Homélie du dimanche 27 mai 2018 : Ah comme le monde serait beau s’il devenait un vaste champ de tournesols !

Ah comme le monde serait beau s’il devenait un vaste champ de tournesols !
Pour comprendre, évidemment, il faut lire !
Bonne semaine !

Dimanche dernier, nous avons célébré la Pentecôte, le don de l’Esprit-Saint. J’aime bien cette fonction que Jésus attribue au St Esprit dans l’évangile de St Jean : il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. J’élargis volontiers la déclaration de Jésus en disant que l’Esprit-Saint agit au niveau de notre mémoire. Pour nous préparer à la fête de Pentecôte, il y avait, samedi dernier, à Montréal-La Cluse une rencontre organisée par les groupes de prière. L’après-midi, le père Mustapha de la communauté du Chemin Neuf est intervenu. C’est un musulman converti et devenu prêtre, itinéraire pas banal ! Je n’étais pas là pour l’écouter, mais je l’ai déjà entendu et j’aime bien quand il dit que lorsqu’il est en prière et qu’il pense à quelqu’un, il ne considère jamais cette pensée comme une distraction qu’il faut chasser au plus vite ; lui, il considère plutôt que c’est une motion du St Esprit qui l’invite bien sûr à prier pour cette personne et même à prendre de ses nouvelles le plus vite possible. Voilà le St Esprit qui agit au niveau de notre mémoire, mais plutôt la mémoire du cœur puisqu’il fait remonter à notre mémoire, des visages, des noms de personnes dont il serait plus ou moins urgent de s’occuper.

Personnellement, je bénéficie très régulièrement de cette action du St Esprit agissant sur la mémoire. Vous avez remarqué que j’aime bien commencer mes homélies par une petite histoire. Quand je lis l’Évangile et le médite pour préparer mon homélie, je lui demande de m’inspirer et c’est lui qui se met à faire des connexions en moi pour que remonte en moi une histoire que j’ai vécue, que j’ai vue, que j’ai lue. Et quand cette histoire est montée dans mon cœur, le reste de l’homélie se fait très vite ! Mais tant que l’Esprit-Saint ne m’a pas inspiré le début, je ne peux rien écrire et si jamais j’essaie de le devancer, je me rends compte que rien n’est limpide !

Aujourd’hui, il faut parler de la Trinité et ce n’est jamais très évident ! Alors, l’Esprit-Saint a encore fait son œuvre, d’abord dans le cœur du père René-Luc, un prêtre que je connais un peu et qui développe une belle comparaison tirée des Pères de l’Eglise donc il a agi sur sa mémoire, à lui aussi pour qu’il se rappelle un cours du séminaire ! Et il a agi sur moi en m’inspirant de regarder cette vidéo sur Facebook dans laquelle il développe cette comparaison. Je vais m’en inspirer assez librement en reprenant l’idée que pour parler de la Trinité, on peut le faire simplement à partir du soleil. Maintenant, vous connaissez cet adage qui dit que comparaison n’est pas raison … c’est vrai toutes les images ont leur limite et celle-là n’échappe pas à la règle ! Mais gardons les enseignements très concrets que nous pouvons en tirer sur ce grand mystère de la sainte Trinité.

Le Père, c’est donc le soleil ; en gros, on peut dire qu’il n’est pas possible de le voir. Vous le savez bien, il n’est pas possible de fixer le soleil tellement il vous éblouit. Quand il y a une éclipse, on entend toutes ces recommandations pour ne pas regarder le soleil sans protections très efficaces. Eh bien, Dieu, le Père, on ne peut pas le voir. Et cette comparaison avec le soleil est très instructive à propos du Père. En effet, nous venons de passer des jours et des jours sans voir le soleil mais ce n’est pas parce que nous ne le voyons pas qu’il n’existe pas ! Et heureusement car si le soleil cessait d’exister, nous serions immédiatement plongés dans des températures d’un froid inimaginable. Sans la soleil, il n’y a pas de vie possible.

