Message Père Roger : journal de mission n°3 au Burundi

Nous sommes dimanche après-midi 8 octobre vers 16h, je prends le temps de vous rejoindre à mon retour de mission dans deux grands séminaires du pays … après une sieste réparatrice, comme il s’impose en Afrique !

Je vous avais laissé la semaine dernière au moment où je devais aller passer le dimanche matin à la communauté du Chemin Neuf.

Ce fut une belle rencontre, retrouvailles chaleureuses avec le père Petr que j’avais très bien connu quand il était à l’abbaye des Dombes. Il est aujourd’hui le curé de cette paroisse St Jean-Baptiste confiée à la communauté du Chemin Neuf. Il ne parle pas le Kirundi, la langue locale, mais comme il est secondé par le père Adonis qui est un Burundais que j’avis, lui aussi, connu à l’abbaye des Dombes, il arrive à s’en sortir. C’est vrai qu’apprendre cette langue représente un très gros investissement … et puis, il y en a quand même beaucoup qui comprennent le français, tous ceux qui ont fait des études l’ont appris.

J’ai eu la joie de rencontrer le père François Michon, nouveau « berger » de la communauté du Chemin Neuf qui est le successeur de Laurent Fabre. François est de notre diocèse. Je ne l’avais pas revu depuis un bon moment, heureusement qu’il y a le Burundi pour permettre ces rencontres ! C’est lui qui a présidé la messe qui n’était pas la messe paroissiale, mais une messe pour la communauté du Chemin Neuf (une dizaine de membres résidents) et tous ceux qui sont associés à leur mission ce qui devait faire environ 200 personnes. Messe très chaleureuse avec beaucoup de louange. François m’a demandé de dire un mot à la fin de la messe … évidemment, j’ai parlé du curé d’Ars puisque je suis là avec lui !

Ils m’ont proposé de partager le repas avec eux, mais je n’ai pas voulu pour laisser leur communauté profiter pleinement de la présence de François.

L’après-midi, après la sieste, un temps de détente : baignade au lac Tanganyka ! Je ne sais pas ce qu’il en est des africains en général, en tout cas, les burundais ne sont pas de grands amateurs de la baignade. Donatien, un membre du Foyer m’accompagne, c’est l’un des 3 hommes laïcs du Foyer … il serait impensable qu’une sœur du Foyer puisse me voir en maillot de bain ! La plage de sable (pas trop fin mais brûlant !) est immense : des kilomètres. Quand je commence à aller dans l’eau (on y rentre très facilement tellement l’eau est bonne, ni trop chaude, ni trop froide) Donatien me rappelle, un des policiers chargé de la surveillance (sécurité pas maître nageur, il n’y en a pas !) vient de lui dire qu’il y a deux heures on a vu un hippopotame dans les parages. Je vais voir le policier, je parle avec lui et il me dit que si je ne vais pas trop au large, je peux continuer à me baigner, il promet de rester dans les parages pour nous prévenir s’il voit quelque chose ! Donatien hésite vraiment à venir, il fait juste trempette au bord, manifestement il n’est pas rassuré. On m’avait expliqué que les hippopotames pouvaient être très méchants quand on était dans ce qu’ils estimaient être leur domaine. Il paraît que des nageurs ont été coupés en deux par un seul coup de gueule et, en plus, ils sont très rapides. Légende ou réalité ? Moi, ça ne me décourage pas, il fait tellement chaud que je ne résiste pas à l’appel de l’eau … sans aller trop loin ! L’eau est bonne, tout à la fois propre et sale ! En elle-même, elle est propre, mais il y a des tas de cochonneries en surface : bouteilles plastic, bidons, bouchons … En allant un peu plus au large, il y en a moins, je le fais tout en restant raisonnable pour ne pas croiser l’ami qui pourrait ne pas apprécier ma présence sur son territoire. Et puis le policier est toujours là qui veille. Je pense que le plus inquiet, c’est Donatien ! Au bout d’un moment, après avoir bien profité, je sors pour rassurer Donatien. Pour me sécher, je marche un moment sur le sable, ça me fait beaucoup de bien, particulièrement pour ma cheville encore un peu douloureuse. Il y a quelques tables et fauteuils avec des serveurs qui prennent les commandes et vont chercher les boissons à 100 mètres environ. Nous commandons, je prends un cocktail de jus de fruits frais (moins d’1 euro !) mais une heure après nous ne sommes toujours pas servis … c’est l’Afrique, alors nous partons. Il faut, en effet, que je me prépare pour la 2° retraite qui va commencer à 19h30 par le repas.

