Homélie dimanche 18/10/2020: rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu

XXIX ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE A

L1 : Is 45, 1-6 ; Ps 96(95) ; L2 : 1 Th 1, 1-5 ; Evangile : Mt 22, 15-21.

Avec l’évangile d’aujourd’hui semble s’arrêter momentanément la série des paraboles que les lectures liturgiques étalent sur les quatre derniers dimanches. Dans lesdites paraboles, avons-nous expliqué dimanche dernier, Jésus s’attaque à une certaine mentalité de ses concitoyens et surtout des autorités juives qui se considèrent comme les premiers appelés de Dieu et qui, pour cette raison, se gonflent d’orgueil et méprisent les autres ; pire ils ne se décident pourtant pas à se convertir, mais cherchent le moyen de l’arrêter. Pour ce projet, le seul facteur gênant, c’est que les foules tenaient Jésus pour un prophète (Mt 21, 46). Qu’à cela ne tienne, ils chercheront le moyen de contourner la foule pour l’arrêter. Il suffira de le
faire tomber dans un piège et de le prendre en défaut par rapport à la Loi.

Ils élaborent ce projet pervers et y persévèrent au point de tramer un troisième piège après l’échec des deux premiers. Cela nous rappelle que Satan entreprend par trois fois de tenter Jésus, exactement comme les hommes maintenant décident par trois fois de lui tendre des pièges.
C’est le premier piège que nous rapporte l’évangile d’aujourd’hui, préparé par des pharisiens en complicité avec des partisans d’Hérode. Cette délégation du diable, après une approche truffée de flatteries mensongères, pose à Jésus la question suivante : est-il permis ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? Pour un premier piège, ce n’est pas mal trouvé ! En effet, la délégation comporte des disciples de pharisiens, donc des patriotes inflexibles, et des partisans d’Hérode représentant de l’empereur dans une Palestine occupée. Les Hérodiens auraient été satisfaits si Jésus avait répondu : “payez l’impôt”, mais alors les disciples des pharisiens auraient crié au scandale car, en cautionnant la présence du pouvoir d’occupation en Palestine, Jésus n’aurait plus été en mesure de réclamer le titre de Messie et de descendant de David, et le peuple l’aurait automatiquement désavoué. Par contre, il serait revenu aux deux camps de jubiler en chœur, pour des intérêts divergents, et de dénoncer Jésus comme un agitateur et un rebelle, s’il avait répondu : “ne payez pas l’impôt”.

Mais Jésus, en leur répondant : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » ne se contente pas d’échapper à un piège ou à un autre, il sait que de toute façon, il n’échappera pas à tous, et qu’il sera arrêté un jour. Ce qui l’intéresse, c’est que, dans le piège ou en dehors, il donne un enseignement. A première vue, on peut en relever les thèmes de l’Eglise et la politique ou du chrétien et la politique, ou encore du Chrétien dans la cité. Sur ces thèmes, l’enseignement de l’Eglise est assez consistant et là-dessus, le plus haut niveau du Magistère est à chercher dans le Concile Œcuménique Vatican II, tout particulièrement dans la Constitution Pastorale Gaudium et Spes (qui se traduit : Les joies et les espoirs de notre temps).

Intéressons-nous à la question de savoir comment on en est arrivé à la distinction entre Dieu et César. En effet, au commencement, il n’y a que Dieu régnant sur le Jardin d’Eden où l’homme lui est soumis. Cependant, nous en sommes arrivés à cette triste réalité que saint Augustin traduit ainsi : Deux amours ont bâti deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de
Dieu, la cité de la Terre, l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité de Dieu. Cette formule laisse entendre l’histoire du drame des deux royaumes en nous ramenant au récit de la Genèse, à ce malheureux incident où l’homme, sous l’inspiration du Serpent, se convainc que pour dominer la terre, il faille, de jalousie, se rebeller contre celui qui justement l’y avait établi gratuitement comme dominateur sur tout (cf. Gn 1, 28). Alors que le régime de soumission à Dieu lui assure cette domination, celui de la rébellion la lui enlève sans remède.

De là, on comprend la grande lutte que Jésus livre contre le péché en brisant ses conséquences par ses différents miracles et en s’attaquant directement à lui par l’obéissance qui le conduit à la mort et la mort de la croix (Ph 2, 8). Le royaume de Dieu arrivera, non par fusion de
royaumes, mais quand, en suivant l’exemple du Christ, les chrétiens, par leur témoignage de vie, détermineront César à se soumettre à Dieu.

Que la Très Sainte Vierge Marie, Etoile de l’évangélisation et Consolatrice des affligés, disciple missionnaire de son Fils Jésus, continue d’intercéder pour nous et de nous soutenir.