Moins de mésaventure que dans le 1°, heureusement ! Plus d’infos sur ce que je vis !
Nous sommes samedi 30/09 quand j’écris ces quelques lignes.
Il fait chaud, plusieurs jours qu’il n’a pas plu. Je viens d’essayer de faire la sieste, mais trop chaud !
Evidemment, vous ne recevrez pas d’homélies tout au long de mon séjour (retour le 19 octobre) mais je vous signale, si ça vous intéresse, que vous pouvez aller sur le site du Foyer de Charité et vous y trouverez mes homélies quotidiennes à écouter :http://www.foyerdecharitebuja.bi
La 1° retraite s’est terminée hier, il y avait donc une cinquantaine de prêtres. Elle s’est très bien passée. Jeudi soir, j’ai proposé que nous fassions une veillée au cours de laquelle chacun pourrait remercier le Seigneur pour une grâce reçue, une parole qui l’a touché … Presque tous les prêtres ont parlé et c’était très beau. Les membres du Foyer ont été très touchés de ce qu’ils entendaient de la bouche des prêtres. J’étais heureux qu’ils puissent entendre cela car ça les conforte dans l’importance de leur vie donnée. J’étais d’autant plus heureux qu’ils ont beaucoup, beaucoup travaillé tous ces jours, comme je le disais la semaine dernière, c’était la semaine de formation charismatique 2500 personnes chaque soir, 4500 à la messe d’action de grâce pour ce jubilé du Renouveau et le lendemain, juste 2500 personnes environ à la messe !
Dans l’après-midi, il a fallu tout transformer le lieu pour qu’il puisse recevoir la retraite des prêtres. 4500 fauteuils à ranger, empiler, des tissus à tendre pour partager autrement l’espace … Le soir tout était prêt ! La communauté est vraiment extraordinaire. Mais elle se donne beaucoup, du coup, d’entendre tout ce que les prêtres avaient vécu leur faisait beaucoup de bien : nous ne nous donnons pas pour rien !
J’ai été, moi aussi, touché par ce partage où ceux qui ont parlé (80% environ) se sont livrés en vérité.
- Plusieurs ont dit combien ils avaient été marqués par le sacrement du pardon. Il n’est pas inutile que j’en dise un mot. Nous avions fait, mercredi, une grande journée de préparation au sacrement du pardon avec le matin la découverte de la miséricorde chez le curé d’Ars et l’après-midi des paroles fortes du curé d’Ars sur la gravité du péché qui blesse tellement le cœur de Dieu qui nous aime tant suivi d’un examen de conscience exigeant. Je les avais mis en garde contre ces confessions que le curé d’Ars appelait des « confessions à la vapeur » c’est à dire à toute vitesse. Le jeudi midi, nous nous sommes retrouvés pour vivre le sacrement. Nous avons chanté, j’ai dit quelques mots après avoir lu un texte de la Parole et ensuite, il y a là-bas, une belle manière de faire. Les prêtres partent en binôme, ils se choisissent et vont se confesser mutuellement. Il y avait une heure pour vivre ce temps et ils ont dit que ça avait été un peu court ! Signe qu’ils ne s’étaient pas confessés « à la vapeur » ! L’un d’entre eux disant même que c’était peut-être la 1° fois qu’il se confessait de cette manière. Je me suis aussi tenu disponible pour accueillir ceux qui le voulaient … les « plus gros poissons », comme disait le curé d’Ars, sont venus vers moi. J’avais décidé de demander moi-même le pardon au 1° prêtre qui viendrait se confesser vers moi, je l’ai fait, c’était très beau ! Je comprends pourquoi il y a eu tous ces obstacles sur mon chemin, manifestement, il y avait de l’enjeu !
- Dans ce partage, certains ont parlé de la relique du cœur du curé d’Ars. En principe ils disaient qu’au début, ils ne comprenaient pas bien l’intérêt d’avoir amené cette relique. Et puis, comme on leur proposait d’aller méditer les enseignements devant le relique, ils y sont allés, ils y sont retournés et ils ont expérimenté une proximité du saint curé qu’ils n’auraient jamais pu imaginer. L’un d’entre eux osant même dire : quand je lui confiais mes soucis, j’avais l’impression que c’était comme s’il me serrait dans ses bras.
Je peux aussi dire qu’entre 12h30 et 15h (12h30 fin de la messe et 15h30 début de l’enseignement de l’après-midi, la relique était disposée dans un lieu qui permettait d’accueillir les laïcs qui voulaient venir prier. Tous les jours, il y a eu du monde !
