Homélie dimanche 14/01/2018

Je rentre de La Flatière, ce Foyer de Charité en plein milieu de la neige, où j’ai prêché une récollection pour les personnes accompagnant les malades à Lourdes.

Evidemment, cette homélie est colorée par le thème de la récollection : devenir des disciples-missionnaires.

Bonne semaine

Roger

 

Avec cette messe, nous voici donc parvenus à la dernière étape de cette halte spirituelle au cours de laquelle nous avons accueilli l’invitation du pape François à devenir des disciples-missionnaires. J’aimerais profiter de cette homélie pour dire encore tout ce que je peux afin que nous soyons toujours plus convaincus de l’importance de cette mission et aussi pour que nous soyons mieux armés pour la vivre.

 

J’avais commencé par là jeudi soir en citant le n° 120 de Evangelii Gaudium, je finirai en reprenant aussi ce texte, mas rassurez-vous je dirai aussi un mot des textes entendus. Rappelez-vous dans ce numéro, le pape disait : « En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple-missionnaire. » Et j’avais souligné la force de cette formule, le pape ne disait pas : il faudrait que vous deveniez des disciples-missionnaires, il faut que vous fassiez des efforts pour devenir disciples-missionnaires, non il dit : le Baptême vous a constitué disciples-missionnaires. Un peu comme Jésus dit : vous êtes la lumière du monde, vous êtes le sel de la terre. Il ne dit pas : il faudrait que les chrétiens deviennent sel et lumière, il dit : du fait que tu es chrétien, tu es sel, tu es lumière. C’est ton identité, tout comme le fait d’être disciple-missionnaire, c’est ton identité depuis ton Baptême, alors laisse ce don que tu as reçu se déployer, ne l’étouffe plus.

 

Et l’enjeu est véritablement grand, d’abord, il y va de la survie de l’Église, au moins en Europe. Jésus pose la question : le Fils de l’homme quand il viendra trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? Mais si nous voulons devenir ces disciples-missionnaires, ce n’est pas pour nous transformer en agents recruteurs, c’est parce que nous sommes convaincus que permettre à tous ceux qui nous entourent de rencontrer Jésus, c’est ce qui pourrait leur arriver de mieux. Jésus a dit : Je suis venu pour que les hommes aient la vie et la vie en abondance. Conduire à Jésus, c’est conduire à la Vie, à l’épanouissement, à la pleine réalisation de soi. Tout cela, nous le savons, les gens y aspirent tous, mais, hélas, ils ne prennent pas le bon chemin pour y parvenir. Devenir d’ardents disciples-missionnaires, c’est le plus grand acte de charité que nous puissions poser à l’égard de notre monde.

 

Pour devenir ces disciples-missionnaires, nous nous sommes mis au cours de cette retraite à l’école de Pierre et de Paul puis de Marie. Ayant écouté les textes de ce jour, nous voulons encore nous mettre à l’école de 4 autres grandes figures : le prêtre Eli, le petit Samuel, Jean-Baptiste et André. Mais rassurez-vous, je ne vais pas développer ce que chacun de ces 4 témoins peut nous apprendre si nous nous mettons à son école, je ne garderai pour chacun qu’un seul enseignement à tirer. Et je vous invite désormais, chaque matin, quand vous lisez les textes du jour, parce que j’espère que, chaque matin, vous lisez les textes du jour, je vous invite à prier le Saint Esprit pour qu’il vous donne de découvrir le ou les conseils que ces textes vous donnent pour devenir des disciples-missionnaires plus convaincants, plus enthousiastes et quand le Saint-Esprit vous l’aura fait comprendre, demandez-lui sa force pour pouvoir le vivre. Si toutes nos journées commencent ainsi, c’est sûr que peu à peu le Saint Esprit nous façonnera ces cœurs de disciples-missionnaires et vous verrez ça finira par bouger autour de nous !