Les retraitants sont à peu près le même nombre que pour la première : autour de 50 même s’il en manque encore pas mal le 1° soir. Les retardataires n’arriveront que tard dans la soirée. C’est donc reparti !

Je peux dire que j’ai gardé le même enthousiasme pour la 2° retraite que pour la 1°. Je sens que le groupe est un peu plus difficile. A la première retraite, c’étaient essentiellement des prêtres du diocèse de Bujumbura, je crois qu’il n’y en avait que deux qui étaient d’autres diocèses. Tous ou presque étaient venus, il y deux ans, quand j’avais prêché la retraite, des liens avaient dû se créer. Là, il y a plusieurs diocèses qui sont représentés avec des prêtres qui se connaissent mais qui ont peu d’occasions de se voir, alors le silence est plus difficile ! Et puis, il y a quelques jeunes prêtres, plus dissipés, qui se mettent au fond du lieu où je donne les conférences et qui parlent souvent entre eux et je ne suis pas sûr que ça soit toujours des commentaires sur ce que je suis en train de dire ! Globalement, ça se passe bien, même si je sens une implication moins grande, mais peut-être suis-je trop focalisé sur les 3 ou 4 que je sens moins impliqué ! Du coup, à la fin de la retraite, le jeudi soir, je n’ose pas proposer le temps de partage où, ceux qui le souhaitent, pourraient partager aux autres les grâces reçues. Ai-je manqué de foi pour oser le proposer quand même ? C’est possible ! D’autant plus que le prêtre, curé de la cathédrale, que l’archevêque a chargé de dire un mot pour me remercier est extrêmement positif et fait un résumé brillant de ce qu’il a gardé des enseignements. Ainsi donc, il y aura quand même eu un partage, mais avec un seul qui s’est exprimé !

L’archevêque a été présent assez régulièrement aux enseignements et à l’Eucharistie qu’il présidait, mais c’est moi qui prêchais. Dès que je sors une petite blague, il rigole de bon cœur et c’est un vrai bonheur de le voir rire … d’autant plus que je sais qu’il ne rigole pas tous les jours ! J’en aurai la confirmation au cours du repas du vendredi midi où le silence est levé … bien sûr je suis placé à côté de lui et j’en profite pour lui poser bien des questions ! Il sera encore présent à la dernière retraite, c’est pour cela qu’il n’a pas souhaité me remercier lui-même, il le fera à la fin de la dernière retraite. Il me touche beaucoup, les 2 ou 3 fois où il n’a pas pu participer aux enseignements parce qu’il avait des rendez-vous importants, il vient le dire avant et s’excuse de ne pouvoir être là !

A la fin du repas, j’ai un bon échange avec le prêtre qui m’a adressé le remerciement, il est donc curé de la cathédrale. Il m’a remercié pour ce que je lui avais dit, il y a deux ans, quand il était venu me rencontrer. Evidemment, moi, je ne me souvenais même plus de l’avoir rencontré ! C’est comme ça avec le Seigneur, il agit à travers nous sans que nous ne nous en rendions compte ! Ce prêtre avait donné son témoignage lors de la messe de clôture du jubilé du Renouveau le 1° samedi où j’étais là. Il avait expliqué comment il avait été profondément renouvelé dans son ministère grâce à la rencontre du Renouveau et à l’effusion du Saint Esprit … nous avions donc bien des points en commun ! Il aimerait vraiment que je puisse venir présider une messe à la cathédrale, je ne sais pas si mon programme le permettra. La prochaine fois, peut-être !