J’ai bien vécu cette 1° retraite même si j’étais toujours comme sur des charbons ardents ! Mes enseignements n’étaient pas tous prêts. La journée perdue au Rwanda, la soirée passée à l’hôpital m’ont fait perdre un temps précieux. Et chaque jour, il y avait l’homélie à préparer. Mais personne ne s’en est rendu compte ! Merci Seigneur de m’avoir donné cette grâce de l’abandon !
A propos des homélies quotidiennes. Dans le partage des prêtres, il y en a qui m’a dit : pourquoi, Père, tu prêches si peu de temps, on aime t’entendre ! Je lui ai dit qu’il était bien le premier à me dire que c’était trop court, chez nous, on trouve que c’est bien assez long !
Vendredi midi, repas de fête pour la clôture de la retraite. Je mangeais avec le Vicaire Général qui représentait l’archevêque qui vivait sa semaine de retraite avec les évêques du pays. Nous avons un peu parlé du métier, mais c’est sûr que chez eux, le Vicaire Général est un peu « pot de fleurs » ! A la fin du repas, dans tous les événements, il y a les discours. Le Vicaire Général m’a remercié longuement (comme on sait le faire en Afrique) après il faut que je réponde (et pas trop court pour ne pas offenser !) puis comme le Vicaire Général avait aussi remercié la communauté du Foyer –c’était bien qu’il y pense- le père Amand, responsable du Foyer a répondu … pas trop court non plus ! Et ce qui est extraordinaire, c’est que personne ne se lasse !
Après le repas, sieste méritée … d’autant plus qu’il y a eu peu de nuits où je n’ai pas eu de problèmes avec mon appareil à lutter contre l’apnée du sommeil ! La nuit, mais ça commence souvent en début de soirée, il n’y a plus d’électricité à Bujumbura. Au Foyer, ils sont un groupe électrogène pour pallier aux coupures dans la journée et le soir, mais ils l’arrêtent vers 22h30. Je savais ça, donc l’avais demandé que la société qui me loue l’appareil puisse me fournir ce qu’il faut pour le brancher sur une batterie de voiture. J’avais prévenu le Foyer qu’il me faudrait batterie et chargeur … mais c’est l’Afrique ! Il y avait la batterie qui a bien marché la 1° nuit et le lendemain, un membre du Foyer est venu la chercher pour la charger, il a dû aller rouler une heure avec, résultat, à peine installée, déchargée ! Il est allé m’en chercher une autre qui a marché deux ou trois heures … j’ai fini la nuit sans appareil et, dans ces cas, je dors très mal. Il est allé chercher un chargeur mais qui, jusqu’à ce jour ne donne pas vraiment satisfaction vers 3 ou 4 h du matin, plus rien. Mais on finira par y arriver !
Vendredi après-midi, le père Amand, responsable du Foyer m’a emmené boire un coup sur les hauteurs de Bujumbura. Le père Viateur qui vient d’être nommé comme son adjoint au Foyer était avec nous. Tous les deux ont participé, comme retraitants, à cette première retraite et ils étaient très heureux, on est donc allé fêter ça ! Nous sommes allés dans un bel hôtel avec piscine boire une bière : un euro la bière, pas la peine de s’en priver ! Mais à ce prix, ce n’est pas à la portée de tous … même si les hommes se saoulent beaucoup à la bière … mais ils vont dans des lieux où elle est bien moins chère. Le curé d’Ars aurait du boulot à Bujumbura pour faire fermer ces « cabarets » (il appelait ainsi les bistrots) il y en a à tous les coins de rue !
Le soir, repas avec la communauté, dans leur lieu communautaire qu’ils appellent un terrasse, mais si ça n’en est pas une. C’est une pièce au 2° étage du Foyer où il manque deux murs, ce qui fait que c’est très aéré et très agréable … mis à part les moustiques … mais j’ai ce qu’il faut pour tenter de les repousser, il reste qu’il y en a toujours quelques uns qui sont suicidaires et qui viennent quand même piquer quitte à mourir tout de suite ! Heureusement, les fenêtres de ma chambre sont protégées par une moustiquaire … mais il y a eu deux nuits où il y avait quand même un deux moustiques plus malins que les autres qui avaient réussi à passer … alors on dort sous la moustiquaire qui est pendue au-dessus du lit.