 

Alors commençons à nous mettre à l’école de Samuel. Vous avez entendu ce qu’il répond au Seigneur sur les conseils du prêtre Eli : parle Seigneur, ton serviteur écoute ! J’aime bien reprendre cette boutade, nous nous avons mal lu le texte, pas bien retenu ce que disait Samuel alors nous nous servons de tous les mots de la prière de Samuel mais nous ne les mettons pas dans le bon ordre. Nos prières, c’est souvent : écoute Seigneur, ton serviteur parle ! Nous mettre à l’école de Samuel, c’est vouloir commencer toutes nos journées en nous mettant à l’écoute du Seigneur pour devenir d’authentiques disiples-missionnaires et ensuite, à l’image de Marie, garder sa Parole dans nos cœurs tout au long de la journée pour qu’elle puisse faire en nous et par nous ce qu’elle dit.

 

Mettons-nous ensuite à l’école du vieux prêtre Eli. C’est lui qui va aider Samuel à reconnaître la voix du Seigneur, à entendre son appel et à répondre de la manière la plus juste. Soyons des Eli pour tous ceux qui nous entourent. Il est évident que le Seigneur ne parle pas qu’à un petit groupe de privilégiés, sa parole d’amour rejoint chacune de ses créatures. Mais il y a tant et tant de ses paroles qui se perdent parce que ceux qui les entendent, n’étant pas des familiers du Seigneur, ne reconnaissent pas sa voix, ne sont pas capables de comprendre qu’à travers tel événement, telle personne, c’est le Seigneur lui-même qui leur parle. Vivre en disciples-missionnaires, c’est acquérir une telle familiarité avec le Seigneur que nous deviendrons capables d’aider ceux qui nous entourent à reconnaître sa voix, à entendre ses appels et à y répondre.

 

L’évangile nous a donné d’entendre ce merveilleux passage dans lequel Jean-Baptiste donne ses disciples à Jésus. Ce point a tellement impressionné Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars qu’à sa confirmation, il a rajouté Baptiste à son prénom. Il signera jusqu’à la fin de sa vie : Jean-Baptiste-Marie Vianney. Il voulait ainsi signifier que sa mission était de conduire à Jésus tous ceux qui viendraient à lui. Et c’est ce qu’il a fait, jamais il n’a attaché à sa personne ceux qui venaient en pèlerinage à Ars et Dieu sait s’il y en a eu. Voilà la mission du disciple-missionnaire : ne jamais se mettre au centre, s’effacer aussi vite qu’il est possible pour que ceux qui viennent à nous, nous puissions les conduire à Jésus car c’est lui et lui seul qui peut leur faire du bien, qui peut vraiment prendre soin d’eux.

 

Enfin, c’est aussi à l’école d’André que nous devons nous mettre. André qui n’a passé que quelques heures avec Jésus et qui devient immédiatement disciple-missionnaire en allant trouver son frère Pierre et en témoignant de ce qu’il a vécu auprès de Jésus. On aimerait bien devenir comme André pour que ça marche aussi bien et aussi vite pour nous ! On aimerait bien qu’à chaque fois que nous parlons de Jésus, qu’à chaque fois que nous témoignons de notre foi ceux qui nous écoutent puissent, aussi vite que Pierre, se mettre en route vers Jésus. Mais hélas, nous constatons que bien souvent ceux qui nous entourent restent indifférents, on a l’impression qu’ils n’ont pas soif. Mais vous savez comment on fait boire un âne qui n’a pas soif ? On le met au milieu d’un troupeau qui boit ! Peut-être que ceux qui nous entourent n’ont pas soif parce qu’ils ne nous voient pas boire à cette source de l’amour assez souvent, ils ne nous voient pas boire avec assez d’empressement et peut-être surtout parce qu’ils ne voient pas que c’est là que nous trouvons notre plus grand bonheur.

 

Que le Saint Esprit nous donne de pouvoir devenir ces disciples-missionnaires enthousiastes. Vous savez qu’enthousiastes, c’est un mot qui vient du grec : en-theou, on devient enthousiaste quand on reste en Dieu et si on reste habité par la présence du Seigneur, nous deviendrons ces arches d’Alliance qui font danser tous ceux qui croisent leur chemin.