Homélie dimanche 25 mars – Quand la vie donnée d’un officier de police permet de mieux comprendre le sens de la vie donnée de Jésus.

Quand la vie donnée d’un officier de police permet de mieux comprendre le sens de la vie donnée de Jésus.

Rassurez-vous, comme l’évangile a été long, l’homélie sera courte ! Mardi, vous en avez sûrement entendu parler, non seulement c’était le printemps, mais c’était aussi la journée de la francophonie et c’est bien vrai, comme le chante Yves Duteil, que c’est une langue belle, la langue de chez nous ! Tenez par exemple, aujourd’hui la liturgie a donné un très beau titre à ce dimanche. Nous, nous disons « dimanche des Rameaux », mais le titre exacte, c’est : dimanche des Rameaux et de la passion.

En français, justement, le mot passion est un mot dont le sens est très riche. Bien sûr, de par son origine, autant latine que grecque, il évoque la souffrance et plutôt une souffrance subie. C’est pourquoi on a donné à ce récit de l’évangile que nous venons de lire le titre de passion de Jésus. Ce récit, en effet, nous rapporte les souffrances endurées par Jésus et je vous invite vraiment, si vous le pouvez, au cours de cette semaine sainte à revoir le film de Mel Gibson « la passion du Christ. » C’est vrai que ce film est très dur mais la passion de Jésus a été très dure, les souffrances qu’il a endurées, tant physiques que morales, n’ont pas été juste un mauvais moment à passer.

Mais le mot « passion », en français, il a aussi une signification plus joyeuse et c’est pour cela qu’elle est belle notre langue, elle sait admirablement bien associer les contraires pour déployer une richesse de significations capable d’inspirer même une homélie ! Du coup, on comprend aussi qu’elle soit difficile à apprendre et on ne peut qu’être admiratif devant les efforts déployés par nos amis irakiens et tant d’autres étrangers installés chez nous depuis plus ou moins longtemps pour la maitriser. En français, le mot passion, est aussi un qualificatif de l’amour : aimer avec passion, c’est aimer à la folie. Je crois que c’est aussi en raison de ce sens qu’on a donné à ce texte d’évangile le titre de passion. Dans ce récit, nous voyons que Jésus nous a aimés avec passion. D’ailleurs, je vous avoue que, lorsque je regarde le film de Mel Gibson, je suis toujours très ému et pourquoi ne pas le dire, habituellement, je pleure en voyant les insupportables souffrances infligées à Jésus, je pleure en répétant sans cesse ces mots inspirés de St Paul : Jésus, tu m’as aimé jusque là et tu t’es livré pour moi ! C’est pas possible que ton amour pour moi aille jusque là !

Oui, on a entendu le récit d’une partie des souffrances endurées par Jésus. Mais pour en comprendre la portée, il est bon de nous rappeler une parole de St Paul particulièrement d’actualité en cette fête des Rameaux et particulièrement cette année : « Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. » Je dis que cette parole est vraiment d’actualité parce qu’elle évoque le sacrifice de ce gendarme qui s’est proposé de remplacer les otages pris par le terroriste. Il a donné sa vie pour sauver ces personnes et nous sommes tous impressionnés devant la grandeur de ce geste. C’est exactement ce que Jésus avait fait en son temps : il est mort pour nous, il a donné sa vie pour nous. Et en plus, pour Jésus, il y avait ce côté dramatique, il a donné sa vie pour ceux qui l’ont condamné. Le jour de l’entrée triomphale à Jérusalem, tout le monde criait : Hosanna, reconnaissant en Jésus Dieu qui venait sauver son peuple. Et quelques jours après, les mêmes gens criaient : à mort, crucifie-le !

Jésus aurait pu dire : ça ne vaut pas la peine de sauver des gens qui sont si inconstants. Mais ce n’est pas ce qu’il a dit, ce n’est pas ce qu’il a fait. Jusqu’au bout, il restera fidèle à sa mission, même si c’est au prix d’horribles souffrances physiques et morales. Vous l’avez entendu, l’évangile de Marc nous fait entendre ce cri terrible : mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? Jésus est allé jusque là, il a accepté d’expérimenter cette nuit de la foi pour accompagner et réconforter tous ceux qui ont l’impression que le ciel est devenu vide, que Dieu ne répond pas à leurs cris de souffrance.

Oui, vraiment, ce dimanche, en recevant le titre de dimanche de la passion est bien nommé : il nous rappelle les souffrances endurées par Jésus qui a voulu nous aimer avec passion, jusqu’au bout, qui a voulu donner sa vie parce que son cœur est dévoré d’un amour passionné pour les hommes, pour tous les hommes. Le sacrifice de ce gendarme, le lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME, rappelant le sacrifice de St Maximilien Kolbe nous permet de comprendre avec encore plus de force le sacrifice de Jésus. N’hésitons pas, tout au long des jours de cette semaine sainte, à reprendre ce cri d’émerveillement ému : Seigneur, tu m’as aimé jusque là ! Ta passion pour moi ne peut que m’inviter à t’aimer et à aimer les autres avec passion.

Je n’ai pas de peine à imaginer que chaque matin, cette femme, qui a eu la vie sauve grâce au don de sa vie qu’a fait ce gendarme, chaque matin, elle aura une pensée pour lui en se disant : si je suis vivante, c’est grâce à lui …. et il est bien possible que plusieurs fois par jour, en serrant un enfant dans ses bras, en accueillant tel ou tel cadeau de la vie, elle se tourne, en pensées, vers lui pour le remercier secrètement. Cette attitude pourrait nous inspirer des marques de reconnaissance un peu plus fréquentes à l’égard de Jésus qui a, lui aussi et de quelle manière, donner sa vie pour nous !

Père Roger Hébert