Homélie dimanche 8/11/2020: Seigneur, ne permets pas que ma lampe s’éteigne

XXXII ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE A

Première lecture : Sg 6, 12-16 ; Psaume responsorial : 63(62)
Deuxième lecture : 1 Th 4, 13-18 ; Evangile : Mt 25, 1-13.

Pour mieux comprendre le message des Lectures de ce trente-deuxième dimanche du Temps Ordinaire, il serait recommandé de nous renvoyer en aval aux deux dernières grandes célébrations liturgiques : la commémoration des Fidèles défunts et la Solennité de Tous les Saints, respectivement le lundi et le dimanche derniers.

Le souvenir des Fidèles Défunts nous indique que, tant au plan individuel que collectif, notre vie terrestre se terminera par la mort. Ce n’est pas une question de terreur, mais de réalisme. Ce n’est pas non plus un réalisme dans lequel le Seigneur nous laisse nous débattre tous seuls, angoissés et désespérés. En effet, la deuxième lecture de ce jour nous indique que le Seigneur vient puissamment à notre secours : au signal donné par l’Archange, à l’appel de Dieu, le seigneur lui-même descendra du ciel. Or, il ne vient pas pour recenser les morts, mais pour les ressusciter : les morts unis au Christ ressusciteront. Cette force de résurrection est déjà active dans l’histoire du fait que Jésus est mort et ressuscité et que ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils… Ainsi, nous serons toujours avec le Seigneur. En croyant à ces paroles, nous nous réconfortons les uns les autres.

C’est à ce stade de l’intervention du Seigneur que nous pouvons parler des Saints ou de la sainteté comme le sort final de ceux qui auront cru dans le Seigneur et se seront endormis en lui, rachetés du péché par son Sang, admis au bonheur sans fin devant sa face.

L’évangile de ce jour recourt au genre parabolique déjà bien connu sur les lèvres de Jésus, pour nous situer sur ce que nous avons à faire entre aujourd’hui et la venue du Seigneur, c’est-à-dire, veiller. Ici, veiller est une notion très complexe qu’il faut clarifier en recourant à l’imagerie proposée par Jésus dans l’évangile de ce jour.

A cause de la chaleur diurne en Palestine, la nuit est le contexte idéal pour toute manifestation nuptiale. C’est nuitamment que l’époux sort de la chambre nuptiale (cf. Ps 18, 6) pour aller chercher l’épouse. Dans la maison de celle-ci s’apprête le cortège des vierges qui l’accompagnera dans la maison de l’époux. Comme c’est le moment où l’épouse se sépare des
siens, le départ du cortège peut accuser du retard et donner lieu à de l’impatience pour les vierges qui attendent, lampes en main, pour accompagner, dans la joie et l’exultation (cf. Ps 45(44), 16), le couple dans la maison de l’époux. C’est cette période d’attente que Jésus veut caractériser dans cette parabole comme le moment où il faut veiller.
Veiller dans l’attente du cortège nuptial, pour pouvoir entrer avec lui dans la salle de noce et participer au festin. Veiller ici, ne signifie certainement pas ne pas dormir, car les dix vierges dorment bel et bien pendant l’attente, et cela ne leur est pas reproché, mais ce qui leur est reproché, c’est, pour les vierges insensées, de n’avoir pas prévu des réserves d’huile pour leurs lampes.

L’huile prend donc ici un relief important. Mais que représente-t-elle ?
Matériellement, c’est le combustible qui alimente la flamme des lampes. C’est aussi le symbole des bonnes œuvres que le disciple du Christ doit accomplir dans sa vie, pour qu’il se présente au monde comme la lumière (cf. Mt 5, 14) et s’achemine avec assurance vers l’heure du jugement. Si cette huile vient à manquer, évidemment les lampes s’éteignent et les porteurs se trouvent disqualifiés pour participer à un cortège nocturne qui a besoin de s’éclairer avec leurs lampes et, pendant qu’ils vont acheter de l’huile, le cortège ne les attend pas, la porte de la salle du festin se ferme : amen, je vous le dis, je ne vous connais pas. Leur sort est joué avec huile ou pas huile, lampes allumées ou lampes éteintes.

Mais on peut se demander : n’est-ce par avarice que celles qui avaient de l’huile n’ont pas voulu partager avec celles qui n’en avaient pas ? Il ne s’agit pas d’avarice. Si comme nous avons dit, l’huile, ce sont les bonnes œuvres de chacune des vierges, il faut aussi dire que les mérites des vierges sages ne sont interchangeables d’aucune façon, pas plus que l’étourderie des vierges insensées ne sauraient influencer le sort vierges sages.

La sagesse avec laquelle il faut se conduire en accumulant de bonnes œuvres (de l’huile), c’est ce que nous indique la première lecture de ce dimanche. Cette sagesse consiste à chercher la Sagesse qui d’ailleurs ne déçoit pas, et se laisse trouver par ceux qui la cherchent et vient à leur rencontre pour les délivrer du souci. Il est permis de l’identifier ici à l’époux
qui, dans cette parabole, se présente comme une figure centrale : c’est lui le Maître de l’épouse, le conducteur de la noce ; c’est lui qui est attendu ; c’est à sa rencontre que vont les vierges, les sages et les insensées ; il est en tête du cortège ; enfin, la porte qui se ferme inéluctablement et qui détermine le sort respectif des vierges sages et des vierges insensées, c’est la porte de sa maison.

Seigneur Jésus, pour ton obéissance à ton Père et pour tout ton amour pour
l’humanité, tu mérites à maints égards le titre d’Epoux de l’Eglise. Oui, Seigneur, ton Eglise vient à ta rencontre sous la figure de ces dix vierges. De cette Eglise, je suis. Mais, Seigneur, j’ai peu d’huile en réserve, très peu, ou même, je n’en ai pas, à cause de mon manque de sagesse qui m’a enlisé dans l’égoïsme, la recherche exclusive de mes intérêts, dans des manques d’attention envers le prochain et le nécessiteux, dans le mépris et même parfois la haine pour l’autre. Seigneur, pendant que tu tardes à venir, ne permets pas que ma lampe s’éteigne, que les mérites de ta Passion soient l’huile qui l’alimente et qu’elle brûle jusqu’au jour où tu m’introduiras dans la salle de festin dans le Royaume.