Sieste après le départ des prêtres et départ pour aller à nouveau à la paroisse confiée au Chemin Neuf. Un des laïcs de cette paroisse fait partie d’une communauté de base dont le patron est St J.M. Vianney. Il était venu, dans la semaine, voir le père Amand au Foyer pour le supplier de me faire venir dans leur petite communauté avec la relique du cœur du curé d’Ars. J’avais dit que j’étais d’accord, la seule possibilité c’était vendredi en fin d’après-midi. Il en avait parlé à son curé, le père Petr qui avait été bien d’accord, mais qui lui a dit : s’il vient avec la relique, ça ne sera pas uniquement pour votre communauté de base, mais pour toute la paroisse et ça se passera dans l’église et pas dans votre petite chapelle. Ainsi fut fait ! Deux membres du Foyer m’accompagnent pour vivre avec moi ce temps, elles sont vraiment extraordinaires de disponibilité.

Le père Petr est très heureux, il me dit : dimanche dernier, j’avais tellement envie de te le demander, mais quand tu nous as expliqué ton programme, je n’ai pas osé ! Heureusement qu’il y a des laïcs audacieux et tenaces ! Je suis heureux de pouvoir parler dans cette église toute neuve qui avait été consacrée par l’archevêque le samedi précédent. Je n’avais pu la voir que de l’extérieur le dimanche précédent car la messe paroissiale était célébrée pendant que nous célébrions avec les membres de la communauté dans une chapelle. Je suis d’autant plus heureux que nous avions fait un petit partage financier au niveau de la paroisse de Bellegarde pour les aider dans ce projet de construction. Ils n’avaient pas eu le temps de faire une grande publicité pour ce temps, il n’y avait donc que 400 personnes ! Chez nous, on n’en a pas autant quand on fait beaucoup de publicité ! Je fais une présentation rapide de la vie du curé d’Ars qui est traduite par le président du Conseil Pastoral. Nous sommes dans la paroisse St Jean-Baptiste et je leur explique que, au jour de sa confirmation, Jean-Marie Vianney a ajouté Baptiste à son prénom pour s’appeler Jean-Baptiste-Marie Vianney. On l’appelle Jean-Marie pour faire bref, mais lui, il signera toute sa vie : Jean-Baptiste-Marie Vianney. Alors évidemment, les gens sont très touchés. Je leur explique à nouveau le truc du virus : quand on approche de quelqu’un qui a la grippe, il nous refile son virus, quand on s’approche d’un saint, il nous refile son virus, celui de la sainteté ! Les gens rient beaucoup et applaudissent à tout rompre. Du coup, quand il leur est proposé de s’approcher de la relique pour demander, par l’intercession de St Jean-Marie Vianney, d’être contaminés par le virus de la sainteté, je peux vous dire qu’ils viennent !

Au bout d’un moment, c’est l’heure de la messe, moi, j’ai déjà célébré, donc je dis au père Petr que je vais aller prier le bréviaire au fond de l’église. Je n’ai pas pu en dire un mot ! En effet, sans le savoir, je m’installe là où les prêtres confessent habituellement. Dès que les gens me voient, immédiatement, une file se forme de gens qui me demandent de les confesser. Je vais confesser pendant une heure et beaucoup de jeunes ! Je me rappelais qu’un prêtre m’avait dit : ici quand tu te mets à confesser, tu as tout de suite des centaines de personnes qui veulent recevoir le pardon. Le drame, c’est qu’on ne peut pas passer beaucoup de temps avec chacun. Je ne sais pas combien de personnes j’ai pu confesser en une heure … j’essaie d’aller vite, même si je prends quand même le temps de dire un mot personnel à chacun.
Evidemment, ceux qui sont venus se sont confessés en français. Au bout d’une heure, le père Petr vient et il me dit : je vais te libérer parce que, ici, tu pourrais y passer toute la nuit ! Quand j’arrête, avant de rentrer au Foyer, j’ai la joie de pouvoir discuter un moment avec le père Adonis que je n’avais vu que de loin ! Je lui transmets le bonjour de personnes qui avaient été marquées par son passage dans l’une ou l’autre paroisse où il était passé et qui m’avaient envoyé des messages.

