les uns soient appelés avant ou après les autres, l’essentiel c’est que chacun soit en habit de noce.

Ah ! L’habit de noce ! On aurait bien voulu que la parabole d’aujourd’hui
se termine avec le remplissage de la salle des noces par les mauvais et les bons rencontrés aux croisées des chemins. Malheureusement on doit compter avec le fâcheux incident final de l’homme qui entre dans cette salle sans porter l’habit de noce. Il pense, pour entrer dans le Royaume, n’avoir pas besoin de se convertir, de changer quoi que ce soit de sa vie passée, ou alors il croit que, une fois entré, il pourra se défaire allègrement de l’habit de noce et renouer avec le vieil homme (cf. Col 3, 9).
Seigneur, nous craignons. Plus encore, nous avons peur. Nous avons peur
que cet homme, ce ne soit nous, comme Nathan l’a révélé à David (cf. 2 S 12, 7) au jour de son péché. De fait, nu, nous sommes sortis du sein maternel (Jb 1, 21), et si nous avions continué de rester nu, tu nous aurais revêtus de l’habit de noce, comme tu fis à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtis (Gn 3, 21) dans le jardin du péché. Mais comme Adam et Eve devant leur commune nudité, nous avons cousu, des feuilles de figuier pour nous faire des pagnes (Gn 3, 7). Nous avons encombré, ô misère, nos corps des habits de la honte, de la précarité, de la vanité et de l’orgueil. Nous n’avons pas compris que
nous sommes tous frères, comme nous y invite le Pape François dans sa
récente lettre encyclique, FRATELLI TUTTI, et nous nous sommes revêtus de l’habit de la haine et du mépris.

Seigneur, ce jour-là, comme à Aaron, enlève nos habits sales (cf. Za 3, 3-4), revêts-nous de l’habit de noce, l’habit de l’amour et de la fraternité, et trouve-nous un coin dans un angle de ta table, pour que nous participions au festin dans ton Royaume, pour les siècles des siècles. Amen !