Pâques: « Ils ont fait mourir Jésus en le pendant au bois du supplice. Et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour. »

 Pâque de conversion et de repentir : « Ils ont fait mourir Jésus en le pendant au bois du supplice. Et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour. »

 

Croyant : Ô, grand Saint Pierre, Apôtre du Seigneur, n’est-ce pas là un de ces propos que toi et les tiens avez semés dans Jérusalem d’abord et dans le monde entier ensuite, ces propos qui trottent dans le cœur des hommes et des femmes, de génération en génération, depuis plus de deux mille ans ? Mais te rends-tu compte au moins de l’énormité de ce que tu rapportes là ? Une chose inédite dans l’histoire de l’humanité : depuis que le monde est monde et que la mort frappe les fils d’Adam, a-t-on jamais vu quelqu’un se vanter de la vaincre ?

Saint Pierre : Apôtre du Seigneur par la grâce de Dieu, premier parmi les égaux, je témoigne de ce que j’ai vu. De fait, quand j’ai commencé à le faire à Jérusalem, les chefs du peuple ont cherché à me museler. Ils ont suscité de faux témoins, des soldats qui, chargés de garder sa tombe, ont risqué leur carrière et leur vie en acceptant une forte somme d’argent pour faire courir le bruit que, pendant qu’ils dormaient, nous, ses disciples, sommes allés voler le corps de Jésus. Mais la vérité était trop éclatante : Jésus est ressuscité !

Croyant : Bienheureux Apôtre Pierre, puisque tu te dis témoin, tu dois pouvoir nous dire comment les choses se sont passées !

Saint Pierre : – Après la mise au tombeau de notre Maitre bien-aimé, nous sommes allés nous enfermer dans une maison par peur des Juifs. Mais à nous alerter, des femmes de notre groupe qui, au petit matin du troisième jour, sont allées au tombeau pour embaumer le corps de Jésus. À leur grand étonnement, elles virent que la lourde pierre d’entrée avait été dégagée et, intriguées, elles sont venues nous faire ce rapport : on a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. Jean et moi, au pas de course, nous nous sommes rendus au lieu. Choses étonnantes : tombeau vide, suaire plié et posé là. Il ne s’agissait donc pas de transfert de corps ! Autant aux femmes qu’à nous-mêmes, tout a été confirmé par la suite : le Ressuscité est apparu aux uns et aux autres, comme tu le lis dans les Évangiles. Jésus est vivant !

Croyant : Excuse-moi, Prince des Apôtres, les faux témoins que tu as évoqués ont reçu une forte somme d’argent pour témoigner contre toi. Et toi, combien as-tu reçu de Jésus pour répandre une telle rumeur dans la Ville Sainte ?

Saint Pierre : Pas un rond, mon cher ! Et mieux encore, j’étais prêt à tout donner et à donner ma vie pour soutenir cette évidence de ma foi !

Croyant : Est-ce alors pour cela que tu as été martyrisé ?

Saint Pierre : Non seulement moi, mais aussi tous ceux qui ont porté ce témoignage avec moi devant le monde. Sache aussi ceci en lisant les deux mille ans d’histoire du christianisme : un grand nombre de ceux qui ont accueilli notre témoignage l’ont porté à leur tour à d’autres, de génération en génération, et chaque génération a connu ses martyrs pour la cause de cette vérité : Jésus est ressuscité. Sache enfin que cette Bonne Nouvelle a allumé au cœur d’innombrables hommes et de femmes l’indéracinable espérance en la vie éternelle en Christ, Sauveur de l’homme et Vainqueur de la Mort. 

Croyant : L’espérance dont tu parles, ô Apôtre du Christ, en quoi consiste-t-elle pour l’homme qui, depuis Abel jusqu’à nos jours, reste irrémédiablement frappé par la Mort sous toutes les formes : vieillesse, accidents, meurtres, suicides, famines, guerres, cataclysmes et, aujourd’hui, pour ne rien gâter, nous voilà sous le joug d’une impitoyable pandémie. Que veut dire pour nous aujourd’hui que Christ soit ressuscité si nous mourons toujours en nombre croissant ?

Saint Pierre : Ô, homme de peu de foi comme je l’étais moi-même avant d’être témoin de la Mort et de la Résurrection du Christ ! Christ ne t’épargne pas de mourir dans ton corps, pas plus que son Père ne l’a épargné de mourir sur une croix. Mais reconstitue bien la séquence des événements : le péché de l’homme au Jardin d’Éden a attiré la Mort dans le sort de l’homme ; ce même péché de l’homme a fait clouer Jésus en croix. Or, Jésus, au lieu de nous prendre en inimitié pour ce que nous lui avons fait, a demandé et obtenu pour nous le pardon par sa mort : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23, 34). Si notre péché est pardonné, c’est que la Mort n’a plus de raison d’être, elle est détruite, l’amour a vaincu la haine, la vie a vaincu la mort. Jésus ressuscite donc pour toi. Sa Victoire, c’est un secret entre le Père et lui. Seulement, les deux s’entendent pour la mettre à ta disposition, en sorte que Jésus ne ressuscite pas pour accomplir un exploit personnel, mais il ressuscite pour toi pour qu’à ton tour, frappé par la mort, tu vives en Lui. Voilà la grande Espérance que Jésus apporte à tout homme, par-delà ses tribulations et même sa mort.

Croyant : Ô, Bienheureux Pierre, n’est-ce pas cette Victoire que l’humanité célèbre à Pâque ? Mais l’échec de célébrer Pâque cette année ne revient-il pas à un échec de cette Victoire et ne nous renvoie-t-il pas à la caisse de départ ?

Saint Pierre : Oui, cette année, Pâque se célébrera églises fermées et chrétiens confinés. Si c’est un échec, cela ne peut pas être un échec de Dieu, car Dieu a déjà joué sa part, et sa Résurrection, célébrée ou pas, demeure éternelle, et vos chants n’ajoutent rien à sa grandeur

Dans la circonstance, il revient donc à l’homme d’examiner sa conscience pour voir si le Seigneur n’a pas fait fermer les lieux saints parce que l’homme lui offre un culte indigne, l’homme qui, tout en l’adorant, a les mains entachées de sang, le cœur plein de haine et l’esprit bourré d’intrigues. Ce serait opportun de faire de cette fête une Pâque de conversion et de repentir. 

Mais quelle que soit la situation d’indignité où nous nous trouvons, c’est encore Christ Ressuscité qui peut nous sauver. Pour l’homme, il est incontournable en tant que vainqueur de la mort.

Ô homme, tu es un animal religieux. Adore donc le Dieu de ton choix, mais sache que si tu en adores qui ne soit pas vainqueur de la Mort, il ne mérite pas de toi un culte et tu perds ton temps à l’adorer.

Pourquoi donc laisser passer le moment où prend naissance notre espérance, non plus comme simple attente, mais comme certitude de foi que le salut du monde est déjà réalisé !

Bonne fête de Pâque vécue et célébrée autrement !