Retour au Foyer, repas et repos de la nuit … courte puisque le petit déjeuner a été fixé à 6h pour pouvoir aller visiter, avec la relique, deux des 4 grands séminaires du pays. Diane, la responsable du Foyer m’accompagne pour cette mission. Je suis tellement heureux qu’elle soit revenue au Foyer. Je l’avais vu au cours de mon épopée au Rwanda, elle est Rwandaise et se trouvait au pays car elle venait de perdre un de ses frères, 48 ans. Et là-bas, pendant 15 jours les gens passent à la maison du défunt pour présenter leurs condoléances. Il faut offrir à boire, à manger, elle était donc restée pour aider sa belle-sœur. Diane est vraiment une femme exceptionnelle ! Quand elle est arrivée au Foyer de Bujumbura, il n’y avait que 3 « sœurs » (en fait, elles restent laïques consacrées) et le père du Foyer qui, depuis est devenu évêque d’un diocèse voisin et qui sera remplacé par le père Amand. Mais les trois sœurs qui étaient là avant elle venaient d’un autre Foyer de charité du Burundi, elles étaient venues pou faire cette fondation. Diane aura été la 1° vocation du Foyer, la 1° à s’engager sans venir d’un autre Foyer. Elle st d’une disponibilité exemplaire, toujours souriante, sa présence est apaisante ! Je suis vraiment heureux qu’elle vienne avec moi, je sais qu’elle veillera discrètement à ce que tout se passe bien et que je ne manque de rien … un véritable ange gardien ! Au moment où j’écris ces lignes, elle m’apporte un ventilateur, le bonheur !

Deux prêtres vont nous conduire au séminaire Jean-Paul II de Gitega à 2 heures de Bujumbura. Ils vont à un mariage dans la région, ils pouvaient donc faire le taxi ! C’est un jeune prêtre qui conduit, sa voiture est bien confortable, une Toyota, comme la plupart des voitures ici qui a déjà des kilomètres, mais ce n’est pas de la basse gamme ! Il roule très vite car nous avons pris un peu de retard et nous sommes attendus pour 9h. Je me demande toujours comment il n’y a pas 10 morts à chaque voyage ! Tout le long de la route, il y a des gens qui marchent à pieds qui vont vendre ou acheter. Il y a des vélos avec des chargements invraisemblables, comme il y a beaucoup de montées (le pays est très vallonné ) le sport national pour eux, c’est de trouver un camion et de s’accrocher derrière, ils peuvent être une dizaine à s’accrocher directement ou les uns à la suite des autres. Ils prennent tous les gaz d’échappement, alors pour mieux respirer, ils s’écartent un peu et c’est là qu’avec les voitures qui viennent en face, on se demande comment ça passe ! Ils conduisent tous au clackson pour prévenir piétons et cyclistes de se serrer … et ils ont intérêt de le faire car les voitures ne ralentissent pas ! Même pas dans la traversée des villages où ça grouille de monde ! Mais c’est un miracle permanent, personne ne se fait accrocher … ils m’expliquent quand même que lorsque ça arrive, c’est la mort assuré pour le piéton ou cycliste. Au cours de notre voyage, il n’y aura qu’un coq qui a eu la mauvaise idée de traverser devant nous qui y laissera sa peau !

Nous arrivons au séminaire Jean-Paul II à 9h05 : un exploit, mais j’ai bien prié ! Je reconnais quand même que le jeune prêtre au volent était vraiment bon ! Nous avons bien parlé tous les 4 le long de la route. Les deux prêtres étaient à la 1° retraite et ont beaucoup apprécié, ils croyaient connaître la vie du curé d’Ars mais se sont rendus compte que, finalement, ils ne la connaissaient pas tellement !
Au séminaire, je fais une conférence que j’ai préparée dans la semaine pour présenter en 1heure 15 un résumé de la vie du curé d’Ars. Il y a 145 séminaristes « internes » et une quarantaine de religieux qui viennent se former avec les séminaristes. Hélas, il n’y a que 3 prêtres professeurs car un confrère fête ses 25 ans d’ordination et ils sont allés l’entourer, ce que je comprends bien et ça sera la même chose l’après-midi dans l’autres grand séminaire. L’auditoire est très attentif, ils posent de bonnes questions, rient volontiers aux anecdotes que je raconte. Après la conférence, il y a un temps de vénération de la relique … toujours avec l’histoire du virus !