Ainsi en va-t-il avec Dieu, ce n’est pas parce que nous ne le voyons pas qu’il n’existe pas et si nous nous en éloignons, nous le constatons : notre cœur se refroidit dangereusement. Poursuivons notre comparaison avec le soleil en essayant de voir ce qu’elle nous permet de comprendre encore de Dieu, le Père. Nous le savons, le soleil est un astre extrêmement complexe, les scientifiques ne cessent de trouver de nouveaux éléments sachant que plus ils cherchent et plus ils comprennent qu’ils ne savent encore pas grand chose ! Ainsi en est-il de Dieu que personne ne pourra jamais prétendre connaître ou maîtriser qui nous dépassera toujours, qui nous étonnera toujours. Je rappelle ce que j’ai dit toute comparaison a ses limites, aujourd’hui les scientifiques ont établi qu’il existe d’autres soleils dans notre galaxie alors que nous, nous en sommes convaincus, il n’y a pas d’autre Dieu !

Si nous gardons l’image du soleil, alors il n’est pas difficile de parler de Jésus en le désignant comme le rayon de soleil. Le soleil, on ne peut pas le voir, mais ses rayons viennent nous toucher. Voilà qui est Jésus, c’est Celui que le Père a envoyé pour venir parmi nous et toucher nos cœurs. Et vous connaissez sûrement ces deux circonstances dans lesquelles on voit le mieux les rayons du soleil. Quand le ciel est nuageux, parfois on assiste à spectacle extraordinaire : on voit les rayons passer à travers les nuages pour tomber sur la terre. Ou encore, dans une salle où il y a de la poussière en suspension, quand il y a du soleil, on voit très bien les rayons passer à travers une fenêtre et pénétrer dans la salle. Ainsi en va-t-il pour Jésus qui est particulièrement présent quand il y a des nuages dans nos vies et quand il y a de la poussière et des saletés. N’a-t-il pas dit qu’il était venu non pas pour appeler les justes mais les pécheurs ? Jésus comme rayon de soleil, j’aime bien ça car vous savez il arrive que, lorsqu’on visite une personne en difficulté, elle nous dise : ta visite, ta présence aura été mon rayon de soleil de la journée ! Ainsi en va-t-il de la présence de Jésus dans nos cœurs : il est vraiment, et en toute circonstance, notre rayon de soleil !

Vous sentez bien qu’on pourrait enrichir encore beaucoup plus que je ne viens de le faire cette comparaison entre le soleil et le Père et Jésus, mais il faut que j’ai aussi du temps pour parler du Saint Esprit ! Dans cette ligne-là, peut-être l’avez-vous deviné, le St Esprit, on peut dire que c’est la lumière ou la chaleur du soleil qui viennent à nous. La lumière, la chaleur, vous ne les voyez pas, mais vous les ressentez et c’est surtout quand vous en êtes privés que vous vous rendez compte à quel point le soleil a une action bienfaisante ! Le St Esprit, on ne le voit pas non plus, mais c’est Lui qui nous permet de ressentir l’action bienfaisante de Dieu dans nos vies. Et quand nous ne le laissons plus habiter nos cœurs, alors nous constatons que nos décisions sont moins lumineuses, que nos relations, nos paroles sont moins chaleureuses.

Pour conclure, je vais me faire l’interprète des désirs de Dieu, je crois que le plus grand rêve de Dieu, c’est que le monde devienne un vaste champ de tournesols. Vous savez ces plantes, pour mieux fleurir et porter plus de fruits, elles ont la capacité de tourner pour ne rien manquer de l’action bienfaisante du soleil. Qu’il en soit ainsi pour chacun de nous vis à vis de Dieu, que nous soyons toujours à la recherche de la meilleure exposition à Dieu Trinité, Dieu soleil de nos vies, pour ne rien gaspiller de son action bienveillante à notre égard.

Père Roger Hébert