Les vacances se finissent ! J’ai été heureux de ce temps de vacances, reposant, ressourçant, studieux … je suis aussi très heureux de reprendre puisque, comme l’écrit un prêtre de la Drôme, je fais le plus beau métier du monde !
P. Roger
Évidemment, quand on entend cet évangile, on a tous la même réaction : c’est pas à moi que ça arriverait de trouver un trésor ! Parce que ça mettrait bien du beurre dans nos épinards si nous trouvions un trésor. Chez moi, en tout cas, ce ne sont pas les projets qui manquent pour utiliser une cagnotte imprévue ! Dans 6 semaines je pars au Burundi pour un mois de mission, ils seraient très heureux que je leur fasse profiter d’une partie du trésor. Et puis, j’ai des gros projets pour une de mes églises avec les salles attenantes, il y aurait besoin d’une sérieuse restauration et d’aménagements, le coût est évalué à 250 000 euros. Vous voyez, trouver un trésor, ça m’arrangeait bien et vous aussi j’imagine !
Eh bien, je vous annonce une bonne et une mauvaise nouvelle ! Je ne sais pas dans quel ordre vous avez envie que je vous les partage. Allez, on va commencer par la bonne ! Trouver le trésor dont il est question dans l’évangile, c’est à la portée de chacun de nous, il n’y a pas que les veinards qui parviendront à trouver ce trésor, non, chacun de nous peut y parvenir. La mauvaise : ce trésor, il ne se monnaie pas en euros. Donc pour mon église et pour aider les burundais, il faudra que je cherche d’autres filons !
Trouver le trésor, c’est à la portée de tous, parce que le champ dont il est question dans ce texte, c’est le cœur de chacun, du moins c’est ainsi que je lis cette parabole. Dans le cœur de chacun de nous, il y a un trésor caché. J’aime beaucoup ce chant qui dit : “je te bénis mon créateur pour la merveille que je suis, tous ces trésors au fond de moi que tu as mis sans faire de bruit.” Oui, au fond du cœur de chacun de nous, Dieu a mis un trésor et c’est pour cela que le chant a bien raison de dire que nous sommes des merveilles. Nous ne sommes pas des merveilles en raison de nos capacités ou de nos prouesses dans la vie, nous sommes des merveilles parce que nous sommes porteurs de ce trésor que Dieu a mis au fond du cœur de chacun de nous.
Le problème, c’est que ce trésor, nous ne le voyons pas. En effet, Dieu l’a mis au fond de nos cœurs et le drame, c’est que nous, nous vivons trop souvent à la superficie de nos cœurs. Dans la parabole, pour que l’homme trouve le trésor, il a fallu, j’imagine, qu’il laboure, qu’il retourne la terre ; s’il avait été posé sur la terre, il y a belle lurette qu’il aurait été trouvé ! Ainsi donc, tous ceux qui ne vivent qu’à la surface de leur vie, tous ceux qui ne sont attirés que par le superficiel, tous ceux qui ne prennent jamais ou pas assez le temps de creuser, ceux-là vivront toute leur vie avec un trésor enfoui sans le savoir et donc sans pouvoir en profiter ni en faire profiter les autres.
Je trouve que c’’est vraiment bien que ce texte nous soit donné au cœur de l’été, parce que l’été, même si nous ne sommes pas forcément en vacances, le rythme de nos vies est quand même moins bousculé que dans l’année. Nous avons donc un plus de temps pour creuser. Il est assez fréquent, qu’en été, les gens s’arrêtent dans une église pour la visiter et, si le climat est propice, certains s’assoient, font brûler un cierge, renouent avec la prière. Dimanche dernier, je suis allé célébrer avec les moines de Tamié, j’ai été étonné de voir que l’église était archi-comble. On le voit bien, en été, certains retrouvent le chemin de la messe et ils le font d’autant plus facilement quand la messe est célébrée dans un haut-lieu. Voilà une belle manière de creuser !
En été, on a aussi plus de temps pour lire, alors c’est sûr, les romans se vendent comme des petits pains en été, mais pourquoi ne pas prendre le temps de lire, chaque jour, un texte de la Parole de Dieu, au moins l’évangile du jour, et pourquoi ne pas aller plus loin et lire tout un évangile ? L’évangile de Marc se lit en moins de 3 heures : est-ce impossible de trouver 3 heures à la suite dans toute la période de l’été ?
Bref, à chacun de voir quel moyen il peut prendre, mais l’essentiel, c’est de creuser, de trouver des moyens pour ne pas rester à la superficie de sa vie, à la superficie de son cœur. Maintenant, vous m’écoutez depuis un moment et une question vous brûle peut-être les lèvres : ok, en entendant tout ça, on pourrait reprendre envie de creuser, mais le trésor qu’on va trouver, c’est quoi ?
