Homélie dimanche 25/04/21: le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien

QUATRIEME DIMANCHE DE PAQUE
DIMANCHE DU BON PASTEUR

L1 : Ac 4,8-12 ; Ps : 118(117) ; L2 : 1 Jn 3,1-2 ; Evangile : Jn 10,11-18.

Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien (Ps 23(22),1.

Le quatrième dimanche de Pâque est connu et célébré dans l’Eglise catholique comme le Dimanche du Bon Pasteur, non parce que l’Eglise l’institue tel et demande à la liturgie d’illustrer le thème par des textes bibliques adéquats, mais parce que la liturgie propose pour ses trois cycles des passages du quatrième Evangile où Jésus parle de lui-même comme Bon Pasteur. La priorité de ce jour pourrait consister à écouter la voix du Bon Pasteur et à méditer sur son profil. Pour ce faire, nous allons nous poser successivement deux questions.

La première : quel est le problème du troupeau pour qu’il ait besoin d’un bon pasteur ?
Des problèmes multiples. D’abord, des problèmes d’ordre personnel : le troupeau ne
se suffit pas à lui-même et a besoin qu’on lui fournisse un pâturage et qu’on l’y guide. De plus, par caprice et par faiblesse, il a tendance à faire des options qui lui sont nuisibles, discernant mal ce qui est bien ou mal. Ensuite, il a problème avec l’environnement qui lui réserve des loups voraces. Le pire enfin, c’est d’avoir des problèmes avec le pasteur lui-même, en ceci que parmi les nombreux pasteurs à se proposer, un bon nombre ne connaît pas les brebis et ne s’investissent que pour manger leur chair, traire leur lait, et les tondre pour se vêtir de leur laine, ne recherchant pas la brebis égarée, ne soignant pas les malades, ne fortifiant pas les faibles. De plus, la multiplicité de la voix des pasteurs est propre à embrouiller les brebis et à les diviser entre elles, et le plus tragique, c’est que, suite à l’abandon du pasteur, les brebis se retrouvent sans défense à l’approche du loup ou du voleur
qui vient pour voler, égorger et faire périr (Jn 10,10).

Il se fait donc que, à cause de ses fragilités, le troupeau a besoin de pasteur, mais pas
de n’importe lequel, il a besoin du Bon Pasteur. Où le trouvera-t-il ? Qui répondra le mieux au profil du Bon Pasteur ? Et voici Jésus qui dit : je suis le bon Pasteur.

A lui s’adresse la deuxième question : quel est le problème du Pasteur pour qu’il se
propose pour faire paître le troupeau ?

Le Bon Pasteur n’a aucun problème personnel, car de lui-même, il est tout-puissant. Il
n’a pas de problème non plus avec l’environnement, car c’est lui le Verbe par qui tout a été créé (Jn 1,3). Mais c’est connu le problème qu’il a avec certains pasteurs qui, entre-temps, se sont ligués pour dire : cet homme fait beaucoup de signes, si nous le laissons ainsi, tous croiront en lui… (Jn 11,47c-48a). Ils ont tramé sa mort, mais il est ressuscité pour que s’accomplissent les Ecritures : pourquoi ces nations en tumulte et ce vain murmure des peuples ? Celui qui siège dans les cieux s’en amuse, et les tourne en dérision (Ps 2,1-4). Pour être pasteur du troupeau, Jésus se présente comme le seul candidat fiable, le candidat unique qui élimine tout opposant. Effectivement, l’adjectif dans l’original grec, c’est « kalos » qui signifie beau. Il faudrait donc traduire le beau pasteur. Ce n’est qu’une simple remarque, pas de débats autour.

Qu’il suffise de savoir que beauté ici ne renvoie pas à la proportion des formes, mais à l’adéquation du pasteur à remplir sa mission. En examinant quelques attributs de ce pasteur, on ne peut que conclure à sa beauté qui fait en même temps sa bonté.

Premier attribut, le pasteur est mort. Que cela lui soit arrivé, voilà un indice de sa beauté. Non pas que la mort elle-même soit belle, ni qu’il soit beau de mourir, mais le Pasteur qui accepte de mourir est beau quand il offre sa vie pour le troupeau et illustre le principe émis par lui-même : il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (Jn 15,13). Sa mort n’est pas un gain seulement pour le troupeau, mais aussi pour Jésus lui-même car, deuxième attribut, le Père le ressuscite des morts et le revêt de la lumière de la victoire et de la splendeur du vainqueur. Christ se trouve désormais en position de donner à son troupeau la vie qui ne finit pas. Troisième attribut, le Ressuscité connaît son troupeau et sa connaissance du troupeau entraîne la connaissance que le troupeau a de lui. Cette connaissance réciproque ne revient pas à un fait intellectuel ou notionnel, mais elle renvoie à
une communauté de vie basée autant sur l’amour que sur l’intelligence, à une connaissance existentielle, à une communion des cœurs dans le vivre et dans l’action et donc à une vie d’unité animée par l’action du Bon Pasteur, comme quatrième attribut. En lui, les brebis n’entendent plus qu’une seule voix, il n’y a qu’un seul pâturage, une seule voie d’accès. Le troupeau vit dans un enclos, mais si contradictoire que cela puisse paraître, cet enclos n’est pas clos, mais ouvert à d’autres brebis, galeuses ou non, sans discrimination.

Et nous aujourd’hui, à quoi nous engageons-nous lorsque nous parlons de Jésus en
termes de Bon Pasteur ?

Nous les pasteurs de l’Eglise, nous ne pouvons pas appeler Jésus Bon Pasteur sans
remettre en question la qualité de notre ministère, sans nous demander si aujourd’hui, nous donnons notre vie ou si nous la gagnons, et si, à l’image du Bon Pasteur, nous sommes prêts à verser notre sang.

Et vous les fidèles, vous ne pouvez pas appeler Jésus Bon Pasteur sans revoir votre qualité d’écoute de ce Pasteur et sans améliorer votre obéissance à sa voix.
Toujours est-il que, pasteurs et brebis, nous sommes des brebis pour le seul Bon
Pasteur, sous son guide unique. De plus, nous sommes tous pasteurs parce que chacun est invité à donner sa vie pour les autres. Enfin, l’exemple de vie de chacun est un véritable guide pour les autres, selon qu’il les entraîne vers le Christ ou vers l’Adversaire.

Puissions-nous tous nous remplir de cette confiance dans le Bon Pasteur, qui nous
fasse chanter avec le psalmiste : le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien (Ps 23(22),1.