Homélie dimanche 26/02: Pour retrouver la forme, il y a encore mieux que 5 fruits et légumes !

On raconte qu’un jour un professeur est arrivé devant ses étudiants avec une feuille de papier blanche sur la quelle il y avait uniquement un petit point noir. Il a demandé à ses élèves de sortir à leur tour une feuille de papier et un stylo et il leur a demandé d’écrire ce qu’ils voyaient et ce que ça leur suggérait. Quand ils ont eu fini, le professeur a ramassé les copies et a commencé son enseignement, selon le programme prévu. Le cours suivant, il revoit ses élèves, il leur explique qu’il a lu attentivement ce qu’ils avaient écrit et qu’il aimerait en parler un moment avec eux parce qu’il était convaincu que leur avenir dépendait en grande partie de ce qu’ils avaient écrit. Il leur annonce donc qu’il va leur donner une synthèse de leurs copies, synthèse qu’il n’a pas de mal à faire : vous avez tous vu, en premier, un point noir, la plupart d’entre vous n’ont vu d’ailleurs que ce point noir ! Certains ont essayé d’imaginer ce qu’il pouvait représenter, certains rêvaient même d’avoir un microscope pour l’agrandir afin que ce point noir puisse livrer tous ses secrets. Mais, c’est étonnant, poursuit-il, personne n’a vu une page blanche. Or c’est forcément le plus visible puisque la page planche occupait 99,99% de la surface et le point seulement 0,01% de cette surface. Comment se fait-il que votre œil n’ai été attiré que par ce point noir, on peut dire cette tache microscopique et qu’il n’ait pas souligné la blancheur quasi impeccable de cette feuille de papier ? A partir de là, il en a profité pour les inviter à ne pas se focaliser sur les difficultés de la vie. La plupart du temps, elle ne sont qu’un point noir au milieu d’une page blanche, un vrai point noir mais qui ne recouvre pas la page blanche, loin s’en faut !

Certains diront que ce professeur était trop optimiste et que finalement il n’est qu’un énième promoteur de la méthode Coué. Vous avez sûrement entendu parler de cette théorie, mise au point par le psychologue Coué, qui affirme qu’on ira mieux si on arrive à se convaincre que ça ne va pas si mal ! En fait, je pense que ce professeur avait totalement raison et que, de manière habituelle, nos regards sont tordus par rapport à ce que nous vivons. Certes, nous pouvons avoir des problèmes, parfois même de gros problèmes, mais il serait bon de reconnaître que, pour autant, tout n’est pas problème dans notre vie, dans le monde.

Il me semble que c’est l’une des leçons que l’on peut tirer de cet évangile dans lequel Jésus va utiliser 6 fois le mot souci. Il y a des personnes qui fonctionnent comme de véritables machines à fabriquer des soucis, un peu comme ces étudiants qui ne voyaient que le point noir sur la feuille blanche ! C’est pour nous sortir de cette manière si toxique de voir la vie que Jésus nous invite à élever nos regards vers le Père du ciel et à reconnaître qu’il a quand même bien réussi son coup. Regardez, dit Jésus, avec tous les oiseaux qu’il y a dans le ciel, chacun arrive à trouver sa nourriture, c’est quand même extraordinaire ! Et puis aucun grand couturier n’arrivera à égaler le talent de Dieu qui a habillé les lys des champs et toutes les autres fleurs de manière si somptueuse. Et c’est bien vrai quel déploiement de merveilles dans la nature pour qui sait l’observer.

 Je vous invite à lire ou à écouter un texte magnifique qu’on trouve facilement sur internet qui s’appelle le memorandum de Dieu. Si vous ne savez pas aller sur internet, demandez à vos petits enfants de vous chercher ce document, ça fera une excellente occasion de discussion avec eux ! J’ai souvent donné ce texte à des détenus qui n’en pouvaient plus, ils m’ont toujours remercié. Ce récit commence par tous les griefs qu’on peut avoir contre Dieu, tous nos soucis qui gâchent notre vie. Sans rien nier de cela, le texte nous invite ensuite à prendre de la hauteur pour contempler l’œuvre de Dieu, et c’est à vous couper le souffle.