Samedi matin, messe matinale pour les sœurs de la communauté qui devront passer leur journée à faire le ménage pour préparer les chambres afin d’accueillir les prêtres de la 2° retraite. En me couchant, vendredi soir, je m’étais dit que je ferai une petite homélie prononcée comme ça « d’abondance du cœur » c’est à dire sans grande préparation ! Et puis, avec mes problèmes de machine à respirer, j’étais réveillé à 5h, je l’ai pris comme un signe du Seigneur me disant : comment, ces sœurs vont passer toute la journée à faire du ménage pour les prêtres et toi, par flemme, tu ne vas pas leur donner la nourriture dont elles ont besoin ! J’ai donc préparé une vraie homélie !
Ensuite, dans la matinée, j’ai commencé à préparer la conférence que je dois aller faire dans chacun des 4 grands séminaires du pays en portant la relique du cœur du curé d’Ars. Ça sera pour les deux week-ends prochains.
A midi, avec le père Amand et le père Viateur, nous sommes allés manger un poisson grillé dans un restaurant prés du très grand lac Tanganyka. Comme les deux prochains week-ends seront très chargés, il fallait qu’on en profite. On a bien mangé et passé un très bon moment fraternel dans un cadre très agréable, à l’ombre, presque les pieds dans le lac. Excellent poisson grillé du lac avec assortiments de légumes pour 9 € par personne (de manière détournée, c’est moi qui offrais car je connais leur situation !). Evidemment, pour nous, ce n’est rien ! Avant on avait pu l’apéro, j’avais pris un jus d’ananas frais, le père Amand une bière sans alcool avec un fanta (il mélange les deux) et le père Viateur une bière, 3 € l’ensemble des consommations !
Ces restaurants qui, autrefois, étaient très fréquentés par les expatriés (on le comprend quand on voit le prix du repas !) vivotent puisqu’il n’y a presque plus d’expatriés en raison de la crise et de l’insécurité. Ça ne les empêche pas d’avoir beaucoup de personnel : deux gars pour ouvrir la barrière d’entrée !
Nous avons eu un très bon partage spirituel, mais j’en ai aussi profité pour poser des questions sur la vie. J’ai su que, dans chaque paroisse, il y a un cuisinier pour faire la popote des prêtres, il gagne entre 10 et 15 € par mois (à ce prix, on comprend pourquoi il peut y avoir deux gars pour ouvrir la barrière du restaurant !) sachant qu’une famille arrive à se nourrir avec 10 € par mois, en faisant attention, mais la nourriture n’est pas chère, surtout à l’intérieur du pays. La plupart des gens habitent une petite (souvent très petite) maison qui leur appartient. Si l’homme ne dépense pas ce qu’il gagne en boisson, si la femme peut faire un petit boulot, ils arrivent à vivre … ça c’est pour les gens qui n’ont pas de qualification. Je l’ai dit, un prof gagne 80 €
A la fin du repas, une dame est venue nous saluer, c’est une amie du père Amand, une amie du Foyer. Son mari a occupé de très hautes fonctions au Burundi, mais ils ont dû fuir. Il a d’abord été le 1° médecin africain de cette région formé en Europe (il a 85 ans) il a été ministre de la santé, premier ministre … mais dans les premières républiques où les dirigeants étaient intègres. Ils aimeraient bien revenir, mais pour le moment ce n’est pas possible ; elle, elle vient quelques jours de temps en temps pour surveiller leur maison vide, j’ai l’impression que, lui, il ne peut pas venir. La veille, avant d’aller boire notre bière, nous avions marché dans un lieu où beaucoup de gens font du sport. Un homme s’était arrêté saluer le père Amand, c’était aussi un homme qui avait occupé des fonctions très importantes : ancien ministre, premier ministre aussi et président du parlement ! Lui est toujours là, même s’il n’est pas favorable au régime, mais il semble retiré de tout. Le père Amand est connu partout ! Tout le monde lui dit : père, je t’ai écouté à la radio, merci pour tes enseignements ! Et la plupart de ces gens viennent au Foyer de Charité pour y vivre des temps forts.
Voilà, je vais m’arrêter pour en laisser pour la prochaine fois ! Demain, dimanche, je vais aller célébrer la messe à la communauté du Chemin Neuf, je retrouverai le père Petr que j’avais bien connu quand il était à l’abbaye des Dombes … et le père François Michon qui a succédé à Laurent Fabre, comme berger-modérateur du Chemin-neuf et qui est originaire de Ceyzériat. Je serai heureux de le revoir, je connais bien ses parents ! Mais je vous raconterai ça la prochaine fois !
Merci pour vos messages, merci pour votre prière qui m’accompagne !
Roger