Repas avec deux pères du séminaire, l’un d’entre eux avait plus de 80 ans, je me rappelais bien de lui, je l’avais vu il y a deux ans. Il est très touché que je me souvienne de lui. Au séminaire nous a rejoint l’abbé Audace qui est un jeune prof de l’autre séminaire où nous devons aller après le repas. Je l’avais bien connu, il y a deux ans, c’est vraiment un très bon Père. Je lui avais dit, il y a deux ans qu’il portait le même nom que le 1° évêque de notre diocèse, Audax en 412 !

Après le repas, pas de sieste, on part pour l’autre séminaire à Kiryama (prononcer Kilgama !) 2 heures de route et quelles routes … et là, on va vraiment dans l’intérieur du pays. Il vaut mieux ne pas avoir mal au dos pour faire ce genre de voyage ! Heureusement le père Audace a un 4×4 assez vieux, mais indispensable sur ce genre de routes : nids de poules, routes défoncées puis plus de goudron du tout et là ça devient, à certains endroits, très sportif !

Nous arrivons à 16h, non pas au séminaire, mais au Foyer de Charité qui vient d’être fondé. Il y a deux ans, j’avais rencontré le père Emmanuel, un assez jeune prêtre, chargé de cette fondation. En attendant la construction d’un bâtiment sur un terrain que le diocèse a acheté, le diocèse a trouvé une maison, à 200 mètres du séminaire, qui lui a été prêtée gratuitement pour 15 ans. Le marché, c’est que le propriétaire bénéficiera de tous les travaux qui ont été faits … je crois qu’il ne sera pas perdant ! Comme pour toutes les fondations de Foyer, les autres Foyers ont proposé à leurs membres qui voulaient aider à cette fondation, de rejoindre cette nouvelle communauté : 3 membres sont venues entourer le père Emmanuel et il y a déjà eu 4 nouvelles vocations en quelques mois ! C’est une magnifique petite communauté qui a commencé à prêcher des retraites, ils n’ont que 12 chambres, donc, pendant les retraites, ils laissent leurs chambres aux retraitants et eux, ils dorment dehors ou tous dans la même pièce ! Je suis vraiment émerveillé par une telle foi ! Ils ont prévenu les personnes qui sont devenues amies de ce nouveau Foyer de la venue de la relique. Une cinquantaine de personnes sont là, dans la petite chapelle et dehors, je fais une petite présentation de la vie du curé d’Ars et vénération de la relique toujours pour attraper le virus de la sainteté ! J’ai intérêt à bien me rappeler la fable de La Fontaine sur l’âne qui portait les reliques (cf. ci-dessous) parce que je reçois un tel accueil dans les lieux où je vais que je pourrais finir par me croire important !

Nous partons pour le séminaire, les séminaristes sont tous regroupés devant la porte d’entrée et ils font une haie d’honneur à la relique … et à l’âne qui la porte ! Nous commençons pas la vénération, ce qui n’est pas génial, c’est mieux de le faire après la conférence parce que la démarche devient plus parlante. Mais comme la conférence aura lieu à 20h30, ça ne sera pas possible après.

Après le temps de vénération, chapelet et office de vêpres … et je n’ai toujours pas célébré la messe, le père Audace non plus ! Nous célébrons donc ensemble, une belle fraternité nous unit. Quand nous finissons, il est 20h15, juste le temps de prendre un bol de soupe … eh oui, malgré la chaleur on mange de la soupe tous les soirs ! Mais, là, à Kiryama, on est en altitude et il fait frais : quel bonheur de ne pas transpirer ! La nuit, on supporte deux couvertures, génial !

Conférence à 20h30 qui commence à 20h45 ! Les profs sont en train d’arriver du jubilé de leur confrère, je commence et ils vont arriver de manière assez échelonnée, demandant qu’on aille leur chercher une chaise devant pour se mettre derrière, un peu perturbant pour le conférencier ! Je sens l’auditoire moins impliqué … c’est 20h30, fin de journée, j’imagine que certains attendent d’aller se coucher ! Il y a quand même quelques questions et, comme le veut la tradition, un petit discours de merci du « doyen » des séminaristes qui fait une très belle intervention.

