La Bible, le meilleur « vaccin » pour l’Eglise contre les maladies spirituelles

« Prions et faisons de sorte que la Bible ne reste pas dans la bibliothèque parmi les nombreux livres …, mais parcourt les rues du monde et atteint où les gens habitent », a invité le pape François. « Bible et vie, a-t-il dit : engageons-nous à embrasser ces deux mots afin que l’un ne se retrouve jamais sans l’autre. » Il souligne que la Bible est un « vaccin » pour l’Eglise contre les maladies spirituelles.

Le pape a en effet reçu en audience les participants au Congrès international organisé par la Fédération biblique catholique (FBC) à l’occasion du 50e anniversaire de la fondation, sur le thème : « Bible et vie: l’inspiration biblique de toute la vie pastorale et de la mission de l’Église – Expériences et défis ». Le congrès a eu lieu à Rome du 24 au 26 avril.

La Fédération a été inaugurée par saint Paul VI le 16 avril 1969. Parmi les intervenants du congrès, présents à l’audience pontificale, le cardinal Luis Antonio Tagle, président de la fédération, et cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens.

 

Card. Tagle, président de la Fédération biblique catholique © Vatican Media

Dans son discours, le pape a invité les fidèles à « prier », selon « une expression de l’apôtre Paul », qui écrit : ‘Pour le reste, frères, priez’. « Comme lui, a dit le pape, je vous demande également de prier. Mais saint Paul précise le motif de la prière : ‘pour que la parole du Seigneur puisse s’exécuter’ (2 Th 3: 3) ».

« La Bible, a rappelé le pape, n’est pas une belle collection de livres sacrés à étudier, c’est la Parole de vie à semer, cadeau que le Ressuscité demande à recevoir et à distribuer. »

Dans l’Église, a-t-il poursuivi, « la Parole est une injection de vie irremplaçable ». C’est pour cette raison, a expliqué le pape, « les homélies sont fondamentales ». La prédication « n’est pas un exercice de rhétorique ni même un ensemble de notions humaines sages » : « c’est un partage de l’Esprit (voir 1 Co 2 : 4) de la Parole divine qui a touché le cœur du prédicateur, qui communique cette chaleur, cette onction ».

Il serait bon, a dit aussi le pape François, « que la Parole de Dieu devienne ‘le cœur de toute activité ecclésiale’ (Evangelii gaudium, 174) ; le cœur qui bat, qui vivifie les membres du corps ».

La Parole, a-t-il ajouté, « mène à la vie de Pâques: comme une graine qui meurt donne la vie, comme des raisins qui donnent du vin à la presse, comme des olives qui donnent de l’huile après être passées au moulin ». « Ainsi, provoquant des dons radicaux de la vie, la Parole vivifie. »

L’Église qui se nourrit de la Parole, a souligné le pape, « vit pour proclamer la Parole » : « Nous descendons dans les rues du monde …, parce que ce sont les lieux de l’annonce. »

La Bible est le « meilleur vaccin contre la fermeture et la conservation de soi », a affirmé le pape. « C’est la Parole de Dieu, pas la nôtre, et cela nous éloigne du centre, nous préservant de l’autosuffisance et du triomphalisme, nous appelant constamment à sortir de nous-mêmes, a-t-il souligné. La Parole de Dieu possède une force centrifuge, pas une force centripète : elle ne fait pas reculer, mais pousse vers l’extérieur, vers ceux qui n’ont pas encore atteint. Elle n’assure pas un confort chaud, car c’est le feu et le vent : c’est l’Esprit qui enflamme le cœur et fait basculer les horizons en les dilatant avec sa créativité. »

« Je souhaite que vous soyez de bons porteurs de la Parole, a dit le pape aux participants, avec le même enthousiasme que nous lisons ces jours-ci dans les histoires de Pâques, où tout le monde court : les femmes, Pierre, Jean, les deux [disciples] d’Emmaüs … Ils courent pour rencontrer et annoncer la Parole vivante. »

 