Depuis notre Baptême, nous sommes Fils de Dieu, ceux qui ne sont pas baptisés le sont aussi, mais, comme ils ne le savent pas, ça ne leur sert à rien ! Nous sommes Fils de Dieu, Paul en tirera la conclusion qui s’impose : nous sommes donc les héritiers de Dieu. Normalement, on hérite à la mort des parents, mais avec Dieu, cette disposition pose problème puisqu’il est éternel ! Alors, il a tout prévu : nous avons accès dès maintenant à l’héritage de notre Père du ciel. Est-ce que vous imaginez un peu le pactole ? Encore une fois, ce pactole ne se mesure pas en euros puisque la richesse de Dieu, elle est une richesse en amour. Mais la fortune de Picsous à côté de la fortune d’amour de Dieu, c’est un grain de sable ! Et nous, nous sommes héritiers, dès maintenant, de cette fortune, c’est pas une bonne nouvelle ça ? Parce que, reconnaissons-le, en matière d’amour, nous sommes tous un peu radins ! Oui, de l’amour, nous en donnons, mais en calculant pas mal, en vérifiant si ceux à qui on le donne le méritent vraiment. Remarquez, on comprend pourquoi on est tous plus ou moins radins en amour : nous avons tellement peu d’en manquer que nous économisons, c’est pour cela que nous mesurons sans cesse l’amour que nous donnons. Mais puisque maintenant, nous savons que nous sommes les héritiers d’une fortune colossale d’amour, alors, tournée générale ! Tournée générale d’amour et pas seulement ce soir, mais tous les jours. Nous avons hérité, nous sommes milliardaires en amour, nous pouvons donc, sans risque de nous ruiner, payer une tournée générale d’amour sans calculer.
Ceux qui restent à la superficie de leurs cœurs, ceux qui ne creusent pas, eux ils ne sauront jamais qu’ils sont en possession d’un tel trésor. Ceux qui ne creusent pas, ne peuvent pas connaître Dieu. Pire même, pour eux, Dieu est souvent quelqu’un qui fait problème. Il fait problème parce qu’il les empêche de vivre libre. Ils pensent sans arrêt qu’avec cette satanée morale judéo-chrétienne, ils ne peuvent pas aller jusqu’aux bouts des plaisirs qui les font rêver. Alors, un jour, fatigués par tant de frustration, ils passent Dieu par-dessus bord en espérant qu’il ira embêter quelqu’un d’autre ! Ou alors, pour d’autres, Dieu, c’est quelqu’un de trop compliqué à comprendre, il ne répond jamais à leurs prières, même quand ils font brûler des cierges plus gros qu’à l’habitude ou qu’ils mettent un billet plus conséquent à la quête, ils n’ont encore pas trouvé le truc pour le mettre dans leur poche. Alors, puisqu’il ne sert pas à grand chose, ils décident de vivre leur foi selon le minimum syndical en allant à la messe la nuit de Noël en espérant qu’elle ne soit pas trop tard pour ne pas perturber le réveillon !
Quel gâchis pour tous ceux qui ne creusent pas ! Et reconnaissons qu’il nous arrive souvent de faire partie de ces gens-là. Du coup, quand nous arrêtons de creuser, nous oublions le trésor. Nous oublions que nous sommes héritiers d’une fortune d’amour, alors nous arrêtons d’en profiter et, évidemment, nous n’en faisons plus profiter les autres. Si nous vivions constamment en puisant dans ce trésor, dans cet héritage, notre vie pourrait changer, la vie de notre entourage pourrait changer et de loin en loin, c’est le monde entier qui serait transformé si tous ceux qui se reconnaissent fils de Dieu acceptaient de ne plus rester à la surface de leur cœur en menant une vie superficielle.
Ah, encore un détail, vous avez entendu que celui qui a trouvé le trésor va vendre tout ce qu’il possédait. Vouloir acquérir ce trésor suppose qu’on soit prêt à se débarrasser de tout ce qui nous encombre et qui risquerait de nous ramener trop vite à la surface, à une vie superficielle. Oh mes amis, comme elles seraient belles nos vies, comme il serait beau notre monde si nous nous mettions à y croire pour de bon ! Je suis sûr que ça attirerait tous ceux qui, pour des tas de circonstances, sont à sec d’amour. Ils pourraient retrouver le bonheur d’aimer en puisant à leur tour dans cet héritage dont ils n’avaient jamais soupçonné ou dont ils avaient oublié l’existence.
(Texte du jour : Mt 13,44-46)
Père Roger Hébert