Méditation de la solennité du très Saint Sacrement

La Communion : c’est le nom le plus commun donné à ce sacrement, justement parce qu’il exprime et consolide la communion avec Dieu, avec la communauté des fidèles et avec les frères.

La communion avec Dieu.

Dans sa Première Lettre aux Corinthiens, saint Paul écrivait : “Le calice de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas une communion au sang du Seigneur ? Et le pain que nous partageons, n’est-il pas une communion au corps du Christ ?” (1 Co 10, 16). L’union à Dieu constitue donc le premier fruit de l’Eucharistie. Une telle union cependant ne peut se réaliser que si nous en avons les dispositions intérieures nécessaires. Les avons-nous toujours ? Jugez-en vous-mêmes.

Un jour après la sainte messe, un curé cherche désespérément l’appareil photo qu’il avait laissé dans son sac à la sacristie avant le début de la célébration. Quelqu’un l’a dérobé, vous l’avez bien deviné. Pourtant,
en dehors des enfants de chœur et du catéchiste, personne d’autre n’était entré à la sacristie ; et ils avaient tous communié au Corps du Christ.

L’Eucharistie reçue a-t-elle réellement profité à celui qui a volé
l’appareil ?

Ecoutons ce que dit, à ce sujet saint Jean Chrysostome : “Moi aussi, j’élève la voix, je prie et je vous supplie de ne pas vous approcher de cette table sainte avec une conscience souillée et corrompue. Une telle attitude en effet ne s’appellera jamais communion, même si nous recevions mille fois le corps du Seigneur, mais plutôt condamnation, tourment et accroissement des châtiments” 1 . C’est pourquoi "Celui qui est conscient d’un péché grave doit recevoir le sacrement de la Réconciliation avant d’accéder à la communion”.

– La communion avec l’Eglise.
Puisque nous prenons part au même pain, écrit saint Paul aux Corinthiens, nous devenons tous un même corps (1 Co 10,17). Un jour, au cours de l’Eucharistie, une femme très respectable sort de sa rangée, au
moment du baiser de paix, pour aller donner la paix à ses amies assises quelques bancs plus loin. Savez-vous pourquoi ? Elle ne voulait pas serrer la main de sa servante assise à côté d’elle. Le curé, qui a observé la scène avec beaucoup de tristesse, descend de l’autel pour aller donner la paix uniquement à la petite servante, sous le regard étonné des fidèles. Visiblement gênée par l’attitude du prêtre, la dame se résigne à son tour à serrer la main de sa servante. N’a-t-elle donc pas compris que tous les croyants deviennent un même corps et que ce geste de paix est lourd de signification ? Ne vous est-il jamais arrivé de voir dans nos assemblées eucharistiques des fidèles qui ne se saluent pas parce qu’ils sont en conflit ou qu’ils n’appartiennent pas au même parti ?

– La communion avec les frères.
Pour être authentique, la communion au Corps du Christ suppose également la communion avec les frères.

Saint Jean Chrysostome, en son temps, affirmait que ce serait contradictoire de recevoir le corps du Christ alors que l’on a de la haine ou du mépris pour ses propres frères.
Un jour après l’Eucharistie, une violente bagarre éclate parmi les membres de la chorale devant les yeux ahuris des fidèles. Pourtant, ils venaient de chanter, quelques minutes plutôt qu’en communiant au corps du Christ ils étaient devenus un seul corps. Le conflit fut d’ailleurs tellement violent qu’on dut recourir à la police pour les séparer. A quoi aura servi leur communion ?

Rappelons-nous ce que disait saint Augustin :
1 J. Chrysostome: “Homélies sur Isaïe” 6, 3; PG 56,139

“Recevez ce que vous êtes, devenez ce que vous recevez”, c’est-à-dire le Corps du Christ. Le croyons-nous