Fédération biblique catholique © Vatican Media

« La liberté religieuse pour le bien de tous », nouveau document de la Commission théologique internationale

La proclamation de Jésus-Christ implique la promotion de la liberté de religion

AVRIL 26, 2019 21:48 ANITA BOURDINROME

« La proclamation de l’Évangile de Jésus-Christ implique la défense et la promotion de la liberté de religion »: « La liberté religieuse pour le bien de tous. Approche théologique des défis contemporains », ce nouveau document de la Commission théologique internationale (CTI) du Vatican est présenté dans L’Osservatore Romano en italien des 26-27 avril 2019, par le secrétaire général de la CTI, le p. Serge-Thomas Bonino et par Javier Maria Prades Lopez, de l’Université San Damaso (Madrid).

Le document dénonce « les situations de persécution violente de la religion, qui sont malheureusement fréquentes et graves, même de nos jours, notamment en ce qui concerne la foi chrétienne », fait observer ce dernier.

Un document en sept chapitres

« L’Église, qui revendique la liberté de religion pour les croyants de toutes les religions dans les limites d’un ordre public juste et s’engage dans le dialogue interreligieux, entend contribuer au bien de la coexistence pacifique entre les nations et entre les différentes composantes de chacune d’elles », explique notamment le p. Bonino.

Le dominicain français ajoute : « La proclamation de l’Évangile de Jésus-Christ, le Sauveur unique de tous les hommes, implique la défense et la promotion de la liberté de religion de tous, condition de la possibilité d’une religion authentique. »

Le théologien espagnol pour sa part explique le un « double objectif » du document : « premièrement, proposer une mise à jour raisonnée de la réception de Dignitatis humanae. Deuxièmement, expliquer les raisons de la bonne intégration – anthropologique et politique – entre le cas personnel et le cas communautaire de la liberté de religion « (n. 12).

Il indique le plan du document composé de sept chapitres : « le document commence par rappeler l’enseignement de la déclaration conciliaire et sa réception par le magistère et la théologie après le Concile Vatican II (chapitre 2).

Ensuite, dans un aperçu synthétique des principes, avant tout anthropologiques, de la compréhension chrétienne de la liberté de religion, il reflète la liberté de religion de la personne d’abord saisie dans sa dimension individuelle (chapitre 3)

et donc dans sa dimension communautaire, soulignant entre autres la valeur des communautés religieuses en tant que corps intermédiaires de la vie sociale (chapitre 4).

Les deux aspects sont inséparables dans la réalité ; cependant, étant donné que l’enracinement de la liberté religieuse dans la condition personnelle de l’être humain indique le fondement ultime de sa dignité inaliénable, il semble utile de procéder dans cet ordre. Par la suite, la liberté de religion à l’égard de l’État est examinée et quelques éclaircissements sont proposés concernant les contradictions relevées dans l’idéologie qui considère l’État comme neutre sur le plan religieux, éthique et axiologique (chapitre 5).

Dans les derniers chapitres, le document met l’accent sur la contribution de la liberté religieuse à la coexistence et à la paix sociale (chapitre 6), avant de souligner la place centrale de la liberté religieuse dans la mission de l’Église aujourd’hui (chapitre 7) (voir n. 11). ) ».

Il rappelle que le fondement de la liberté religieuse est « la dignité de la personne », et il rappelle que divers documents de la CTI sont relatifs à ce fondement : conception de la personne, droits de l’homme, liberté et liberté de conscience, le bien commun, les relations entre religion (foi), éthique et État, entre religion et violence, etc.