Il dit par exemple : « Porte ta main à ta poitrine, écoute le rythme de ton coeur et ses pulsations. Heure après heure, jour et nuit, 36 millions de battements par année, année après année, endormi ou éveillé, faisant circuler ton sang dans plus de 100 mille kilomètres de veines, d’artères et de capillaires pompant plus de 2 millions 730 mille litres chaque année. L’homme n’a jamais été capable de créer une machine semblable. Ou encore le sang : Dans tes 5 litres 70 de sang, il y a 22 milliards de cellules conte- nant chacune des millions de molécules dans lesquelles se trouvent des atomes oscillant plus de 10 millions de fois par seconde. Chaque seconde, 2 millions de tes cellules sanguines meurent pour laisser la place à 2 millions de nouvelles cellules dans un processus de résurrection continuelle depuis ta 1° naissance. » Et le texte passe en revue comme cela toutes les merveilles que Dieu a déployé et ne cesse de déployer pour que nous puissions être vivant. Vraiment, à chaque fois que j’écoute ce texte, j’en ai les larmes aux yeux tellement je mesure combien Dieu s’occupe de tout dans les moindres détails. Alors, bien sûr, dans cette complexité, on ne peut pas s’étonner qu’il y ait parfois une panne, un désordre ? C’est le fameux point noir de la feuille blanche, et il peut être douloureux, mais il n’empêche que tout le reste est vrai.

Attention, ne vous méprenez pas, je ne suis pas en train de nier les problèmes que peuvent rencontrer certaines personnes, je voudrais seulement reprendre l’appel de Jésus à la confiance. Même lorsqu’on connait des difficultés, on peut rester dans la confiance. Et pour retrouver la confiance, Jésus nous propose d’élever nos regards vers le Père du Ciel afin de contempler sa création, c’est ce qui nous aidera à nous tenir dans la confiance. Toutefois, si Jésus bouscule ceux qui se font trop de soucis, je ne pense pas qu’il invite à l’insouciance. Et je voudrais le montrer de deux manières différentes.

  • D’abord, il prend l’exemple des oiseaux. Avez-vous regardé des oiseaux ? Ils n’arrêtent pas une seconde, ils n’arrêtent pas d’aller et venir pour construire un nid pour chercher de la nourriture pour eux et leurs petits. Mais, c’est vrai, malgré leur intense activité, les oiseaux n’ont pas de cheveux blancs ! Vous voyez, vivre dans la confiance à la manière des oiseaux du ciel, ce n’est pas se laisser aller. Non, il s’agit bel et bien de se décarcasser, mais en restant dans la confiance, précisément parce que nous croyons que le Père du ciel veille sur nous. Que craindre avec un Père, bricoleur de génie, capable de faire tourner une création aussi complexe ? Surtout que ce Père génial, Isaïe, dans la 1° lecture, nous disait qu’il est un père qui aime comme une mère. Comment ne pas se tenir dans la confiance ?
  • Pas d’insouciance non plus car le fait que, sans cesse, dans cet évangile, Jésus parle du Père du ciel nous renvoie aussi  la solidarité des frères. Quand il y a un Père, il y des frères. Et c’est l’autre raison pour laquelle confiance n’est pas insouciance. Notre Père nous aime avec un cœur de mère et il compte ensuite sur les frères pour que personne ne soit dans une situation impossible. Mais voilà, aujourd’hui la fraternité perd du terrain et c’est pour cela qu’il y a tant d’hommes qui se font du souci. Je l’ai déjà dit plusieurs fois : comme je regrette qu’au fronton de nos édifices publics, la devis républicaine soit écrite dans ce sens : liberté, égalité, fraternité. Si on veut que le monde aille mieux, il faut complètement la renverser, c’est la fraternité qui doit être en premier. C’est parce que la fraternité va mal que tant de personnes sont plongées dans des soucis épouvantables. Et le pire, c’est que Dieu est mis en accusation, dans ces situations. Mais, lui, il n’a pas raté son coup, la création tient la route. Il a été un Père génial, le drame, c’est que ses enfants ne veulent pas vivre en frères. Et comme tous les pères dignes de ce nom, il est le premier à souffrir terriblement de cette indifférence de tant de ses enfants à l’égard de leurs frères. A n’en point douter, le Père du ciel, lui il tient la route mais, trop souvent, ce sont les frères de la terre qui ne sont pas au top.

Le carême va commencer cette semaine. Si vous cherchez une résolution pas trop compliquée et qui vous fasse du bien, je vous propose celle-là. Vous savez que pour être en bonne santé, il faut manger 5 fruits et légumes, eh bien, pour être en bonne santé spirituelle, il ne faut pas s’endormir avant d’avoir rendu au grâce au Seigneur pour 5 choses positives de la journée. Je vous promets d’être en forme à Pâques si vous appliquez le traitement !

Père Roger Hébert

Pour écouter le memorandum de Dieu, vous pouvez visiter le lien suivant:

https://www.youtube.com/watch?v=k9epWECic58