Homélie du dimanche 11/02/2018: Avoir les mêmes attitudes que Jésus vis à vis de tous et en tout temps.

Si vous cherchiez une résolution de carême (il commence mercredi !) en voilà une que je fais mienne en tout cas, elle est tirée des lectures de ce dimanche.

Bonne semaine … et mercredi soyons dans la joie, nous entrons dans un temps qui nous permet de nous rapprocher du Bien-Aimé … pourrait-il y avoir plus grand bonheur ? En plus cette année, le mercredi des Cendres tombe le jour de la St Valentin … je crois que ça va m’inspirer pour l’homélie !

Roger

 

Vous vous rappelez sans doute de l’épidémie de grippe H1N1 qui avait eu lieu il y a quelques années. Elle avait la particularité de s’abattre sur vous en quelques instants. C’est d’ailleurs comme ça que les médecins la décelait, ils demandaient à ceux qui consultaient s’ils pouvaient dire l’heure à laquelle ils étaient tombés malade. On nous avait annoncé une grande catastrophe avec cette épidémie et finalement, assez peu de gens avait eu cette grippe. J’en ai fait partie et, du coup, j’ai vécu une drôle d’expérience. A la sortie de chez le médecin, j’avais un masque pour aller chercher les médicaments à la pharmacie. En arrivant à la pharmacie, vous voyez tous les gens qui s’écartent pour vous laisser passer afin que vous partiez le plus vite possible. Pendant une semaine, il fallait que j’évite de rencontrer du monde, des amis m’amenaient de la soupe dans un sac qu’ils accrochaient à la grille de la maison que j’habitais. Si je les voyais, je leur faisais un petit signe par la vitre pour les remercier. Bref, j’étais en quarantaine et durant quelques jours, j’ai vécu quelque chose de la condition des lépreux telle qu’elle est décrite dans la Bible.

 

Mais évidemment, pour moi, ce n’était pas dramatique, je savais que ça ne durerait que quelques jours. Les lépreux, eux, ils étaient condamnés à mourir dans l’exclusion ; à une époque où on ne savait pas soigner cette maladie, il fallait un miracle pour qu’ils puissent retourner vivre parmi les autres. Et on peut facilement imaginer qu’ils souffraient autant de la maladie qui, au sens littéral, les rongeait que de l’exclusion qui les mettait au ban de la société, leur interdisant de revoir leur famille et leurs amis. A cause des souffrances physiques et morales qu’engendrait la lèpre, on peut dire que c’était l’une des pires maladies.

 

Eh bien, nous voyons Jésus, dès le début de son ministère, nous sommes toujours dans le 1° chapitre de l’évangile de Marc, aller à la rencontre de ceux qui ne pourront jamais aller à lui. En effet, il est bien probable que c’est Jésus qui soit allé à la rencontre de cet homme lépreux et non pas cet homme qui ait bravé les interdits pour sortir de ces lieux déserts et inhabités dans lesquels ils étaient relégués selon la prescription du livre du Lévitique que nous avons entendue en 1° lecture. Qu’est-ce qui me fait dire que c’est Jésus qui a choisi d’aller là-bas ? La fin de l’évangile de dimanche dernier qui se trouve juste avant notre passage nous présente Jésus parcourant toute la Galilée pour annoncer l’Évangile dans tous les villages. Entre deux villages, il a forcément croisé quelques campements dans lesquels on obligeait les lépreux à s’installer. Et on se rend bien compte que ce n’est pas une erreur d’itinéraire qui le conduira à rencontrer ces personnes malades puisque l’évangile se termine par cette mention : « il restait à l’écart, dans des endroits déserts. » C’est sûr, il a choisi d’aller vers ceux qui sont empêchés de venir à lui.

 

Le pape François ne cesse d’inviter l’Église à ressembler à son Maître et Seigneur en nous invitant sans cesse à sortir pour rejoindre ce qu’il appelle les périphéries. Nous savons que ce ne sont pas les banlieues qu’il désigne par ce mot, même si elles en font partie, mais ce sont tous ces lieux, toutes ces situations où des personnes sont tenues à l’écart ou n’arrivent pas à s’intégrer. Et dans bien des déclarations, il nous invite à ne pas avoir seulement des bons sentiments en faisant de belles prières, il nous invite à avoir la même attitude que Jésus.

 

Le pape aime souligner que Jésus ne fait pas que passer dans ces périphéries en rejoignant le plus vite possible un lieu plus confortable. Non, il aime demeurer avec ceux qui sont dans ces périphéries qui deviendront très vite d’ailleurs ceux qui vont composer le cortège qui suit Jésus assez régulièrement. Et non seulement, il aime passer du temps avec eux, mais on peut dire qu’au sens littéral, il cherche le contact avec eux. D’ailleurs, dans ce passage d’évangile, il nous est dit que Jésus va toucher cet homme lépreux. Ce geste, ce contact était absolument interdit, la lèpre était considérée comme une maladie extrêmement contagieuse. C’est pourquoi, non seulement les lépreux devaient vivre à l’écart, mais ils devaient signaler tous leurs déplacements en criant « impur, impur » pour que tout le monde ait le temps de s’éloigner. Lui, Jésus, quand cet homme vient vers lui et le supplie de faire quelque chose pour lui, il ne le guérit pas à distance, il étend la main et le touche.