Cinquante ans d’évolution

Où est la nouveauté ? Il répond : « La nouveauté réside dans l’objectif principal du document. Il ne voulait pas être un texte académique sur les nombreux aspects du débat sur la liberté religieuse, mais plutôt la proposition d’une approche théologique et herméneutique des principaux changements culturels, sociaux, politiques et religieux qui, après 50 ans de la clôture du Concile du Vatican II, un examen approfondi des raisons ultimes de la déclaration conciliaire sur la liberté de religion est nécessaire de toute urgence. »

« Il reflète donc, explique le théologien, l’évolution du contexte religieux dans la seconde moitié du XXe siècle, en tenant compte à la fois de la permanence du fait religieux dans le monde et de l’explication donnée dans les théories de la laïcisation. »

Il fait observer l’évolution qui s’est produite: « Aujourd’hui, pour la CTI, il semble approprié de parler de liberté de religion parce que le phénomène religieux a une importance significative dans la culture mondiale, d’une manière différente de celle à laquelle on pouvait s’attendre dans les années soixante du siècle dernier. En particulier, du moins en ce qui concerne certaines traditions religieuses, il témoigne de la vitalité de la dimension communautaire de la religion et de l’importance sociale de la question de la vérité. »

Il ajoute une deuxième série de constatations: « L’évolution de la culture politique libérale vers la liberté religieuse au cours des cinquante dernières années est très significative ; il était donc nécessaire de rendre compte à la fois de l’évolution au sens individualiste et subjectiviste des droits de l’homme et de l’étendue de la prétendue « neutralité » de l’État. Le document soutient toutefois une vision positive du rôle légitime de l’État en tant que tel dans la vie de la communauté sociale et politique. »

Troisième élément :« Nous avons essayé de souligner la clarté de la conscience ecclésiale actuelle face à toute tentation d’hégémonie ou d’instrumentalisation du pouvoir politique, même si c’était au service de la religion. On soutient que le témoignage intégral de « la foi qui agit pour la charité » – de manière personnelle ou associée – constitue le chemin adéquat pour la propagation de l’Évangile dans le monde pluriel d’aujourd’hui. On souligne la nécessité d’une collaboration positive entre la dimension religieuse et la dimension politique dans la vie publique, en évitant toute confusion ou opposition. C’est peut-être aujourd’hui – malgré les différences géographiques et historiques évidentes – dans une situation plus proche de celle de la première proclamation de l’Évangile dans les cultures non chrétiennes que de celle des situations dites de « chrétienté ». »

Les persécutions et la violence au nom de Dieu

Le document est aussi un instrument de discernement : « Cette conscience ecclésiale approfondie nous permet d’avoir un critère raisonnable pour examiner les traditions religieuses et pour discuter des ambiguïtés de la prétendue neutralité de la culture politique libérale. Un critère de jugement est donc proposé non seulement pour les relations avec les États – un domaine de réflexion classique sur la liberté de religion – mais également pour le dialogue interreligieux. En ce sens, nous reconnaissons que l’évolution de la conscience ecclésiale articule l’horizon approprié de Dignitatis humanae et celui de Nostra aetate. »

Le document dénonce, ajoute-t-il, « les situations de persécution violente de la religion, qui sont malheureusement fréquentes et graves, même de nos jours, notamment en ce qui concerne la foi chrétienne ».

Il dénonce également « toutes les violences commises au nom de Dieu », à la fois « contre une culture particulière » et « contre toute religion ».

« Le martyre chrétien se présente comme le cas suprême du témoignage de la foi et, en même temps, comme un témoignage non violent de la liberté de religion pour le bien de tous », explique encore le théologien.

Le document met aussi en relation le respect de la liberté religieuse et la promotion du bien commun : « La conscience est renforcée que l’horizon adéquat de la liberté religieuse est le service du bien commun de la société, la croissance d’une coexistence dans la justice pour tous, au service de l’humanité dans un monde global et interdépendant, et non pas le privilège éventuel de groupes religieux. C’est une dimension fondamentale de la mission de l’Église aujourd’hui. »

Il achève sur la liberté religieuse, chantée par Péguy dans Le mystère des saints innocents : « Le document valorise le lien entre la liberté religieuse, en tant que condition inhérente à la dignité de chaque personne, et la liberté de l’acte de foi chrétienne en tant que réponse à la révélation divine. Dieu ne veut forcer personne mais attendre et vouloir la réponse libre de tous. »