Coucher vers 23h mais, comme j’ai bu un thé assez fort vers 17h30, je ne peux pas dormir avant minuit trente ! Je suis réveillé à 5h du matin …. Pas fatigué ! On raconte que, dans les processions du Saint Sacrement, le curé d’Ars portait un très lourd ostensoir ; un jour quelqu’un lui demande s’il n’est pas fatigué, il répond : non, je porte Celui qui me porte ! Je fais cette expérience.

Célébration de la messe au Foyer de Charité à 7h30. Le père Emmanuel me demande de prêcher pour que sa jeune communauté puisse profiter encore un peu … évidemment, comme je n’avais pas été prévenu, je n’avais rien préparé ! Heureusement, mon insomnie m’avait donné du temps pour lire les textes ! Nous prenons le petit déjeuner avec eux et nous partons après avoir pris bien des photos. Touchante cette petite communauté !

Nous rentrons au Foyer deux bonnes heures de route dont ¾ heure de piste ! Ce voyage à l’intérieur du pays m’aura vraiment permis de découvrir l’Afrique telle qu’on peut l’imaginer : villages sans eau ni électricité, femmes qui lavent le linge dans de petites rivières, des enfants qui gardent deux vaches … ou une seule, d’autres qui ont trois chèvres ! C’est sûr que ce n’est pas l’opulence ! Mais on m’explique que les gens peuvent habiter dans de pauvres maisons et ne pas être si pauvres que cela. Certains paysans, en fonction des régions et de ce qu’ils cultivent peuvent réussir, même s’ils ne seront jamais très très riches. Les maisons sont un peu toutes les mêmes, construites en brique fabriquées sur place, petites, il doit y avoir deux pièces, trois dans les plus grandes. Nous voyons tout ce qu’il peut y avoir comme cultures : bananiers pour des bananes fruits ou légumes ou pour la bière (le plus fréquent), maïs mais sur 20 à 30 m2 et surtout pas pour les bêtes, manioque, pommes de terre, patates douces, thé, café ….

Un mot du temps. La semaine dernière, il fait très très chaud, une chaleur étouffante, même les burundais trouvaient que c’était pénible ! J’ai l’impression que c’est reparti pour le même temps pourtant il fait une bonne pluie cette après-midi mais 1/2 h après la chaleur revient de plus belle ! 4 douches par jour minimum et il faut se changer plusieurs fois dans la journée ! Je m’apprête à me coucher, chaleur écrasante, pas d’air, mais ce soir je vais avoir le ventilateur !
Et heureusement qu’il y a eu ce week-end en altitude. Je souriais de voir les séminaristes avec des polaires, doudounes alors qu’il faisait 18-20° ! Moi j’étais en chemisette et ça me convenait parfaitement ! Ils me demandaient tous si je n’avais pas froid !
Pour finir, un mot de ma santé. J’ai fini le traitement qui m’avait été donné lors de ma visite à l’hôpital. Ça va mieux, mais comme j’ai des intestins fragiles (on m’a enlevé 40 cm d’intestins il y a quelques années !) ce n’est pas évident, je fais pourtant très attention à ce que je bois et ce que je mange.

Voilà la retraite commence, il y avait 85 prêtres d’inscrits mais au repas du soir, il y en avait déjà 17 qui étaient là sans être inscrits ! C’est l’Afrique !

Merci de votre soutien dans la prière. Que le Seigneur soit béni pour toutes ces merveilles dont je suis témoin.

L’ÂNE PORTANT DES RELIQUES
Un Baudet chargé de reliques
S’imagina qu’on l’adorait.
Dans ce penser il se carrait,
Recevant comme siens l’encens et les cantiques.
Quelqu’un vit l’erreur, et lui dit :
Maître Baudet, ôtez-vous de l’esprit
Une vanité si folle.
Ce n’est pas vous, c’est l’idole,
A qui cet honneur se rend,
Et que la gloire en est due.
D’un magistrat ignorant
C’est la robe qu’on salue.