Homélie du dimanche 28/10/2018: l’aveugle de Jéricho: un modèle de foi.

Méditation / Textes : Jr 31, 7-9; Ps 32; Hb 5,1– 6; Mc 10,46 – 52

En saluant, dans l’évangile, Jésus comme le fils de David, l’aveugle de Jéricho acclame en lui le Messie. Si Jésus le guérit, c’est pour récompenser sa foi, mais aussi pour confirmer que les temps du Messie sont arrivés, ces temps qui, plus encore que le retour de l’exil, verraient accourir vers Jérusalem « l’aveugle et le boiteux », selon la prophétie de Jérémie que nous avons lue dans la première lecture.

Quant à la deuxième lecture, la lettre aux hébreux contient un long exposé sur le sacerdoce du Christ : Fils de Dieu et frère des hommes, Jésus est auprès de Dieu le prêtre de toute l’humanité.

Cela dit, essayons d’approfondir notre méditation sur l’évangile.

L’Evangile de Marc n’a que seize (16) chapitres, et pourtant on y compte dix-sept (17) narrations de miracles comprenant des guérisons, des exorcismes, voire un rappel à la vie. Le récit, qui nous est proposé, en ce jour, déroule, devant nos yeux émerveillés, la scène émouvante d’une rencontre inattendue entre Jésus et un aveugle, aux portes de la ville de Jéricho, située à une trentaine de kilomètres de Jérusalem. Il s’agit d’un cheminement exemplaire qui pourrait nous inspirer.

Derrière l’histoire de Bartimée, en effet, racontée avec une vivacité toute particulière, saint Marc trace, à l’intention de sa communauté chrétienne, l’itinéraire de la foi qui se présente essentiellement comme un passage des ténèbres à la lumière.

A ce titre, l’aveugle de Jéricho devient pour chacun de nous un modèle de foi.

Son cheminement intérieur est exprimé par quelques attitudes fondamentales que l’on retrouve dans toute démarche sérieuse de la foi. Examinons-les brièvement.

Reconnaître. Cet homme marginalisé, assis au bord du chemin pour mendier son pain quotidien, reconnaît, dans le prophète qui passe, le Messie attendu par le peuple d’Israël. Il l’appelle ” Fils de David ” titre solennel qui rappelle la promesse faite au Roi David (2 S 7, 12-16). Dans sa nuit profonde, Bartimée réussit à voir en Jésus le Sauveur annoncé.

Crier. La foi est également un cri de supplication confiante lancée vers Dieu du fond de notre détresse. Bartimée n’hésite pas un seul instant. Saisissant la chance unique de sa vie, il lance vers le Christ un appel à l’aide : “Aie pitié de moi”.

Persévérer. La foule bruyante qui accompagne le Christ essaie de taire cette voix importune, estimant qu’il était inconvenant qu’un mendiant puisse solliciter le Maître. Mais l’aveugle sait bien à qui il s’adresse ; c’est pourquoi sa supplication se fait encore plus insistante. Personne n’a pu étouffer son cri, jailli du plus profond de sa misère.

Bondir. On est surpris par le geste inattendu de Bartimée qui bondit comme s’il n’était plus aveugle. Son empressement est admirable. L’Evangile ne nous dit pas combien de fois il a trébuché dans sa marche tâtonnante vers le Christ. On peut cependant deviner qu’il a dû heurter la foule, mais l’essentiel nt était-il pas d’arriver jusqu’au Maître ? La foi donne une nouvelle énergie, et parfois des ailes.

Se libérer. Afin d’aller plus vite vers le Christ, Bartimée jette son manteau, l’unique bien qu’il a pour se couvrir et se protéger. Spontanément il abandonne tout pour aller vers Jésus. La foi exige souvent que nous nous libérions de tout ce qui ralentit notre marche ; car pour suivre Jésus, il importe d’être léger.

Supplier. A la question apparemment inutile de Jésus : ” Que veux-tu que je fasse pour toi ? ” il répond humblement : ” Rabbouni, que je voie”. Que pouvait-il demander d’autre ? Jésus ne le savait-il donc pas ? Certes, Dieu connaît nos besoins, mais il respecte notre liberté et veut que nous les présentions avec foi. Même lorsqu’il accorde ses grâces, Dieu ne force jamais.

Suivre. Il était assis au bord du chemin, les yeux plongés dans la nuit. Le voici qui marche à présent à la suite du Christ. Il entre dans la Ville Sainte avec la foule qui l’acclame. Il devient un disciple, appelé à communiquer sa foi. Bien plus, Bartimée peut se réjouir d’être l’un des rares disciples à avoir bénéficié à la fois de la guérison physique et de l’illumination intérieure. Désormais il voit non seulement avec ses yeux de chair, mais aussi avec ceux de sa foi.

Chers amis, fidèles de Jésus-Christ, faisons de la demande de Bartimée notre prière de ce jour : “Seigneur, fais que je voie”. AMEN.