PENTECÔTE 2020 A

Première Lecture : Ac 2, 1-11

Psaume : 103 (104)

Deuxième Lecture : 1 Co 12, 3b-7.12-13

Évangile : Jn 20, 19-23

 

La Pentecôte chrétienne met au cœur de sa célébration la Personne du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit, c’est Celui qui est à la base de la Conception de Jésus dans le sein de la Vierge Marie, c’est Celui qui est le compagnon le plus ordinaire et le plus intime de Jésus pendant son séjour terrestre. L’Esprit Saint, c’est Celui que le Christ exhale sur la Croix, c’est Celui qu’il promet à ses disciples comme un autre Paraclet. L’Esprit Saint, c’est Celui qui descend sur les Apôtres cinquante jours après la Résurrection, dix jours après l’Ascension, pour confirmer les disciples dans leur mandat de missionnaires à la dimension du monde (cf. Mt 28, 19).

 

Je sais que nous raffolons de définitions et que des volumes impressionnants de dictionnaires encombrent nos étagères tant dans nos librairies que dans nos bibliothèques, mais ne me demandez pas qui est le Saint-Esprit. Toutefois, en renonçant à le définir, rien n’empêche de préciser ici une de ses fonctions principales : l’Esprit Saint est Esprit d’Amour. C’est sur cela que nous allons méditer. 

 

Esprit Saint, Esprit d’Amour. D’abord et avant tout, l’Esprit de Pentecôte a à voir avec l’Amour tout simplement parce qu’il est l’Esprit de Dieu et que Dieu à son tour, est Amour. Il n’est pas Esprit de Dieu dans le sens où il appartient à Dieu, mais parce qu’il est Dieu lui-même, et c’est en tant que tel qu’il s’identifie à l’Amour. Comme Dieu est Amour, l’Esprit est Amour.  Quand donc nous disons que Dieu crée le monde par amour, nous avançons que l’Esprit participe lui aussi à l’œuvre de la création, non pas seulement en planant sur les eaux au commencement (Gn 1, 2), mais aussi en entrant dans les narines de l’homme comme souffle de vie pour faire de lui un être vivant (Gn 2, 7). De cet être, l’Écriture dit que Dieu le crée à son image et à sa ressemblance (Gn 1, 27), pour la simple raison que l’Esprit de Dieu est en lui comme compagnon et guide, inspirant ses actions en vue de bonnes œuvres. Et lorsqu’il arrive à l’homme de pécher, l’Amour cherche à le relever en envoyant l’Esprit par les Prophètes, de façon à préparer l’humanité à accueillir le pardon par le Sacrifice de Jésus. 

Il apparaît au total que l’Esprit est d’Amour parce que le premier, il aime l’homme, il est le semeur de l’Amour de Dieu dans le cosmos, dans l’histoire et dans le cœur de l’homme, il est le Maître de la Divine Providence qui fait tout concourir au bien de l’homme sans mérite de sa part et même contre son mérite. 

 

Que l’Esprit s’attribue le rôle principal au jour de la Pentecôte, c’est une façon pour lui de prendre pleinement sa place dans l’histoire de l’humanité, et la façon flagrante dont il le fait, c’est, contre l’entreprise de la Tour de Babel (cf. Gn 11, 1-9), de réunir les hommes, comme cela se vérifie, dans le récit lucanien de la Pentecôte. Le texte dit en effet : le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu. Ce rassemblement avait été déjà préfiguré par l’Ancien Israël au jour du désert, au pied du Sinaï où Dieu lui donne, par Moïse, le Décalogue, c’est-à-dire, sa constitution comme peuple. Le nouvel Israël, transformé par l’Esprit de Pentecôte, vivra ce rassemblement dans une unité particulièrement ressentie, comme en témoigne la vie de l’Église primitive : la multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme (Ac 4, 32). 

Par la suite, des régimes politiques croient qu’il suffit de singer cette unité en réorganisant les structures sociales extérieures pour aboutir à une société heureuse. Ils ignorent que l’Esprit de Pentecôte opère de l’intérieur le miracle de la conversion des cœurs en faisant prévaloir, comme dit Gandhi, le pouvoir de l’amour sur l’amour du pouvoir. 

Et si vous voulez savoir ce dont l’homme a besoin aujourd’hui, je vous le dirai, je le dirai sans jouer au prophète, je vous dirai que le monde a besoin de l’Esprit de Pentecôte, c’est-à-dire, de l’Esprit d’Amour. N’est-il pas vrai que le monde entier est préoccupé de son avenir après Covid-19 ? En effet, avant lui, nous avions abouti à une mondialisation qui intégrait quelques éléments de la culture, de la Science et de la Technique, et qui opérait des regroupements sur des critères politiques, financiers et monétaires, et sur des valeurs périssables. Et voilà que survient la chose la plus mondialisée du monde, si mondialisée qu’elle menace de faire s’écrouler le monde, et ce n’est qu’un Virus ! 

Que je vous révèle maintenant ce qui est plus mondialisable que lui. Ce qui est plus mondialisable que lui et qui gagne à être effectivement mondialisé, c’est l’Esprit d’Amour. L’amour dont Dieu aime le monde pour le créer et le faire subsister, et aussi l’amour avec lequel nous répondons à l’Amour de Dieu en suivant dans nos cœurs le souffle de l’Esprit Divin. Si l’Esprit d’Amour réussit à nous libérer de l’égoïsme, alors tout ira bien. N’est-ce pas que l’une des mesures barrières contre Covid-19, c’est de prendre de la distance par rapport à l’autre pour éviter la contagion ? Eh bien, moi je vous dis que le mieux à faire, c’est que chacun prenne de la distance par rapport à soi-même, c’est-à-dire, que chacun se dise : “je ne suis pas l’absolu, je ne suis pas le centre du monde ; la terre tourne autour du soleil et non autour de moi”. Le jour où chacun prendra cette distance par rapport à soi et apprendra à tenir compte du prochain et de l’environnement, le monde se relèvera.