Journal de mission No 6 à Burundi

C’est depuis le presbytère de Bellegarde que j’écris ces dernières lignes de mon journal de mission. Ainsi vous connaîtrez les dernières péripéties du retour !

Nous partons pour l’aéroport de Bujumbura vers 15h30 … le rendez-vous était prévu à 15h ! A l’arrivée, il nous faut nous séparer des membres du Foyer venus nous accompagner. Il a fallu deux voitures à cause des bagages.

Je ne sais plus si j’en ai parlé, mais il est très difficile de trouver de l’essence. Toutes les stations sont vides, de temps en temps il y en a une qui est approvisionnée, le gérant prévient d’abord sa famille, ses amis puis ce sont des heures de queue pour avoir de l’essence. Ce sont les conséquences des sanctions économiques, les devises n’arrivent plus dans le pays qui ne peut plus payer ses factures. C’est donc à cause de cette pénurie qu’il nous a fallu deux voitures, le 4×4 qui a été prêté au Foyer n’avait plus d’essence, donc deux voitures.

Après les adieux, les formalités, au Burundi, c’est rapide ! En plus, le père Amand, responsable du Foyer m’accompagne car il a une réunion internationale à Chateauneuf de Galaure et lui, il est connu comme le loup blanc.

Début d’une nouvelle aventure quand nous voulons enregistrer les bagages ! Il y 5 ou 6 personnes à chaque guichet, mais pas autant qui travaillent ! Je vois assez vite qu’il y a un problème pour moi, mais au lieu de traiter le problème, ils mettent mon passeport et le billet internet de côté pour s’occuper du père Amand. Evidemment ça prend un certain temps parce qu’entre deux frappes d’ordinateur, les employés discutent beaucoup entre eux ! La valise du père Amand est enregistrée, ils reviennent à moi. Je vois qu’il y a un problème informatique, chacun essaie mais sans résultat ! Au bout d’un moment, ils font venir quelqu’un qui rencontre les mêmes problèmes … mais ils ne nous disent pas quel est le problème et l’heure tourne ! Ils appellent enfin le responsable du vol qui essaie à son tour et qui lui me dit : votre billet n’est pas enregistré, je ne sais pas où vous l’avez pris, mais ce n’est pas la bonne compagnie !

J’explique au père Amand, car on est à 20 minutes de l’heure du départ que, s’il faut, je paie un nouveau billet. Lui il explique que nous sommes passés à l’agence et que le responsable de l’agence a confirmé que tout était bon ! Au lieu de l’appeler tout de suite, ils essaient encore pendant un moment, en vain ! Le père Amand explique qu’il ne faut pas que nous rations le vol, notre voyage est important et ne peut être décalé. Le responsable nous explique que c’est lui qui donne l’ordre de décoller et que l’avion ne partira pas sans nous … nous sommes soulagés !

Enfin, ils se décident à appeler le responsable de l’agence qui va débloquer la situation. Ma valise pèse 32 kg car je ne voulais voyager qu’avec une valise, mais c’est tellement tard qu’ils ne disent rien ! Nous montons dans l’avion, un petit avion, la porte se ferme, nous décollons !

Décidément, voyager avec le curé d’Ars, c’est vraiment une aventure aux multiples rebondissements !

35 minutes après, arrivée au Rwanda … il va falloir récupérer la fameuse valise de médicaments, je me fais un peu de soucis ! A notre arrivée, deux messieurs m’attendaient, ils viennent vers moi et l’un d’entre eux, très poli me salue et me dit : ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu ! Je le reconnais, c’est celui qui m’a libéré. Je n’ose pas lui dire que sa compagnie ne m’a pas manqué ! Il m’explique qu’il va aller chercher la valise de médicaments pour me la remettre. Je suis soulagé, ça signifie que je n’ai pas à sortir de la zone de transit et à repasser tous les contrôles.

Il part, le bureau doit être à 50 mètres, il faudra plus d’une demi-heure pour qu’il revienne. Il m’explique que, à mon départ, ils ont fait un inventaire, il veut que je contrôle pour m’assurer qu’ils n’ont rien volé. Je lui explique que je leur fais totalement confiance … il y avait une pleine valise, je ne voulais pas m’amuser à tout vérifier ! Je signe donc sa liste et promet de faire très attention la prochaine fois !

Un responsable de la compagnie Brussel airlines vient à notre rencontre et nous explique qu’il va s’occuper de faire enregistrer nos bagages pour que nous n’ayons pas à sortir de la salle de transit. C’est vraiment parfait ! Il revient quand même me dire qu’il faut que je paie pour le surpoids. Je paie … c’est le dernier problème !

Reste encore un contrôle à passer avant de pouvoir monter dans l’avion. Evidemment, le relique les intrigue. Mais le père Amand peut leur expliquer dans la langue locale (le Kirundi parlé au Burundi est très proche du rwandais). Il explique que c’est le cœur d’un prêtre mort depuis plus de 150 ans. La policière demande comment s’est possible que ce cœur ne soit pas décomposé. Le père Amand reprend l’explication que j’ai beaucoup donnée : ce cœur a tellement aimé qu’il est devenu éternel. Il dit alors à la policière : si ton cœur est rempli d’amour pour Dieu et pour tes frères, ton cœur aussi deviendra éternel. La policière lui dit : si c’est ça le secret, alors mon cœur sera éternel !

Nous montons dans l’avion. Bon temps de partage avec le père Amand sur la situation du pays, de l’Afrique … Nous faisons des plans pour organiser une prochaine visite au Burundi pour moi : à la grâce de Dieu ! Le père Amand va beaucoup dormir pendant ce voyage de nuit, moi, presque pas !

Arrivés à Bruxelles, nous devons nous séparer car lui, il va visiter des membres de son foyer qui sont dans un foyer proche de Bruxelles. Son Foyer est tellement dynamique qu’ils prêtent des membres pour un certain temps à des foyers en difficulté. Il y en a deux qui vont rejoindre Chateauneuf dans quelques semaines pour un an. J’aurai l’occasion de les inviter à Bellegarde.

Un dernier mot pour dire que finalement la valise de médicaments ira bien au Burundi ! Nous avions réfléchi à cela et dès que le policier rwandais est parti, nous avons expliqué à l’employé de Brussel airlines qu’il fallait enregistrer cette valise sous le nom du père Amand. Il l’a emmenée avec lui à Chateauneuf et elle repartira avec lui au Burundi quand il rentrera. Et comme il prend un vol direct pour Bujumbura, il n’aura pas de problèmes ! Tout est bien qui finit bien !

Il m’a téléphoné pour me dire qu’à l’aéroport St Exupéry de Lyon, on lui avait fait ouvrir cette valise et on lui avait demandé des explications sur tous ces médicaments. Il a raconté toute l’histoire me concernant et on l’a laissé partir !

C’est sûr que la prochaine fois que j’irai là-bas, je ne ferai pas d’escale au Rwanda !

Que le Seigneur soit béni pour tout ce que j’ai pu vivre ! Merci pour votre soutien dans la prière. Merci pour tous vos messages reçus là-bas … quand on est seul en terre étrangère, ces messages font chaud au cœur, même si j’étais dans une communauté extrêmement fraternelle !

A la prochaine aventure !