Avez-vous déjà été dans cette situation : vous ne retrouvez plus un de vos enfants !? Si ça vous est arrivé, vous comprendrez mieux ce que Dieu peut ressentir !
Bon dimanche et bonne semaine
Roger
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3, 16-1
Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Il y a quelques années déjà, j’étais parti en vacances, au bord de la mer, avec un de mes frères, ses filles, mes nièces étaient encore bien petites. Un matin, une grande opération courses et ménage avait été déclenchée. Je vous avoue que ça ne me faisait pas hurler de joie de participer à l’une ou l’autre de ces opérations ! C’est alors que l’une de mes nièces, âgée de 5 ans environ, insiste fortement en disant qu’elle veut aller se baigner avec son tonton. Ma belle-sœur a jugé qu’elle serait plus tranquille si elle n’avait pas ses 3 filles avec elle et me demande si je suis d’accord pour l’accompagner à la plage … évidemment, j’étais d’accord ! Nous partons, je me baigne et je m’amuse avec ma nièce et au bout d’un moment, elle me dit qu’elle a envie de jouer dans le sable. Je sors le livre que j’avais amené et jette un œil de temps en temps pour voir ce que faisait ma nièce. Et je ne sais pas ce qui s’est passé, le livre a dû devenir captivant, mais je suis resté 5 bonnes minutes sans lever la tête. Quand je le fais, stupeur, ma nièce a disparu !
Je laisse mon livre et me met à courir à droite, à gauche, en l’appelant, mais aucune réponse. Je demande à des gens proches de nous s’ils ne l’avaient pas vu, ils me répondent qu’ils l’ont vu entrer dans l’eau avec son arrosoir. J’étais décomposé, j’avance dans l’eau, je cherche encore, je sors sur la plage en ne sachant plus que faire. C’est alors qu’un maitre nageur arrive en portant dans ses bras ma nièce en pleurs. Il me dit : quand je vous ai vu courir comme un fou, j’ai tout de suite pensé que cette petite fille qui s’était perdue était à vous ! Quel soulagement, j’en pleurais de joie et couvrait ma nièce de bisous !
Alors, vous comprenez, ça me parle beaucoup quand je lis dans l’Évangile : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas. » Quand nous nous perdons, Dieu est, encore plus que moi, pris d’une inquiétude folle, il nous aime tellement que jamais il ne dira : un de perdu, 10 de retrouvés ! Non, pour lui, chacun est unique, alors quand nous nous perdons, ça lui retourne le cœur ! Et, reconnaissons-le, nous nous perdons souvent, nous nous égarons régulièrement. Tous ces égarements portent un nom en langage chrétien, c’est le péché. Alors je peux expliciter la phrase de l’Évangile que je citais en utilisant ces mots : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique, pour que personne ne reste définitivement égaré, perdu dans son péché. »
Quel amour de la part de Dieu vis à vis de chacun d’entre nous. Son amour à notre égard est encore bien plus fort que mon amour pour ma nièce. Parce que, elle, j’ai su le fin mot de l’histoire, comme elle était très curieuse, en sortant de l’eau avec son arrosoir, elle regardait des enfants qui chahutaient et son regard était tellement fixé sur eux qu’elle avait fini par les suivre. Elle n’avait donc rien fait de mal, du coup, je n’avais aucun mérite à la serrer dans mes bras. Dieu, pour lui, c’est tout autre chose ! Quand nous nous égarons, c’est que nous avons choisi de faire le mal ou au moins de ne pas faire le bien qui est à notre portée. Il pourrait donc légitimement nous dire : qui sème le vent, récolte la tempête ! Tu t’es perdu, tu en baves eh bien, ça te servira de leçon, la prochaine fois, tu ne recommenceras pas !
Mais ce n’est pas de cette manière que Dieu réagit quand nous sommes perdus à cause de notre péché. Je dirai même que c’est impensable que Dieu puisse réagir de la sorte. Vous avez entendu : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » Et pourquoi Dieu réagit-il de cette manière ? Oh c’est tout simple, c’est parce que l’amour, c’est son ADN. Vous avez entendu dans la 1° lecture, Dieu révèle son nom à Moïse, il lui dit : « Je suis le Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité. » Si après ça, nous ne comprenons pas que Dieu est amour, c’est que nous sommes vraiment bouchés ! Je reprends l’énumération des qualificatifs qui composent le nom de Dieu : Tendre, miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et d’un amour totalement vrai.
Parmi tous ces mots, il y en a qui résonne de manière toute particulière à nos oreilles, c’est celui de miséricordieux. Le pape François a voulu offrir à l’Eglise, l’année dernière, une année de la miséricorde pour que nous comprenions mieux de quel amour nous sommes aimés. Jusque là, quand j’entendais le mot « miséricorde » j’aimais bien dire que ce mot compliqué signifie que Dieu nous lance une corde pour nous tirer de notre misère. J’avais lu cette définition quelque part et ça m’avait beaucoup plu. Mais au cours de cette année, en lisant, réfléchissant, je me suis rendu compte que la miséricorde, c’était encore bien mieux. Parce que c’est bien beau que Dieu nous lance une corde quand on est perdu au fond du trou à cause de notre péché, mais on risque de ne pas pouvoir la prendre, de ne pas avoir assez de force pour s’accrocher et se laisser remonter. Non, l’amour miséricordieux de Dieu est bien plus fort et bien plus délicat que cela. Quand on est perdu, au fond du trou, à cause de nos égarements, ile ne nous lance pas une corde, il envoie son Fils Jésus. Un peu comme les spéléologues qui font un sauvetage. Ils ne lancent pas une corde, ils envoient l’un d’entre eux qui va charger sur lui le blessé et le remonter. C’est de cette manière que Dieu agit et nous l’avons entendu dans la 1° lecture : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas. »
La Trinité que nous fêtons aujourd’hui, c’est cela ! Souvent les théologiens font de grands développements très savants sur ce mystère de la Trinité, ils sont capables d’écrire d’énormes livres sur le sujet, mais en fait c’est très simple. Dire que Dieu est Trinité, c’est dire qu’il est amour. St Augustin qui était très intelligent a donné une définition très simple de la Trinité qui est une belle illustration de tout ce que je viens de dire. Il explique : le Père, c’est Celui qui aime ; le Fils, c’est Celui qui est aimé et qui rend tout l’amour qu’il reçoit et le Saint Esprit, c’est précisément l’amour.
Le Père, c’est Celui qui aime, je n’en dis pas plus, c’est simple et j’ai déjà assez insisté sur ce point. Le Fils, c’est Celui qui est aimé et qui rend tout l’amour qu’il reçoit. Sa manière à Jésus de rendre l’amour que Dieu lui donne, c’est d’accepter la mission de venir sauver les hommes, c’est le spéléologue qui descend au fond des trous dans lesquels sont tombés les hommes pour les ramener. Le Saint Esprit, c’est l’amour, oui parce que, quand il nous a remonté du trou, il ne nous dit pas : maintenant débrouille-toi pour ne pas recommencer ! Il nous donne le Saint Esprit, il nous inonde d’amour pour que nous ne soyons pas trop vite tentés de retomber dans un trou. Ça, vraiment on peut le dire : il est beau, il est grand le mystère de la Foi !
Père Roger Hébert