 

Si Jésus ose ce geste, ce contact, ce n’est pas par plaisir de braver les interdits de la Loi. On voit d’ailleurs qu’il demande à cet homme de respecter les obligations de la loi pour faire reconnaître sa guérison. Non, si Jésus ose ce geste, ce contact c’est parce qu’il sait qu’il y a quelque chose en lui qui est plus contagieux que la lèpre, c’est l’amour. Il sait qu’avant même que le virus de la lèpre n’ait le temps de le contaminer, le virus de l’amour aura contaminé cet homme qui en était totalement privé depuis le début de sa maladie. C’est parce qu’il sait que l’amour qui l’habite totalement est plus fort que tout que Jésus ose ce geste.

 

Je suis toujours très touché des photos qui nous montrent le pape François qui n’hésite pas à prendre dans ses bras, à embrasser des personnes fragiles. Je me rappelle particulièrement de cette photo où on le voit embrasser un homme dont le visage est couvert d’excroissances qui ressemblent à des furoncles. On se demande comment il a pu faire un tel geste. Mais je crois qu’il n’a pas réfléchi en se disant : il serait bien que je montre à cet homme que je l’aime. Non, il n’a pas eu à réfléchir, c’est parce que son cœur est tellement rempli de l’amour de Jésus, qu’il a embrassé cet  homme, de manière totalement spontanée, sans voir en premier ses furoncles et son aspect repoussant. Il a vu un homme qui ne devait pas être embrassé souvent, son cœur de Père, car c’est la signification du mot Pape, ça veut dire papa, son cœur de Père lui a fait poser ce geste d’amour. Cet homme qui s’appelle Vinicio a eu l’occasion de donner son témoignage suite à ce grand événement qui a changé sa vie. Il dira qu’être carressé par le Pape, ça a été pour lui comme se retrouver au paradis. Je cite son témoignage : « Je lui ai d’abord embrassé la main, puis il m’a attiré contre lui en me serrant très fort et en m’embrassant le visage. J’avais la tête contre sa poitrine et ses bras m’enveloppaient. Et il me tenait serré, serré comme s’il me calinait, il ne se détachait plus. Les mains du pape sont très tendres et son sourire clair et ouvert. Mais ce qui m’a le plus impressionné, c’est qu’il n’a pas réfléchi avant de me prendre dans ses bras. Je ne suis pas contagieux mais il ne le savait pas. Il l’a fait simplement m’a caressé le visage et tandis qu’il le faisait, je ne sentais que l’amour. Sa tante avec qui il vit dit que depuis l’embrassade du Pape, il est un autre homme, il se sent heureux et important. » Pour retrouver les images et le texte du témoignage : https://www.google.fr/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://paroisse-saint raphael.org/resources/Le%2520pape%2520Fran%25C3%25A7ois%2520et%2520Vinicio.pps&ved=2ahUKEwj2l4z_7ZbZAhXF6RQKHS8wAIc4WhAWMAF6BAgPEAE&usg=AOvVaw3c5L1FN42oiURfNUMR-VOq

 

Manifestement, dans ces moments-là, Vinicio, comme tous ceux qui se sont retrouvés dans les bras du pape ont expérimenté le fait d’être pris dans les bras de Jésus lui-même, ils ont été inondés par l’amour de Jésus lui-même. Oh oui, qu’il vienne ce temps où tous les mal-aimés, tous les rejetés pourront être serrés dans des bras, et pourquoi pas les nôtres, des bras qui seront pour eux les bras de Dieu leur donnant l’accolade de l’amour. En cette journée mondiale de prière pour les malades, c’est vraiment un vœu que nous voulons faire jaillir du plus profond de nos cœurs.

 

Mes amis, c’est peut-être parce que nos cœurs ne sont pas assez remplis d’amour que nous n’osons pas nous approcher de tous ceux qui ne sont pas aimés, de tous ceux qui sont rejetés. Et c’est bien pour que nos cœurs soient plus remplis d’amour que nous venons à la messe. À force de nous laisser emplir par la présence de Jésus, nous finirons bien par lui ressembler et nous deviendrons capables de poser les mêmes gestes d’amour que lui, gestes qui, aujourd’hui, peuvent nous paraitre impossibles, mais qui, grâce à lui, le deviendront. Et le mieux, c’est que nous le ferons sans réfléchir, ça sera devenu une seconde nature !