Homélie dimanche 04/10: La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël.

XXVIIème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE A

L1 : Is 5, 1-7 ; Ps 80(79) ; L2 : Ph 4, 6-9 ; Evangile : Mt 21, 33-43.

La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël.
Pour rétablir le symbolisme dans la réalité, on dira que le bien-aimé qui
s’investit pour sa vigne représente Dieu et que la bien-aimée représente le
peuple d’Israël. Ce qui nous permet de l’interpréter ainsi, c’est le passage où le prophète dit : La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Or, nous connaissons cette maison d’Israël comme souvent rebelle, en sorte que toute l’histoire entre Dieu et Israël revient à celle de l’amour payé par l’ingratitude.

Par ailleurs, cette même histoire est transposable sur celle du Christ et de
son Eglise. N’est-ce pas que l’Eglise, c’est la vigne chèrement acquise par le Christ ? Mais est-il dit toutefois que ladite vigne rende à la mesure de
l’investissement qui d’ailleurs ne s’évalue pas en termes d’efforts et d’argent, mais en termes du Sang de l’homme-Dieu versé ? Et dire que cette vigne, c’est vous, c’est moi ! C’est nous, cette Eglise, avec nos défauts, nos manquements et nos infidélités à répétition. De plus, dans la vigne de l’Eglise, les vignerons, ce sont, après l’échec des autorités juives, les pasteurs du troupeau du Christ aujourd’hui. Mais ces pasteurs, sont-ils meilleurs que leurs devanciers ? Sont-ils conscients de devoir rendre des comptes au Maître de la vigne ? A voir certaines tendances, la vigne n’est-elle pas en passe de devenir leur propriété, tout comme
si le fils avait été tué et jeté hors de la vigne ?

Cette parabole pourrait aussi nous conduire à nous prendre
alternativement soit comme cette vigne infructueuse*, soit comme le
propriétaire de la vigne.

Vigne infructueuse nous pourrions être au regard de tout ce
qu’investissent sur nous les parents, les proches, les éducateurs, les maîtres, les professeurs et la société, sans que nos indolences et nos négligences leur garantissent le succès sur toute la ligne !

Maître de la vigne nous pourrions enfin nous considérer en pensant aux
différentes figures humaines qui se sacrifient pour le bien des autres : le fiancé qui comble la fiancée de tout avant d’être trahi et piteusement* éconduit ; la fiancée qui se dévoue corps et âme à son fiancé jusqu’au jour où celui-ci en trouve une meilleure, plus belle ou plus riche ; nos mères, avec les immenses souffrances qu’elles endurent sur nous leurs enfants, pour aboutir parfois à des résultats plus que mitigés, si du moins, ce n’est pas pour se payer un ingrat pour elles-mêmes et un déficient pour la société des hommes ; nos pères, avec les incommensurables privations qu’ils s’infligent pour le devenir de leurs enfants pendant des décennies, pour en récolter des résultats souvent en-dessous de la moyenne, si ce n’est pas pour essuyer un échec parfois presque total ; les consacrés, privé d’enfants pour l’amour du Royaume, qui se dévouent dans des internats et dans différentes institutions éducatives, sans pour autant jouir en tout temps du plaisir de la réussite.
Que devons-nous tirer de tout cela ? – Nous souvenir de cette parole de
Saint Vincent de Paul : avant de te mettre à faire du bien, réfléchis et vois si tu as le courage de supporter l’ingratitude. Quand donc tu as tout donné ; quand tu t’es donné entièrement, et que résultat ne s’ensuit pas ; quand, au bout du rouleau, tu te dis : “ça suffit, on arrête !” alors, alors, pense au Maître de la vigne dans la parabole de ce jour.